0% des Québécois pour l’Unité Nationale

Chaque année, mes amis du groupe l’Idée fédérale publient un sondage CROP pour tenter de démontrer que tout est, comme disait Shakespeare, honky-dory, dans le merveilleux monde du fédéralisme.

Chaque année, je me fais un malin plaisir de donner ma propre lecture de leur sondage. Devenu ministre, c’est un plaisir auquel je refuse de renoncer.

Les copains de l’idée fédérale veulent faire croire que leur sondage démontre que la souveraineté est en chute. Ils ont travaillé fort, dans le libellé des questions, pour y arriver.

Pourtant, à la question #3, ils demandent aux sondés quelle priorité leur gouvernement devrait donner à neuf thèmes, dont la croissance, l’éducation, la santé. 0% d’entre eux répondent que le gouvernement devrait promouvoir ‘l’unité nationale ». 0%. C’est peu.

Le sondage confirme aussi une tendance essentielle pour l’avenir: l’éloignement constant entre le Canada et le Québec.  39% des Québécois constatent cet éloignement et seulement 9% croient qu’il y a rapprochement. À force de s’éloigner, ne va-t-on pas finir par ne plus être dans le même État?

Légère montée de la souveraineté

Au sujet de l’appui à la souveraineté, et contrairement à ce qu’y ont vu des lecteurs rapides, le sondage note une légère inflexion à la hausse depuis l’élection.  Il a monté de 4 points de pourcentage. Ce n’est pas encore très élevé. Mais ça monte. Pourquoi laisser entendre le contraire ? Cette légère inflexion à la hausse est également visible sur plusieurs autres indicateurs.

Les auteurs demandent si le débat sur la souveraineté est dépassé. Les deux tiers disent oui. Dont acte. Mais s’ils avaient demandé si le débat sur le fédéralisme est dépassé, n’auraient-ils pas obtenu le même résultat ?

Mauvaises réponses, nouvelles questions

Lorsqu’on compare les sondages de l’Idée fédérale d’année en année, on se désole de la disparition de questions intéressantes.

Ainsi, l’Idée fédérale avait auparavant fait la démonstration de la montée de l’identité québécoise et de la chute de l’identité canadienne chez les Québécois, un précurseur de l’intention de vote souverainiste, comme nous l’avait appris l’excellent sondeur fédéraliste Maurice Pinard.

Est-ce parce que leurs résultats furent repris dans « Comment mettre la droite K-O » que l’Idée fédérale ne la pose plus ? Elle se replie sur une question beaucoup plus vague sur la « fierté ».

Même retrait stratégique sur la capacité du Québec de faire front, seul, à une crise économique. Une question disparue avait montré que 54% des Québécois estimaient qu’un Québec indépendant aurait fait mieux, ou aussi bien, qu’un Québec membre du Canada dans la crise économique de 2008-2009.

Craintifs, sans doute, de trouver le même résultat, l’Idée fédérale demande cette année si « dans le climat d’incertitude économique mondial » l’appartenance au Canada est un avantage ou un désavantage. Il y a encore 17% qui répondent « désavantage ». Mais si la question précédente avait été posée, on aurait pu comparer l’évolution de la pensée des Québécois.

Bref, le sondage annuel de l’Idée fédérale doit désormais être traité comme ce qu’il est devenu. Non un outil d’information, mais un outil de propagande.

À l’an prochain quand même…

Voir mes billets sur:
Le sondage 2011: Rapatriement de 81: 60% des Québécois rejettent la constitution
Le sondage 2010: 30 ans après : le Canada, « qu’ossa donne » ?

34 avis sur « 0% des Québécois pour l’Unité Nationale »

  1. L’unité nationale est une inaccessible étoile, au sens de Jacques Brel dans La quête, dans une foule de territoires à frontières établies, pays, multinationaux, comme la Suisse. Voyez la répartition territorialement des dernières élections présidentielles aux États-Unis. Tout ce que des Don Quichotte peuvent entreprendre pour y arriver ne servira qu’à s’en approcher comme Kimi Raikkonen d’un championnat de Formule 1. J’aurais peut-être dû écrire Jacques Villeneuve.

    La question de l’unité nationale se pose autant pour le Canada sans le Québec que pour un éventuel Québec voisin du Canada. Au Québec sans le Canada comme au Canada sans le Québec nous sommes en présence de territoires dont les peuples multinationaux sont originellement similaires : Premières Nations, Deuxième Nation, Troisième Nation, Suivantes Nations. Démographiquement, il faut inverser Deuxième et Troisième suivant l’un ou l’autre territoire. Pareille identité, autrement, autres majorités.

  2. Pas de souverainte sans autonomie économique Mettre la charrue en avant des boeufs cest rentrer dans le mur garanti.
    Je pense quon doivent avoir plus de partis politiques différents pour répondre aux différent groupes idéologique et bien sur PLUS dindépendant. Donc on aura un gouvernement a l’image des électeurs et non une majorité qui déplaira a la majorité de la population. Ça donne des décisions qui doivent plaire a plus de monde et déplaire aux inflexibles cantonnés dans leur visions qui veuelent limposer a la majorité. Le budget malgré les critiques reflete davantage lensemble des électeurs et cest souhaitable quil en soit toujours ainsi. Les partis aux pouvoir doivent mettre de leua dans leur vin et agir plus en fonction des votes des citoyens. Si vous aviez fait un budget en accord avec toutes les idéologies de votre parti cest claire que vous auriez ignoré le vote des électeurs. Harer dailleurs cest fait reprocher de ne pas tenir compte des attentes de ceux qui ont votés pour dautres partis. On doit gouverner pour lensemble de la population pas de maniere électoraliste. 2 morceaux de robot

  3. M. Lisée,

    Je trouve toujours vos analyses brillantes et rigoureuses. Je suis d’accord avec votre conclusion que le sondage de l’Idée Nationale est un outil de propagande : c’est bien dans leur intérêt!

    Par contre, peu importe comment on pose les questions, si les Québécois étaient en majorité consciemment et fermement pour la souveraineté, ils répondraient dans le sens que vous souhaitez. Mais malheureusement ce n’est pas le cas… Même si au fond de nombreux Québécois ont certaines valeurs souverainistes et une confiance en la réussite d’un Québec souverain, je pense que tout d’abord la majorité croit que ce n’est pas un sujet prioritaire actuellement… Le PQ a été élu et c’est bien, mais la marge de victoire est mince, et en comptant le nombre de personnes qui ont voté PQ en ne souhaitant pas l’indépendance, mais plutôt parce que c’était rendu immoral de voter pour le PLQ dans le contexte… On est loin d’une majorité souverainiste fervente! Attendons le momentum, il viendra!

  4. Comment préférer la corruption et le rapetissement des idées à l’autonomie d’un peuple ? Sur quel mythe les conservateurs font-ils reposer leur position ? Et sur quels chefs…

    Le Tea party est bien mort aux USA. Et le tour des conservateurs s’en vient au pays.

  5. Selon Pratte,Dubuc et d’autres fédéralistes la souveraineté est maintenant dépassé et n’est plus à l’ordre du jour.

    Pourtant ça semble beaucoup les énerver car ils en parlent presque autant que le PQ!

    Si vraiment c’était réglé il passerait à autre chose…

    Quand même dommage de sombrer dans la désinformation.

  6. Les sondages, pour moi, c’est comme les prévisions de la météo, c’est très changeant. Je me souviens de l’époque des porteurs d’eau. Est-ce que René Lévesque est parvenu a changer cela? Pas tellement.
    Il suffit de regarder la Commission Charbonneau pour reconnaitre que le rôle de nos grands cerveaux de la Ville de Montréal n’était pas tellement différent de ce qu’il fut jadis… encore des porteurs d’eau. Juste les coûts semblent avoir changé.
    Peut-être que votre génération et les suivantes seront différentes, je n’en sais rien encore. Je peux vous assurer cependant que pour la génération qui est la mienne, les couilles sont toujours là, mais pour le plus grand nombre, ellle ne servent plus à grand chose.

  7. Selon la propagande fédéraliste, «La question de la souveraineté est dépassée !»
    ou encore :«Personne ne parle plus de souveraineté. Il faut plutôt parler d’économie !»
    C’est vrai que la question de la « Souveraineté » devrait se transformer en question de «d’INDÉPENDANCE NATIONALE ! »
    C’est faux de dire que cette question est «dépassée» .
    Comment expliquer alors l’éclatement des fédérations en Europe (pas en Afrique ni en Asie, mais en Europe!) ?
    L’U.R.S.S., la YOUGOSLAVIE et la TCHÉCOSLOVAQUIE sont devenues
    autant de pays INDÉPENDANTS (SOUVERAINS) ?
    Faut-il que les fédéralistes québécois-canadiens soient déconnectés de la réalité contemporaine tout en soufrant d’aveuglement volontaire depuis les années 1990.
    Même actuellement, ne voient-ils pas les mouvements indépendantistes en croissance constante en Écosse, en Catalogne et au Pays Basque ?
    Mais aux yeux de nos « provincialistes confédéralistes canadiens » le Québec devrait demeurer pour toujours une PROVINCE de plus en plus minoritaire dans ce beau Canada anglophone, royaliste, militariste et pro-gaz-bitumineux !
    Non merci pour moi et pour les 49,4% de québécois courageux et visionnaires qui ont voté OUI en 1995 et qui ne se sont pas trompés, mais qui étaient dans l’air du temps.
    Non merci aussi, pour les milliers de jeunes qui n’avaient pu voter à l’époque mais qui s’identifient aujourd’hui davantage au Québec qu’au Canada qui fait la promotion d’une monarchie obsolète, d’interventions militaires dans les pays étrangers plutôt que d’interventions humanitaires, qui subventionne à coup de milliards de dollars l’exploitation des gaz bitumineux extrêmement polluant et l’extension des pipelines dans toutes les directions (USA, Colombie-Britannique et le Québec) plutôt que de respecter l’entente de Kyoto !!!
    Après 9 longues années d’ineptie libérale-fédéraliste-corrompue, il est grand temps de recommencer à parler et à réfléchir sérieusement sur notre avenir en tant que pays
    indépendant digne de notre nation québécoise !

  8. Aussi longtemps que notre indépendance politique ne sera pas réalisée nous allons perdre chaque année de 20 à 30 milliards de $$$ en non investissement au Québec et à cause de nos impôt détournés dans les commandites de bandits fédéralistes .
    Michel Guay

  9. La souveraineté: Une question de responsabilité et de dignité

    La souveraineté n’est pas une question de données comptables, mais de dignité et de respect envers un nous-mêmes collectif. Les Québécois formeront vraiment une nation quand ils auront individuellement et collectivement assez de dignité pour ne plus accepter de vivre en partie aux dépens des provinces mieux nanties du Canada et qu’ils décideront d’assumer la pleine responsabilité de la survie de leur société distincte en formant un pays souverain qui accepte de vivre en fonction et selon ses propres moyens. Moyens qui lui permettront de contrôler pleinement sa destinée en dépit des embûches rencontrées sur son parcours.

    À ceux qui disent que le projet de souveraineté est utopique et non viable en donnant comme raison que le Québec arrive à survivre grâce à un système de péréquation qui lui est des plus favorables et que pour cela nous devrions plutôt en être reconnaissants envers la confédération canadienne, je dois leur dire que c’est à la fois vrai, quoique en partie, mais que c’est aussi totalement honteux. Car, que le Québec soit un abonné chronique bénéficiaire de la péréquation, c’est comme si nous étions tous collectivement de redevables bénéficiaires de l’assistance sociale et que d’y être indifférents est une honte, mais aussi que de vouloir en faire le panégyrique l’est au centuple. En cela, nous avons la même attitude qu’une minorité de bénéficiaires du « BS » qui optent plutôt de vivre dans cet état de dépendance plutôt que de vouloir s’en sortir par eux-mêmes en assumant la pleine responsabilité de leur survie.

    Attention, ici, je dis bien pour une minorité car pour une large majorité de ces personnes (en bonne partie, des mères monoparentales), celles-ci n’ont d’autres recours que l’assistance sociale pour survivre, qu’elles s’y obligent à leur corps défendant et que la plupart serait bien heureuse et soulagée de pouvoir s’en passer.

    La perception de la nécessité d’avoir recours à la violence que certains indépendantistes des années 60 avaient pour penser arriver à leurs fins a été abandonnée (entre autres) quand René Lévesque a démontré que la voie de la démocratie était la seule façon non seulement possible, mais nécessaire pour y arriver.

    Cependant, qu’arriverait-il si le statuquo politique constitutionnel actuel devait perdurer et que le poids démographique des tenants de la souveraineté devait baisser à ce point où la masse critique nécessaire pour seulement espérer un référendum gagnant devenait impossible. Advenant donc que la voie de la démocratie ne devienne même plus une option, que resterait-il comme alternative à ce noyau de 30 à 35% de Québécois qui ne voudront jamais abandonner leur quête de faire du Québec un pays souverain.

    Car, comme certains fédéralistes lucides l’ont bien exprimé dernièrement, entre autres André Pratte et Jean Charest, il y aura toujours des Québécois pour qui l’indépendance demeurera une nécessité viscérale. Et à ceci, Pratte ajoute que le Québec et le ROC ont de moins en moins de valeurs communes.

    Donc, rien pour faire abandonner ces irréductibles. De plus, Charest, lui de son côté, dit que bien qu’il préfère l’état actuel des choses et bien qu’il croit qu’un Québec indépendant est tout à fait possible et viable.

    Quand arriverons-nous donc à ce point d’irréversibilité, où la réalisation du projet deviendra statistiquement démocratiquement impossible? Qu’elles en seraient les conséquences? Nul ne peut le prévoir, mais il nous serait grandement préférable de ne pas prendre le risque d’en arriver là. Le temps presse.

    Et puis, bien que minime, la part d’humanité que la société québécoise peut apporter au patrimoine mondial ne mérite-t-elle pas d’être préservée de la même manière que l’on tente de protéger toutes les espèces en voie de disparition. Sauver notre société distincte ou la Grenouille des marais, cela ne relève-t-il pas d’un même combat, d’un même idéal. *

    Aussi, ne devrions-nous pas cela à la mémoire de tous ceux et celles qui nous ont précédés et ce quelques soient leurs origines. À ceux qui ont su par leur courage faire du Québec ce qu’il est présentement et qui ont façonné tous ensemble cette société distincte dont nous avons le privilège de faire partie.

    Notre quête de souveraineté ne devrait pas vouloir se faire en réaction contre quelques entités que ce soient, gouvernement fédéral, ROC, méchants colonisateurs anglophones, fédéralistes ou autres. Ce discours est maintenant bien dépassé.

    D’ailleurs, dans le contexte constitutionnel actuel, il faut bien comprendre que si nous croyons que certaines des décisions prises par le gouvernement fédéral empêche le Québec de fonctionner entièrement selon sa volonté, disons-nous bien que les positions du Québec au niveau fédéral empêchent tout autant le ROC de fonctionner complètement selon ses propres valeurs.

    Dans un contexte de mondialisation et de globalisation, parler d’indépendance pure demeure une vue de l’esprit, c’est pourquoi je préfère toujours parler plutôt de souveraineté. De cette souveraineté nécessaire au peuple du Québec qui lui permettra, entre autres, de choisir librement ses propres interdépendances en fonction de ses intérêts. Créer un pays inclusif et tourner vers le monde plutôt que demeurer une petite société de province croyant toujours devoir se replier de plus en plus sur elle-même dans la crainte de disparaître.

    Pour moi, le choix de la souveraineté est avant tout une question de fierté, de dignité. Car une fois cette souveraineté acquise, je vois très bien, par exemple, les citoyens de la ville de Québec avoir encore une plus grande fierté grâce à une visibilité à l’échelle mondiale inhérente au statut de capitale d’un état souverain plutôt que celle restreinte d’une simple capitale d’une province parmi d’autres.

    Ou encore, j’y entrevois aussi très bien une Fête nationale où nos compatriotes anglophones pourraient s’exprimer sur nos scènes nationales dans leur langue sans que les francophones ne se sentent le moindrement menacés dans leur sécurité identitaire. Au Québec, même nos anglophones sont distincts de ceux du ROC. Ils font partie de la richesse de notre patrimoine collectif tout autant que les amérindiens et les nouveaux arrivants.

    Ensemble, tous nous faisons partie intégrante de l’essence même de ce que nous sommes aujourd’hui comme peuple.

    Bâtir un nouveau pays, c’est bien sûr « de la grosse ouvrage » et ce ne sera sans doute pas toujours facile. Cela vient avec les responsabilités, les choix à faire et leurs conséquences que nous nous devrons de pleinement assumer. Mais, bâtir un pays tout neuf, n’est-ce pas là un projet exaltant à qui sait en trouver la volonté, la détermination et le courage. N’est-ce pas là aussi un beau et grand défi à présenter comme tel à notre jeunesse.

    Certains diront, que ce projet ainsi présenté apparaît comme bien utopique, que la solution à notre dépendance actuelle se voudrait peut-être plutôt dans une réforme en profondeur de notre système économique, de notre administration publique. À ceux-là, on peut répondre que Reagan et Thatcher ont déjà contraint leurs pays respectifs à subir ce traitement draconien avec les résultats que l’on connaît. Que le gouvernement libéral actuel l’a d’ailleurs déjà tenté au début de son premier mandat et que devant une résistance farouche, il a vite fait d’abandonner. Et que même en l’appliquant, étant donné le contexte de l’économie mondiale actuelle qui n’est pas près de changer, que nous demeurerions encore et pour longtemps sous le joug de notre honteuse dépendance.

    Faire le choix de se maintenir dans le statuquo actuel est indigne et se maintenir dans cet état de dépendance, représente un déshonneur pour tous les Québécois. Et c’est de plus, choisir la voie de la paresse et de la facilité, ce qui ne peut que donner raison à tous ceux qui nous croient trop « pissous » pour prendre nos propres responsabilités en tant que peuple et d’en assumer les conséquences. Ce qui leur permet ainsi de nous traiter comme tels. Chose que nous ne manquons pas de mériter, car de seulement se restreindre à justifier cet état de fait, ne relève que du simple orgueil, sans plus. Pour se rendre invulnérable à tous points de vue, cela prendrait plutôt une bonne dose de fierté et un véritable sens de l’honneur tant individuel que collectif.

    D’autres disent que le projet de souveraineté est désuet, ou pire est passé de mode, comme si la dignité, le respect de soi, la volonté d’assumer ses propres responsabilités étaient une triviale question de mode passagère et éphémère.

    D’autres allèguent que ce n’est pas le temps, que le moment n’est pas propice. En fait, pour ceux-là, le moment ne sera jamais propice, tout simplement parce que leur tiède conviction ne repose pas sur des motifs essentiels de dignité.

    Et puis, il y a ceux, de ½ à 1% peut-être, pour qui l’idée même va à l’encontre de leurs intérêts. C’est-à-dire, les très grands groupes, holdings financiers ou criminalisés, les multi et supranationales, leurs dirigeants, leurs vassaux qui profitent de règles du jeu qui leurs permettent d’asseoir leur toute puissante oligarchie. Manipuler le politique à distance sans avoir à assumer quelques responsabilités que ce soient, contrôler les médias pour mieux dicter leurs volontés et protéger leurs intérêts sont les prérogatives que nous leur offrons par notre apathie. À tel point, que cela en est devenu leur apanage. Je ne dis pas que les grands holdings financiers ne sont pas plus ou moins nécessaires étant donnée la globalisation de l’économie mondiale, mais je dis qu’ils doivent être gardés sous contrôle et non l’inverse. D’ailleurs, cela devrait être vrai à peu près partout ailleurs sur la planète.

    Malheureusement, trop de Québécois sont tellement désabusés face à tout cela qu’ils ont cessés de croire en ce simulacre de démocratie à tel point qu’il sont prêts à brader leurs convictions pour emprunter la moindre nouvelle porte de sortie qui semble leur sourire sans même prendre la peine d’en évaluer l’issu. Si l’estime du soi est bonne et nécessaire pour le développement de tout individu, l’estime du nous devrait l’être tout autant pour toutes sociétés qui se respectent. Et c’est principalement là où le bât blesse le plus présentement, les Québécois ont la vive et amère perception qu’ils ont perdus tous pouvoirs de contrôler voire de seulement influencer les prises de décisions qui les concernent. Ils ont tout simplement perdu confiance en eux en tant que collectivité et par le fait même, ils ont perdu le respect de leurs institutions, de leurs dirigeants politiques et autres.

    Dans ces conditions, ils se tournent vers leur individualité, tentent d’aller chercher dans ce système un maximum pour eux-mêmes et eux seul puisque qu’il leur apparaît que c’est ce que tous font de toutes façons, que ce système est: « Au plus fort la poche ». Devant cette machine qu’ils croient irréversible, ils en sont venus à croire que leur société ne mérite plus leurs efforts puisqu’elle ne leur appartient plus, qu’ils n’en sont plus que de simples numéros. Comment voulez-vous être respectés par les autres quand nous ne nous respectons plus nous-mêmes en tant que collectivité.

    En fait, LA question à laquelle nous nous devons tous de répondre en tant qu’individu vivant sur le territoire du Québec est : « Est-ce que je veux assumer pleinement l’opprobre et le déshonneur de maintenir la société dont je fais partie, c’est-à-dire le Québec, dans un état de dépendance, ou est-ce que je veux plutôt assumer et partager pleinement la responsabilité de participer tant individuellement que collectivement à la mise en œuvre d’un nouveau pays que deviendra un Québec souverain. »

    N’est-ce pas là, une question fondamentale utile et la meilleure façon de présenter le projet de pays dans le contexte actuel? Car, tant que les indépendantistes convaincus et ce jusqu’au plus haut niveau, n’auront pas eux-mêmes le courage de présenter, de confronter l’ensemble des Québécois à faire face à cette dure réalité, ils tourneront en rond et leur projet restera un rêve inatteignable.

    Et si, malgré tout, le projet ainsi présenté n’arrivait pas à convaincre, là au moins, chacun des Québécois saurait à qui revient l’opprobre de leurs malheurs et de la disparition lente, mais inéluctable, de leur société distincte. C’est-à-dire, à eux-mêmes et à personne d’autre.

    Et c’est seulement le jour où nous tous Québécois choisirons d’assumer l’entière responsabilité de notre propre destinée qu’alors nous mériterons et pourrons revendiquer dans la dignité le statut d’être une véritable nation.

    Oui, mais comment articuler cette transition vers la souveraineté? Je dis, élaborons une démarche innovante pour que chacun et chacune se sentent concernés, soient partie prenante du projet. Préparons-nous à l’avance individuellement et collectivement à bien intégrer cette souveraineté souhaitée dans notre vie de tous les jours.

    Par exemple, que ce soit au niveau constitutionnel, parlementaire, judiciaire, social, financier, économique, éducation, santé, culture, environnement, sécurité, etc., que chacun de ses secteurs d’activités fassent appel à ses forces vives et apportent des propositions pour en arriver à une transition harmonieuse vers une pleine et entière souveraineté. Tout cela, pourrait être chapeauté par une nouvelle entité responsable d’en assurer la coordination. Entité, d’ailleurs, qui devrait être indépendante de tous partis politiques. Et pourquoi pas le faire en mode participatif en utilisant la voie des réseaux sociaux, à condition bien sûr que ce soit des plus sécuritaires et très bien structuré, encadré, supervisé.

    Et, au terme de ce processus, chacun, chacune devraient avoir reçu toute l’information nécessaire pour pouvoir se sentir pleinement impliqués, être prêts à consentir à un pacte d’engagement envers la réussite du projet de bâtir un Québec souverain, à en partager les responsabilités individuelles et collectives et à en assumer pleinement la destinée.

    Une fois la majorité acquise, il serait alors convenu de signifier au Canada et à l’ONU notre volonté de souveraineté.

    S’il est bien vrai que le Québec a besoin d’un projet rassembleur, en voici donc un beau: Le Plan pour un Québec souverain.

    Michel Brunet
    7 mai, 2011

    * «Les Québécois se sentiront-ils concernés si les Touaregs du Sahara perdent leur culture? Sans doute pas», répond l’anthropologue canadien Wade Davis, qui ajoute: «Pas plus, en tout cas, que la perte du Québec ne compterait pour les Touaregs. Mais pour moi, la perte de l’un ou l’autre de ces modes de vie concerne l’humanité.» http://www.ledevoir.com/culture/livres/326569/pour-ne-pas-disparaitre

    • Ne pensez-vous pas qu’augmenter la fierté des Québécois pourrait être un pré-requis, une prémisse à la souveraineté plutôt que l’inverse?

    • Je prendrais plutôt le problème à l’envers. Il faut dans un premier temps sensibiliser les Québécois à leur état de fait, c’est-à-dire que la nation est présentement dans un immense état de dépendance. Leur faire prendre conscience que par leur immobilisme ils choisissent de laisser à d’autres la responsabilité de leur survie et de leur avenir en tant que nation. Le choix se fait donc entre la honte de rester délibérément dans cet état d’irresponsabilité collective face à notre survie et notre avenir en tant que nation ou la fierté d’en assumer pleinement la responsabilité et ses conséquences tant individuellement que collectivement. (Déjà entendu quelque part: Ne vous demandez pas ce que la nation peut faire pour vous, mais bien ce que, vous, vous pouvez faire pour la nation.)

    • Vous avez raison, mais pour réveiller leur fierté, il faudrait peut-être auparavant choquer leur l’orgueil.

      D’abord, en les sensibilisant à l’état de fait que la nation est présentement dans un immense état de dépendance. Et de ce fait, faire prendre conscience que par leur immobilisme, ils choisissent de laisser à d’autres une grande part de la responsabilité de leur survie et de leur avenir en tant que nation.

      Le choix se fait donc entre la honte de rester délibérément dans cet état d’irresponsabilité collective face à notre survie et notre avenir en tant que nation ou la fierté d’en assumer pleinement la responsabilité et ses conséquences tant individuellement que collectivement.

      (Déjà entendu quelque part: Ne vous demandez pas ce que la nation peut faire pour vous, mais bien ce que, vous, vous pouvez faire pour la nation.)

  10. Toutes ces questions alambiquées pour ne pas poser une question référendaire claire « J’approuve le contenu des Actes constituants de l’État du Canada qui s’applique au territoire national du peuple souverain du Québec. OUI | NON. »

    Les canadianisateurs ne se sont jamais risqué à soumettre leur Constitution aux voix référendaires des Québécois,es parce qu’ils savent que ce serait NON. Leur État autoproclamé n’a pas l’appui des Québécois,es, mais il s’impose par défaut parce qu’il parvient à se soustraire au disposition de leur propre loi dite de la clarté. Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais… m’imposer sans OUI.

    Aucun État ne peut s’imposer sans OUI, sauf le mien. L’autorité démocratique suprême du peuple doit être respectée par tous les États à venir, sauf par moi, l’État présent. Le problème c’est qu’un État de déni démocratique ne peut pas indéfiniment s’imposer par-dessus la tête du peuple, ils le savent… ce pourquoi ils déploient tant d’énergie et de ressources pour continuer à faire croire, un jour à la fois, qu’une intoxication autocrate n’a aucune conséquence. On peut vaquer tout intoxiqué qu’on soit.

    Or quel que soit l’État qui s’impose ou se propose, en démocratie, c’est le peuple qui est Souverain, et puisqu’il veut vivre dans un État démocratique, il doit pouvoir approuver les Actes constituants de l’État qui s’impose à son territoire national. Aucun État ne peut s’imposer sans un clair OUI du peuple. Sans OUI, un État n’est juste pas démocratique. L’idée fédérale autocratique devra tôt ou tard faire place à l’idée démocratique. Fédéral ou souverain, l’État doit être démocratique.

    Le peuple souverain du Québec dispose des pleins pouvoirs et droits de VALIDER ou d’INVALIDER les Actes constituants de tous les États qui prétendent s’appliquer à son sol et sous-sol national du Québec. Suffit qu’on lui donne l’occasion de se prononcer par référendum pour ce faire, quel que soit l’État qui s’impose ou se propose. Ce peuple n’a pas dit OUI à l’État souverain, il ne peut s’appliquer. Ce peuple n’a pas dit OUI à l’État qui s’applique, il ne peut pas davantage s’appliquer. Ne lui reste qu’à lui donner la parole pour INVALIDER sur son territoire national du Québec, tout État qui n’a pas obtenu son clair OUI. La loi de la clarté peut s’appliquer à tous les États…

    • Je suis d’accord avec vous en théorie mais en pratique, l’Égalité des voix est difficile à réaliser, certains pouvant japper plus fort que d’autres, utiliser la peur et le mensonge pour retirer subtilement au Peuple québécois, le Droit à la Vraie Démocratie.

      Enfin, si les Québécoises avaient le désir d’enfant francophone plus grand, on aurait alors djeu de notre côté. (h.h.h.)

  11. Que les Québécois soient nationalistes c’est une chose, mais sont-ils vraiment souverainistes? I.e. Sont-t-ils vraiment emballés par le projet souverainiste porté par le PQ? Voilà la vraie question qu’un ministre péquiste devrait se poser. Si m. Lisée croit vraiment à son analyse des sondages, qu’il déclenche un référendum sur la question souverainiste et on pourra alors voir tout le sérieux de ce jeu intellectuel fantasque et puéril auquel il se prête à chaque année. Peut-être n’est-ce que cela les gestes de souveraineté nationale, des gestes stériles de bravades immatures.

    • Avant d’appeler un autre référendum, il faut faire ce qu’appelle un autre intervenant la pédagogie de la souveraineté. C’est, dans le contexte québécois, une étape hélas nécessaire après 300 ans d’aliénation. Donc, on ne «call» pas un référendum comme on «call» une «shot» sur une table de billard ! Désolé de vous décevoir et de décevoir les partisans de l’idée fédérale.

      P.S. : J’ai aucune difficulté à comprendre les motivations de ceux qui tirent les ficelles de l’idée fédérale. Mais, j’ai beaucoup de mal à comprendre les motivations des larbins qui les suivent. Est-ce par pure vénalité ? Peut-être pourriez-vous m’éclairer ?

  12. C’est à vomir. Insupportable de voir ainsi des Québécois s’avachir et se vassaliser à l’idée fédérale et qui y voit-on comme porte-parole : nul autre que le larbin en chef, André Pratte. Triste à mourir.

  13. Tout en ayant moi-même des réserves sur certaines des questions de ce sondage, je me dois de faire remarquer qu’il me semble évident que l’interprétation suivante est erronée.
    « Pourtant, à la question #3, ils demandent aux sondés quelle priorité leur gouvernement devrait donner à neuf thèmes, dont la croissance, l’éducation, la santé. 0% d’entre eux répondent que le gouvernement devrait promouvoir ‘l’unité nationale ». 0%. C’est peu. »
    En fait, cet élément n’a pas été proposé dans le cas du gouvernement du Québec de façon évidente; il a été proposé seulement pour le gouvernement du Canada (ce ne sont pas les mêmes éléments qui sont proposés pour les deux gouvernements étant donné qu’ils n’ont pas les mêmes rôles). 6% des répondants ont jugé que l’unité nationale devait être « LA » priorité du gouvernement fédéral.
    Au plaisir

    • Il te semble évident, chère Claire. Mais en as tu la certitude? Rien dans le rapport publié par CROP ne l’indique.
      jf

  14. Votre réaction à ce sondage, fait par des fédéralistes, est ce qu’on appelle faire la pédagogie de la souveraineté. C’est exactement ce qu’il faut faire pour convaincre davantage de Québécois d’adhérer à ce projet de pays. Bravo et continuez d’être un éclaireur tout en étant ministre.

  15. Avec tout le temps libre que vous semblez avoir, les choses doivent drôlement bien aller à Montréal….

    • M Lisée est un homme efficace. Un point c’est tout.

      C’est très souvent les gens très occupés qui font le plus de choses.

  16. Voici ce que j’ai envoyé aux miens:

     » Bonsoir.

    on s’est fait encore servir hier, comme une fois par année, ce sondage aussi sinistre que biaisé dans la formulation de ses questions que dans son interprétation, à l’antipode de tout esprit scientifique:

    http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/national/201211/14/01-4593824-sondage-la-souverainete-nest-pas-demandee.php

    Or voici la réponse, moins fouillée que les autres années, mais pas moins disqualifiante de J-F Lisée (un Ministre a moins le temps, mais en plus l’insipidité de ce sondage saute tellement aux yeux que de le critiquer lui donnerait de l’importance)):

    https://jflisee.org/0-des-quebecois-pour-lunite-nationale/

    Bonne lecture et distribution!

    Maude »

  17. Les fédéralistes, surtout évidemment le ROC, s’organiseront toujours pour contrôler l’information et donner raison à leurs sondages.

    • Oui, Mme Doucet

      Il y a un gros déséquilibre dans les médias québécois.

      Les souverainistes devraient commencer à comprendre que pour gagner ça prend des moyens efficaces de propagande comme les fédéralistes en possèdent.

      Tant que les souverainistes ne contrôleront pas une partie de l’information soit par une station de télé, radio ou des journaux, on ne pourra pas empêcher les journaux privés et les radios-poubelles de faire la job de bras aux souverainistes à longueur d’année.

      Il faut contrer le travail de sape continu des médias, inféodés au fédéralisme invasif et centralisateur, qui s’acharnent à rapetisser le Québec et à ralentir sa marche vers la souveraineté.

    • Votre analyse est absolument exacte surtout dans la région
      de Québec. Les radio poubelles démonisent la souveraineté, le syndicalisme et toutes les idées progressistes. Ce n’est pas un hasard si la région réagit de façon tellement différente du restant du Québec lors des élections . Cherchez un poste de radio où vous retrouvez une opinion sociale démocrate….néant…les génération X et Y se font laver le cerveau à coeur de jour

  18. Et qu’en est-il justement du fameux graphique montrant l’évolution du sentiment identitaire chez les québécois. Oui, celui ébauché par Maurice Pinard, et repris par Pierre Drouilly.

    Où en sont les chiffres en Novembre 2012?

    Bien à vous.

  19. Quand on a peur de la réponse on ne pose pas la question.C’est exactement
    ce que fait M »Pratte.

    • A force de dire que la souveraineté est secondaire et que les Québecois la trouvent désuètes, on finit par le croire. A force de répéter une fausseté, elle finit par être vraie… Mais si on ne parle pas de la souveraineté, elle finit par passer dans l’oubli.

    • … mais si l’on parle trop de souveraineté et/ou séparation, ça écœure les Québecois au plus haut point.

  20. On en est à se demander pourquoi ils publient ce genre de trucs. C’est plutôt défensif comme stratégie ; lorsque les choses vont bien t’a pas besoin d’inventer des chiffres pour tourner le débat en ta faveur.

    Et évidemment La Presse s’empresse de publier les résultats…

  21. Vraiment, M. Lisée, votre capacité de travail m’impressionne! Quant à vos analyses, c’est toujours un régal de les lire 🙂

Les commentaires sont fermés.