Cher Journal: 365 jours plus tard (dans Rosemont)

Cher Journal,

Il y a un an, jour pour jour, les électeurs de Rosemont acceptaient de faire de moi leur député. Ce mardi, à une journée portes-ouvertes sans rendez-vous, 43 d’entre eux sont passés me voir pour me soumettre un problème, une idée, une revendication.

Presque chaque fois, avec mes deux efficaces adjointes de bureau, Véronique et Noémie, le député pouvait donner une réponse, assurer un suivi, éclairer un point obscur, trouver l’information recherchée ou, quelquefois, engager le débat sur telle ou telle orientation. (J’y reviens plus bas.)

En 365 jours et dans les innombrables rencontres effectuées dans Rosemont, j’ai découvert cet aspect de la politique que je connaissais trop peu: la proximité du député avec la vie réelle, les problèmes quotidiens, de ses électeurs. Aussi et surtout: sa capacité d’aider. Chaque semaine, les « cas de comtés » sont autant de coups de pouce donnés à des personnes dont les problèmes semblent insolubles, qui ne se retrouvent plus dans les dédales administratifs, qui ne savent pas où se tourner.

Les réponses sont parfois simples. Les liens du bureau de député avec l’extraordinaire réseau communautaire de Rosemont permet de référer rapidement à la bonne personne, la bonne ressource.

Les « cas de comté »

Certains cas ne nécessitent qu’un coup de téléphone. D’autres une modification administrative car telle réforme sur le point d’entrer en vigueur avait un effet secondaire indésirable sur le chèque de telle catégorie de personnes âgées (un cas impliquant Santé et Revenu sur lequel on a travaillé de longs mois, cas résolu intelligemment, et que j’ai pu annoncer à un groupe d’aînés ravis aux Habitations Nouvelles Avenues).

Puis il y a les dossiers de comté, qui impliquent des décisions gouvernementales. Premier sur ma liste: les salles de dialyse à l’Hopital Maisonneuve-Rosemont, dans des locaux inadaptés, que j’avais visités dès mon élection. Annoncer, en mai dernier, avec Réjean Hébert, devant des patients et les administrateurs, médecins et infirmières, que les fonds avaient été débloqués pour construire un édifice tout neuf pour la dialyse, fut un moment important.

Sauver d’une fermeture imminente la Maison Haidar – Projet Refuge, qui accueille des réfugiés, grâce à un montage financier d’urgence est aussi un signe tangible d’action qui a un impact immédiat sur des vies.

Accompagner la croissance des entreprises d’économie sociale du quartier — Insertech, Pousses Urbaines et plusieurs autres — en leur ouvrant des portes, ménageant des rencontres pour lever des obstacles administratifs ou règlementaires, appuyer leurs campagnes de financement, puis constater, en un an, les progrès réalisés, c’est simplement formidable.

Mon expérience politique était de travailler d’en haut, au bureau de deux premiers ministres. Mon travail de député m’emmêne à la réalité du sol, à hauteur d’hommes (et de femmes). Dès mon élection, j’ai insisté pour mettre autour d’une même table les élus municipaux, québécois et fédéraux qui representent le quartier. S’en est suivi une collaboration heureuse et un échange d’information constant sur plusieurs dossiers.

J’ai aussi respecté une tradition inaugurée par l’ancienne député péquiste Rita Dionne-Marsolais, puis Louise Beaudoin: la Soirée des bénévoles. Chaque année, le député invite à souper tous ceux qui donnent leur temps et leur énergie dans les organismes charitables du comté et décerne des prix à ceux qui se sont illustrés pendant l’année écoulée. Il y a beaucoup d’ambiance, beaucoup de fou-rires, beaucoup de chaleur humaine. Se trouve rassemblé, là, des générateurs de qualité de vie. Des distributeurs de petits bonheurs.

De quoi nous parlent les citoyens ?

Mais je vous ai promis plus haut de vous reparler de ma journée citoyenne. Alors de quoi parlent les citoyens, dans le bureau du député ?

En vrac:

– Une travailleuse sociale mal-entendante, au statut précaire, veut savoir pourquoi on ne lui rembourse qu’une aide auditive sur deux lorsqu’elle est entre deux contrats (bonne question, j’attends la réponse);

– La responsable d’un organisme communautaire d’aide aux devoirs, notamment pour les Québécois d’origine étrangère, demande s’il existe un programme de soutien pour pérenniser son action;

– Une citoyenne récemment arrivée de Laval m’informe qu’elle a fait une entente de paiement de dette avec Hydro-Québec à son ancienne adresse, mais n’arrive pas à la faire transférer à sa nouvelle. (Un cas très instructif. Elle n’a pas internet, donc va à la bibliothèque pour voir son compte en ligne. Mais la bibliothèque vient de modifier ses ordinateurs pour qu’on ne puisse plus ouvrir des fichiers PDF, sur lesquels s’affichent les factures !)

– Le comité logement Rosemont veut connaître les orientations du gouvernement en matière de logement social;

– Une Rosemontoise anglophone vient faire signer sa copie de « In the eye of the eagle » (traduction de mon premier livre).

– Une éducatrice en maternelle 4 ans vient offrir de témoigner sur l’utilité de cette mesure et se renseigne sur les étapes d’implantation des futur maternelles;

– Trois citoyens viennent spécifiquement me dire de « ne pas lâcher » sur la Charte des valeurs. Mais un prêtre vient déposer sa contribution: une liste de « valeurs québécoises » au sens large, incluant la spiritualité. Il promet de mettre Bernard Drainville et moi dans ses prières à sa messe du soir;

– Un jeune couple se cherche une place en garderie et s’informe sur le remboursement anticipé du crédit d’impôt pour frais de garde;

– Deux retraités avec des CV longs comme le bras veulent offrir leurs services pour siéger à des conseils d’administration;

– Les représentants de l’école de Naturopathie, sise dans le comté, viennent m’informer de leur recherche de reconnaissance par le ministère de l’éducation;

– Un retraité qui a consacré sa vie à la formation professionnelle vient me présenter son auto-biographie, avec recommandations à la clé pour améliorer la qualité de la formation et la compétence des travailleurs;

– Un professeur m’explique comment utiliser les gains de loto-québec pour financer la gratuité scolaire;

– Les représentants de la Société d’Histoire de Rosemont me font savoir que la Fédération des sociétés d’histoire du Québec veut participer aux nouveaux programmes d’histoire nationale et faire des présentations d’histoire locale auprès des plus jeunes.

Mais le clou de ma journée fut cet homme de 53 ans, apte au travail mais assisté social depuis trois ans, qui voulait savoir quand on allait introduire le Revenu Minimum Garanti pour augmenter son revenu. Je lui ai dit que ce n’était pas demain la veille et l’ai convaincu, après 10 minutes, de se présenter à son Centre local d’emploi pour se trouver du travail.

Lui, il a fait ma journée. J’espère que j’ai fait la sienne…

Pour mon bilan en tant que ministre de la Métropole, cliquer ici.

4 avis sur « Cher Journal: 365 jours plus tard (dans Rosemont) »

  1. N’en déplaise aux nombreux détracteurs je trouve que Mme Marois et vous et sont équipe en général donnez un très bon travail.

    L’écoute, la compassion, le dynamisme et surtout le courage politique.
    je voterai encore pour le gouvernement Marois

  2. Moi aussi j’ai hâte de vous lire à propos de la Charte: je ne comprends pas comment un gouvernement peut parler des deux côtés de la bouche en même temps. On prétend à la neutralité, et à la laïcité, mais en même temps on exempte d’impôts les revenus des communautés religieuses, les curés, les fabriques, etc. Tout ce qui est religieux peut réaliser d’énormes profits sur la vente de couvents, d’églises, etc. mais ne jamais payer de taxe sur le gain en capital, ni de taxes sur les immeubles, etc. Si nos gouvernements étaient laïques, ils considéreraient les églises comme des organisations commerciales, ce qu’elles sont, et les assujettiraient aux mêmes taxes et impôts que tous les autres commerces.

  3. Pour dire la vérité: je m’ennuie de vos trop longues absences sur votre blogue.

    Je suis de Joliette. Je vous ai rencontré, en mai, dans un corridor de l’hôpital du Sacré Coeur ,à Montréal. Entouré que vous étiez de vos garde du corps et, sûrement, de cadres de l’hôpital.

    Vous avez appris de vos erreurs: le cas Boisclair notamment.

    Votre enthousiasme pour Montréal est contagieux. Mais, dans tout cela, on ne parle pas de souveraineté! J’ai hâte de vous voir débattre de la charte de la laïcité!

  4. C’est le quotidien du député et des membres de son bureau et Dieu sait que ce travail est important … Bon apprentissage monsieur Lisée …..

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