Bellemare : la question qu’il faut poser

bellemare1-150x150Deux fois, hier, lors de son témoignage, l’ex-ministre Marc Bellemare a voulu élaborer sur le second de trois sujets qu’il dit avoir abordé, le 2 septembre 2003, avec Jean Charest.

Deux fois, le procureur de la commission a indiqué que ce sujet excède le mandat de la commission Bastarache. Il a tort.

L’ex-ministre n’a eu que le temps de dire qu’il avait dénoncé auprès de Jean Charest une demande «inacceptable» d’intervention dans un procès criminel. La demande provenait de Denis Roy, alors conseiller du Premier ministre.

Le «cas» Denis Roy, s’il existe, n’est peut-être pas couvert dans le mandat de la commission. Mais la réponse de Jean Charest aux reproches évoqués devant lui par Marc Bellemare l’est, indubitablement. Le sérieux — ou la désinvolture — avec laquelle le Premier ministre a réagi à ce cas nous informerait sur l’importance qu’il accorde — ou non — à l’indépendance de la magistrature québécoise.

Car, au final, la décision de croire la version de l’ex-ministre ou celle du premier ministre sur l’existence de trafic d’influence dans la désignation de trois juges repose sur la crédibilité de l’un ou de l’autre.

Puisque l’ex-ministre Bellemare n’a pas eu la présence d’esprit, après sa rencontre du 2 septembre, de se confier à un proche, à un collègue avocat, qui aurait pris des notes détaillées sous le sceau du secret, ce qui nous donnerait un élément de corroboration contemporaine des faits, nous voilà renvoyés à la crédibilité presque nue.

Tout ce qui peux confirmer ou infirmer la pratique de l’un ou de l’autre est donc bon à prendre.

– Marc Bellemare a-t-il l’habitude (ou non) d’inventer de toutes pièces des accusations que rien n’étaye ?

– Jean Charest se fiche-t-il (ou non) de l’indépendance judiciaire et accepte-t-il (ou non) les interventions politiques ?

Alors, de grâce, qu’on laisse Marc Bellemare nous raconter le cas Denis Roy et relater, surtout, la réponse du Premier ministre.