Comment le Québec a financé, via Ottawa, le pétrole Terre-neuvien

(Le pétrole étant un sujet d’actualité, voici un texte sur le pétrole terre-neuvien, de 2012)

Oil-Drum-Stuffed-With-Money-150x150On parle beaucoup du pétrole albertain, mais il y en a aussi à l’autre bout du pays, à Terre-Neuve.

D’abord il faut dire qu’à la loto-énergie, si le Québec a hérité d’un potentiel d’énergie propre, il a totalement manqué le train de la distribution de la manne fédérale.

En 2007, le groupe de recherche Energy Probe a calculé que l’investissement fédéral dans le nucléaire s’élevait à 20 milliards $, ce qui a généré pour 75 milliards$ de la dette fédérale actuelle… sans que le Québec ne profite d’une part significative de ce magot.

Mieux encore, le service de recherche de la Bibliothèque du Parlement fédéral, à partir des rapports du commissaire à l’environnement, a calculé qu’Ottawa avait versé seulement entre 1970 et 1999, 40 milliards en subventions et crédits d’impôts divers à l’industrie pétrolière, gazière et du charbon, des industries jusqu’ici inexistantes au Québec. En dollars de 2007, cela fait 79 milliards.

Notons que dans les deux cas, les contribuables québécois ont contribué pour plus de 20% à ces subventions fédérales à nos amis et voisins des autres provinces.

Or voilà que nous avons trouvé du pétrole, à Old Harry, au large des Iles-de-la-Madeleine.

Une question nous saute au visage: ce qui fut bon pour l’oie terre-neuvienne dans le cas du développement de ses gisements d’Hibernia sera-t-il bon pour les jars que nous sommes ?

Voyons ce que ça donnerait.

Une averse, non. Une forte pluie, non. Un déluge d’aide fédérale.

Voici comment un site fédéral résume les choses, pour le développement d’Hibernia:

83139_HiberniaAdventures-150x150Le 18 juillet 1988, le gouvernement fédéral a révélé les détails d’un accord conclu avec un consortium de quatre sociétés au sujet de l’exploitation du gisement Hibernia. L’accord prévoyait une subvention fédérale d’immobilisations de 1,04 milliard de dollars, une garantie fédérale d’emprunt de 1,66 milliard de dollars, une participation fédérale de 300 millions de dollars aux intérêts, un financement temporaire de 175 millions de dollars […]. En 1993, le gouvernement a offert aux trois partenaires [trois compagnies pétrolières engagées dans Hibernia] des prêts sans intérêt pouvant atteindre 132 millions de dollars.

On a donc très hâte de voir si les goussets fédéraux seront également présents pour les entreprises (qu’on espère au moins partiellement québécoises) qui feront les travaux à Old Harry.

Mais ce n’est pas tout. Il y a beaucoup de sauce, de toute nature, sur l’oie terre-neuvienne.

Quand les Terre-Neuviens ont signé avec Ottawa, en 1985, une entente semblable à celle que Québec vient de signer avec Ottawa pour Old Harry, nos voisins et amis ont obtenu que la richesse créée par Hibernia ne soit pas prise en compte dans le calcul de la péréquation. Bref, même si Terre-Neuve s’enrichissait, il fallait faire comme si elle ne s’enrichissait pas, et continue à recevoir de la péréquation — payée, il faut le rappeler, pour 20% par les contribuables québécois. Depuis, Terre-Neuve a reçu 4,6 milliards « comme si » elle n’avait pas de pétrole — dont 1,15 du Québec.

Il ne serait évidemment que justice que l’entente Ottawa-Québec, signée par Jean Charest en 2011, inclue cette clause.

Oups ! Bizarre. J’ai beau lire et relire, je ne la trouve pas.

 

14 avis sur « Comment le Québec a financé, via Ottawa, le pétrole Terre-neuvien »

  1. Coquille: Il faut lire que la proposition de Mme Ouellet est la plus prometteuse. Évidemment,en se concerne l’électrification des véhicules..

    • Discuter du pétrole n’est-il pas une manière d’en accepter l’usage ou décider qu’à la roulette russe de l’environnement on ne peut choisir qu’entre un pistolets à 9 coups ou un revolver 6 coups chargés à bloc plutôt qu’exiger l’usage exclusif d’énergies renouvelables qui à moyen terme contrairement au pétrole pourraient atteindre un coût marginal proche zéro? 😉

  2. Bien sûr qu’on se fait fourrer et cela fait fort longtemps. Qu’on pense, par exemple, aux subventions de recherche ou aux dépenses militaires. Pourquoi les québécois semblent de plus en plus insensibles à ce discours? C’est la grande question. Je pense que c’est une fatigue de ne pas voir avancer les choses. D’entendre les mêmes sérénades additionnés à une indifférence qui grandit. Vous avez l’effet souhaité si vous êtes du côté fédérale. Du côté québécois c’est la consternation. Et avec le résultat dans Lévis, j’imagine que cela n’aide pas. Bon aller, un peu de positivisme.

    Du côté énergétique, je pense que l’approche de Mme Ouellet est pas plus prometteuse. Il nous faut capitaliser sur nos surplus pour implanter un réseau de recharge de piles digne de ce nom. C’est une option économique avec de l’avenir en plus de contribuer à sauver la planète. Au lieu de fournir des subventions aux gros consommateurs, de créer des emplois à 1 M de l’emploi au frais de l’état (à nos frais bien sûr), on pourrait agir maintenant. Nous avons les connaissances pour cette pile et avons de la difficulté à la commercialiser. On dirait presque que c’est d’insinuer que les québécois sont des imbéciles et qu’ils ne peuvent le faire eux mêmes..Nous sommes en 2014. Il faut agir maintenant. Peut-être que se sont les consommateurs eux mêmes qui vont l’exiger..en se regroupant et en forçant nos gouvernements à agir..

  3. Si je comprend bien, le Québec a financé le développement du Canada au détriment des citoyens québécois!!! Et puis WOW, tout à coup Terre-Neuve reçois de la peréquation!!!! Je croyais au contraire que Terre-Neuve subventionnait le Québec avec de l’électricité vendu à rabais pour que le Québec revende cette électricité à gros profits?

    • Si on commence à jouer à la balance commerciale entre les provinces, on a pas fini de mesurer le sexe des anges. Combien le pétrole Albertain versera t-il au Québec pour détruire le fleuve et faire disparaître les Bélugas? Combien Rogers rapporte en Ontario? Combien Bell Canada qui s’étend comme une lèpre au détriment de notre Vidéotron? Combien Air Canada qui ne parle français que lorsqu’on l’exige? Combien les mines Canadiennes qui ont une reputation catastrophique ailleurs dans le monde? Etc. Suffit pas de regarder la réalité par le trou de sa serrure. Pas mal plus vaste. Surtout il ne faut jamais oublier que le Canada n’est qu’une corporation capitaliste à intégration verticale modèle XIXe siècle qui s’est doté d’une structure politique pour mieux contrôler la plèbe. Les provinces ne sont que des succursales qu’il joue l’une contre l’autre.

  4. Merci beaucoup de re-publier ces nécessaires rappels.
    Pour l’instant nos adversaires (fédéralistes condescendants et droite économique prédatrice) dominent car ils sont les plus forts.
    Comme la rage est contre-productive, je me dis qu’on ne connait pas demain et que, souvent, dans la vie, les vents changent de bord rapidement. Mais pour l’immédiat je ne vois pas la vague de fond qui pourrait nous aider à renverser les tendances…
    Respirer. Informer. Cela est infiniment louable!

  5. Toujours et encore on oublie qu’à l’origine le Canada n’était qu’un chemin de fer payé par les heureux nouveaux citoyens. Le Canada n’est qu’une corporation capitaliste du XIXe siècle créée avec la mentalité économique du XIXe siècle s’étant doté (quelle habileté (?) ) d’une structure et de moyens politiques pour assurer son intégration verticale de monopole. On juge un arbre à ses fruits. Essayez de voir autre chose qu’un monopole qui consolide ses positions? Prenez note: d’ici une génération les provinces ne seront plus que des comptoirs de services à guichet unique. Tout le reste comme la diversité culturelle, ne sera plus que folklore touristique.

  6. Encore et encore la ritournelle des lamentations de ce pauvre Québec bafoué par le soi-disant « Canada ». Monsieur Lisée ne mentionne pas que Terreneuve/Labrador a été depuis son accession au statut de province du Canada en 1949 la province la plus pauvre du pays. Une province qui a vu partir sa force vitale, sa jeunesse, depuis des décennies. Lui offrir de quoi redresser cette catastrophe est impensable pour un indépendantiste auto-centré sur son arrière court. Les pleurnichards continuent de se lamenter tandis que le reste du pays avance.

  7. Le fédéral ne permettra jamais au Québec de devenir riche et ça même avec les libéraux au pouvoir.

    Ils veulent garder et dominer le Québec dans un Canada anglais uni, peu importe le prix.

  8. Voici une des mille et une raisons pour lesquelles le Québec doit devenir un pays.

    • « Le 18/10/2014 à 7 h 40 min, Daniel Roy a dit :
      Voici une des mille et une raisons pour lesquelles le Québec doit devenir un pays. »

      Voici une des raisons pour lesquelles le Québec ne deviendra pas un pays.
      Selon le plan des souverainistes du Parti Québécois, une fois le Québec indépendant, les impôts et les taxes fédérales seront payables à Québec au lieu d’Ottawa.
      Qui veut fonder et vivre dans un pays dont le fardeau fiscal du contribuable sera le même, lapidaire, sans faire partie d’une union ou fédération d’États ?…
      Devinez pourquoi l’indépendance est à 32 %, dans l’électorat.

      SP

    • Alors vous ne voyez pas de différence entre l’argent qui va chez le voisin et l’argent qui reste dans la famille? Curieux!? De plus, d’où vient l’idée que les impôts qui servent à l’éducation, aux hôpitaux, à la culture, aux infrastructure matérielles et organisationnelles, à sauvegarder le patrimoine collectif, à servir tous au présent et tous pour l’avenir est une perte alors que l’argent versé au privé, à la société de consommation des presque détritus, aux pétrolière saccageant le monde vivant, aux banques qui ne recherchent que le profit au détriment de la sueur de l’homme serait de l’argent bien dépensé? Étrange? Croire que les impôts sont inacceptables parce qu’on aime pas le statut social des membres du gouvernement et qu’on se méfie de tous ceux qui font usage du pouvoir historique qui leur est dévolu n’est pas une raison suffisante pour mépriser l’importance du patrimoine collectif.

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