A la défense de Sylvie Roy

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D’accord, elle n’est ni ne sera notre Hillary Clinton (dommage) notre Margaret Thatcher (heureusement) ou notre Ségolène Royal (?!?). Si elle quitte la politique le canal V lui offrira peut-être d’animer Sylvie Roy 26 ou 47, mais certainement pas 360. N’empêche. Elle est aujourd’hui victime d’une stratégie politique que les auditeurs de l’excellente ex-série américaine The Practice connaissent sous le nom de « Plan B ». Les protagonistes, avocats de la défense, utilisaient cette technique lorsqu’ils savaient que leur client était sur le point d’être condamné (souvent à mort). Alors, avec toute la mauvaise foi dont ils étaient capables, ils choisissaient un des témoins et l’accusaient, lui, sans la moindre preuve, d’être une crapule. Le but: insérer un doute dans l’esprit d’au moins un membre du jury.  Ça marche à Québec aussi.Englué dans un contexte de scandales de collusion et de corruption, complètement réfractaire à l’idée de tenir une commission d’enquête publique, assommé par une jugement surréaliste de la Cour suprême sur la langue, en chute dans les sondages, l’équipe Charest choisit de changer le sujet. Le prétexte, la question que la chef intérimaire de l’ADQ a posée en chambre. La voici:  «Est-ce que le ministre de la Sécurité publique, dans ses vérifications, a appris que le premier ministre sait qu’il y a trois ministres qui ont été sur le bateau d’Accurso?» Maintenant, les faits avérés: Benoit Labonté croyait savoir que trois ministres y étaient allés et en a informé Jean Charest. Sylvie Roy n’a pas nommé les ministres, mais Labonté l’avait fait dans sa conversation à Charest. Ce dernier a vérifié auprès des ministres, qui ont nié. Puis, M Charest  a révélé leurs noms. Sylvie Roy, jamais. Pourtant, le gouvernement veut adopter une motion de blâme contre Mme Roy, ce qui ne s’est pas fait en vingt ans.

Vous le savez peut-être, j’ai été de 1994 à 1999 au cabinet du premier ministre et ai pu entendre des milliers de questions posées par l’opposition — en l’occurence libérale. Eut-elle été péquiste que je tirerais la même conclusion. Sur une échelle de 0 à 10, zéro étant une question de bonne foi et 10 étant une question de mauvaise foi, tordant les faits pour atteindre un but partisan, la moyenne des questions se situent, à mon avis, à 7,5, soit précisément la note que je donne à celle de la député Roy. (Je dois dire que la note 10 était le domaine quasi exclusif de Thomas Mulcair et Pierre Paradis.)

Dernier commentaire sur cette triste affaire: on a entendu hier le ministre Jacques Dupuis affirmer qu’un des ministres (je répète: non nommés par Roy) avait eu les « larmes aux yeux » d’être ainsi injustement accusés. S’ils ont si peur qu’on puisse penser qu’ils aient fréquenté un grand entrepreneur québécois comme Tony Accurso, est-ce parce qu’ils savent des choses sur son compte que même Alain Gravel ne nous a pas révélées ? Ok, j’avoue, c’est une question qui atteint 8 sur 10.

Sylvie Roy. (Photo: PC)