Si Steven Guilbeault se fâchait…

J’ai un faible pour le politicien qui se retrouve un peu malgré lui dans une situation impossible. C’est classique. Pour faire avancer ses idéaux, il accepte d’avaler une couleuvre. Puis deux. Mais il examine la vingtième avec moins d’appétit. Alors j’ai tenté de me mettre dans les souliers de Steven Guilbeault, en cette année où nos forêts brûlent de nous voir agir contre le réchauffement. Soit dit pour les sceptiques : chaque degré de température de plus multiplie par trois l’ampleur des feux, quelles que soient leurs causes premières.

Le mot en W

Pub conservatrice.

La chose est désormais actée. En politique canadienne, tout — je veux dire absolument tout — est « woke ». Nous devons cette extension infinie d’un terme naguère inconnu au travail combiné de Pierre Poilievre et de Justin Trudeau. Le chef conservateur a, le premier, étiré l’élastique sémantique en attribuant il y a deux semaines l’abandon du troisième lien autoroutier à cette engeance : « Trudeau et ses libéraux ont choisi la voie des wokes et de la guerre à la voiture. »

Histoire du Canada (intégral)

Jean Chrétien, Row Romanow, Ralph Klein

Nous étions estomaqués. La phrase prononcée par le premier ministre d’une province amie, sortie du haut-parleur du téléphone telle une flèche empoisonnée, faisait plusieurs fois le tour de nos têtes. La conversation terminée, Lucien Bouchard nous dit, à ses quelques conseillers: « ne répétez jamais ce que vous venez d’entendre ». Nous étions certains, comme lui, que si ça se savait, la réputation de l’auteur de ces mots ne s’en relèverait pas.

Le jaloux (intégral)

C’est l’histoire d’un garçon choyé, au berceau, par la fée canadienne. Enfant, lorsqu’on lui demandait son adresse, il répondait tout naturellement: le 24 Sussex. Son père ? Le fondateur du Canada moderne. Le nom qui apparaît sur son certificat de baptême, Trudeau, est celui qui épouse le mieux les contours idéologiques du pays. Le rejeton parle d’ailleurs aisément les deux langues devenues, grâce à son père, officielles. Le bilinguisme est à ce point ancré en lui que, au début, le jeune adulte parlait le plus souvent les deux langues dans la même phrase, un exploit. Surtout, celui qui a abordé la vie adulte comme prof de théâtre adepte du blackface ne se serait jamais hissé aux hautes fonctions maintenant les siennes sans l’aura qui entoure son nom de famille.