Audace suprême

Au lendemain de « Vive le Québec libre ! », le Washington Evening Star eut ce commentaire : « Avec l’infaillible précision d’un dentiste sadique, Charles de Gaulle a vrillé directement le nerf le plus sensible de l’anatomie canadienne. » En prétendant qu’une loi québécoise de quelques lignes suffit à modifier un article de la Constitution, le gouvernement de la CAQ fait-il exprès de plonger ses outils les plus tranchants dans le canal canadien ?

Comment virer Charles lll

Les pessimistes tiennent le haut du pavé dans le débat sur l’opportunité de couper le cordon ombilical qui relie — depuis sa naissance — le Canada à la famille royale britannique. Les obstacles qui séparent le point de départ du point d’arrivée semblent trop nombreux, ou alors infranchissables, pour qu’on puisse réussir l’opération.

C’est faux. La démocratie canadienne dispose de tous les moyens nécessaires pour opérer ce changement dans un laps de temps relativement court, de façon ordonnée et respectueuse, sans risque pour la robustesse de nos institutions. Il suffit de le vouloir.

L’englouti

Me permettrez-vous de prendre la défense de Jean Charest ? La victoire de son adversaire est écrasante. Pierre Poilievre l’a humilié dans l’ensemble du Canada, au Québec, et même dans sa région d’origine, l’Estrie. En fait, Charest a fait moins bien (16 %) que Maxime Bernier au premier tour de la course à la chefferie de 2017 (29 %). Perfide même dans son discours de victoire, Poilievre a salué chez le vaincu ses exploits du siècle dernier — son rôle lors du référendum de 1995 —, mais n’a pas pu lui trouver une seule contribution récente à la cause conservatrice.

Humpty Dumpty à Ottawa

« La question, dit Alice, est de savoir si vous avez le pouvoir de faire que les mots signifient autre chose que ce qu’ils veulent dire. » « La question, riposta Humpty Dumpty, est de savoir qui sera le maître… un point, c’est tout. » Lewis Carroll était un orfèvre des mots. Il avait aussi une fine compréhension des rapports de force. « Lorsque, moi, j’emploie un mot, fait-il encore dire à Humpty Dumpty, il signifie exactement ce qu’il me plaît qu’il signifie… ni plus ni moins. »

Riposter (intégral)

On en apprend des choses lorsqu’on lit le Globe and Mail. Tenez, pas plus tard que ce samedi, cette information choquante. Avec le projet de loi 96, « il ne sera pas permis à un médecin, même en privé dans son bureau, de parler à ses patients en anglais – ou en mandarin ou toute autre langue – même si c’est la langue préféré des deux parties ». Cette restriction ne sera levée, y explique l’auteur, que pour les Anglos qui ont eu droit à l’école anglaise et pour les immigrants pendant les premiers six mois de leur séjour.