Bientôt : un bon plan Harper contre le carbone

pollutionLe plan Harper, bon, c’est vite dit. Mais puisque notre premier ministre et son ministre de l’Environnement nous affirment depuis bientôt un an que la politique canadienne en matière de carbone sera… la politique américaine en matière de carbone, alors, nous y sommes !

Je ne parle pas seulement des projets de loi qui, cahin-caha, font leur chemin dans les deux chambres du Congrès américain. (Un projet a été déposé au Sénat la semaine dernière. Voir les détails ici.) Harper & Co. allument tous les jours des lampions pour espérer l’échec de ces projets, qui incluent une Bourse du carbone.

Non, je parle du plan B d’Obama : utiliser le pouvoir réglementaire de l’Environmental Protection Agency pour obliger les grandes entreprises américaines à réduire leurs émissions de carbone.

Jeudi dernier, l’EPA a fait connaître son calendrier et son plan d’action.  Donc voici ce qui, théoriquement, devrait également se produire au Canada :

– Au premier janvier prochain, toutes les entreprises qui ont déjà des permis couvrant l’une ou l’autre des formes de rejets polluants significatifs, et qui émettent des gaz à effets de serre au-delà d’un seuil préétabli, devront, pour continuer leurs activités, démontrer qu’elles utilisent « la meilleure technologie »pour réduire ces gaz. Le seuil choisi (75 000 tonnes de gaz supplémentaires émis par an) affectera les 550 plus grands pollueurs du pays.

– En juillet 2011, le régime couvrira toutes les entreprises existantes, en plus de toutes les nouvelles entreprises qui produisent plus de 100 000 tonnes par an. L’Agence estime qu’elle couvrira ainsi 900 grands pollueurs supplémentaires. Cela signifie surtout : toutes les futures centrales au charbon.

L’EPA calcule qu’ainsi, 70 % des sources de pollution seront couvertes par le système — sans embêter les centaines de milliers de petites entreprises. Évidemment, la « meilleure technologie disponible » ne signifiera pas une réduction massive de l’émission des gaz, mais seulement — c’est déjà ça — aucun rejet de plus que ce que l’inventivité verte actuelle peut assurer.

Et puisque c’est un champ en plein développement, la meilleure technologie de 2012 sera meilleure que celle de 2011, et ainsi de suite.

Maintenant, ma question : cette annonce a été faite jeudi dernier. Les États-Unis ont maintenant une politique de contrôle — partielle — des gaz à effets de serre. Du moins, de freinage de leur expansion, sur tout le territoire et pour tous les grands pollueurs.

Combien de temps avant que le gouvernement Harper applique cette politique au Canada, ou avant qu’il trouve une autre raison de ne pas le faire ?

Ah oui, un dernier détail. Les deux projets de loi en discussion au Congrès prévoient d’imposer un tarif (une taxe frontière) pour les produits fabriqués dans des pays qui n’appliquent pas, chez eux, une politique de réduction des gaz à effets de serre semblable à la leur.

Harper nous a toujours dit qu’il ne pouvait aller plus vite que les États-Unis dans ce dossier, sous peine de rendre nos produits moins compétitifs. Viendra un jour où, s’il ne va pas aussi vite que les États-Unis, notre compétitivité en souffrira.