À Voir: « Appelez mon agent » contre « Les invisibles », qui gagne ?

10% Appelez mon agentJ’ai pris un gros risque. J’ai écouté d’abord la version française-de-France, donc d’origine, de 10% (ou « Appelez mon agent »). Puis j’ai écouté la version québécoise, « Les invisibles ».

Risqué parce que je pouvais m’attendre à des redites, à une version édulcorée ou mal adaptée ou simplement à l’ennui de voir l’original puis la copie.

Eh bien non. Ce fut un délice. Comme lorsqu’on reprend du dessert et que le deuxième est plus savoureux que le premier, parce que la comparaison en soi, le cumul, ravit vos papilles gustatives.

Résumons: Quatre agents d’artistes vivent leur propre série de tracas tout au long de la série, mais dans chaque épisode, un comédien joue son propre rôle dans une situation problématique que les agents doivent résoudre.

La version française (déjà trois saisons, une quatrième en préparation), est un bijou. L’intrigue centrale est solide, les agents sont attachants, très typés et le tout est ex-trè-me-ment parisien. La participation de grands comédiens (Cécile de France, Nathalie Baye, etc) nous accroche à plusieurs niveaux. C’est le jeu dans le jeu — ils jouent leur propre personnalité, mais jusqu’où acceptent-ils d’aller pour se montrer vulnérables, irascibles ou caractériels alors que le téléspectateur pourrait voir dans ces traits des vérités ? Nous sommes donc des spectateurs de l’audace. La qualité des comédiens de la bande d’agent offre, à chaque épisode, des petits plaisirs portés par des dialogues débordants d’esprit. (On indique que le scénario est de Fanny Herrero dirigeant un « pool d’auteurs ». Ça paraît.)

Version québec: huit fois moins de budget, deux fois plus d’épisodes

Les invisibles, Sophie LaurinLa comédienne et productrice Sophie Lorain, avec Alexis Durand-Brault, de la maison de production ALSO, ont eu du flair en étant les premiers à lever la main, en 2018, pour adapter la série. Il a fallu un an pour que les britanniques, italiens et chinois leur emboîtent le pas.

Avec un huitième du budget de la série française, l’équipe de Lorain et la talentueuse scénariste Catherine Léger (sans « pool d’auteurs ») ont doublé le nombre d’épisodes pour la première saison.

L’expérience de voir la version québécoise après la française est, à mon avis, savoureuse. On est d’abord un peu déroutés, un peu en deuil des agents français dont on découvre les versions locales. Cela disparaît dès le second épisode, tant la troupe québécoise est forte. On retrouve d’autres petits moments exquis de malentendus.

La trame reste, l’adaptation est massive. De très parisienne, la version québécoise devient très montréalaise. Dès le second épisode, presque complètement nouveau, Sophie Lorain dans son propre rôle de productrice crève l’écran à chaque apparition. Elle doit notamment transiger avec l’aînée de l’agence, jouée par sa sœur Danielle Laurin qui, elle, ne joue pas son propre rôle, ce qui ajoute au plaisir. Dans un autre, la problématique empruntée aux français n’a pas du tout la même conclusion québécoise.

Bref, l’expérience de voir d’abord l’un et ensuite l’autre ajoute à notre plaisir.

Voyez-vous mêmes:

Disponibles sur Netflix.

À TVA. La première saison en rattrapage télé gratuit sur Illico, la seconde vient de commencer.

Je ne formule qu’un souhait: qu’on prépare un arc narratif sur trois ou quatre épisodes où les deux agences, française et québécoise, se mettent dans le pétrin d’une coproduction franco-québécoise et qu’on les voit interagir ensemble et avec leurs acteurs !!!


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1 avis sur « À Voir: « Appelez mon agent » contre « Les invisibles », qui gagne ? »

  1. Bonjour,
    il est certain qu’il y a des différences de taille entre les deux productions : budget, vedettes. Il y a cependant des différences plus subtiles, qui ne sont pas affectées par le budget disponible ou la notoriété des comédiens. J’ai trouvé les épisodes de la série québécoise bruns, principalement à cause de décors lourds et fermés, aux couleurs grises, brunâtres et tristes. Ce pourrait être négligeable si ce n’était du fait que tous les protagonistes de la série québécoise semblent franchement se détester. Je n’y vois que méfiance, et la tendresse semble complètement inexistante. Dans ces humeurs grisâtres, tout devient couleur de plomb… tandis que la série française procure des complicités lumineuses… des bonheurs, et des décors en pleine lumière !

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