Comment les femmes d’Obama ont voulu la peau de Khadafi, et autres bizarreries

susan.rice_.topic_-150x150Tout serait allé relativement bien pour le dictateur Khadafi, en train de reprendre le contrôle de son pays, si trois puissantes femmes aux États-Unis n’avaient pas décidé de lui faire la peau.

C’est le fascinant récit que nous en fait le New York Times ce week-end. Les deux premières au front anti-Khadafi étaient Susan Rice, l’ambassadrice américaine aux Nations Unies, qui avait préparé une résolution musclée juste au cas où elle pourrait convaincre son président. Rice était conseillère aux affaires africaines sous Bill Clinton et a toujours regretté l’inaction américaine au Rwanda.

Son alliée à la Maison Blanche était Samatha Powers, du Conseil national de sécurité, ancienne activiste pour les droits de la personne. Ensemble, elles ont réussi à convaincre Hillary Clinton, la secrétaire d’État, du bien fondé de leur position.

sampower_395-150x150Et c’est ce gain de Clinton qui a fait pencher la balance — sur fond d’appui de la Ligue Arabe et de risque imminent d’effondrement de la rébellion libyenne.

Alors si, demain, l’opposition libyenne ayant pris le pouvoir (on en sait peu de choses et des liens avec Al Quaida sont possibles) décidait d’imposer la charia, l’histoire jouerait un méchant tour au féminisme. On ne le souhaite pas.

Vive les rebelles libyens, mais pas ceux de Bahrein!

Il existe une autre rébellion aux accents démocratiques, dans l’État du Bahrein. L’affaire semble moins claire, pour Washington, que la libyenne. Le Bahrein est à majorité chiite (comme l’Iran) mais dirigé par un roi sunnite (comme l’Arabie Saoudite).

Contrairement aux cas tunisien, égyptien et libyen, Washington est très discret sur la légitimité des manifestants. L’Arabie saoudite a envoyé ses tanks pour tirer dans la foule, désarmée. « Où sont les Américains, pourquoi permettent-ils ça » demande un activiste politique au journaliste du NY Times.

Bonne question.

Quel est le but de l’opération en Libye ?

Il était intéressant d’entendre Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères, au journal télévisé de France 2, ce samedi.

Dans un premier temps il a affirmé que l’objectif n’était pas de faire tomber le colonel Khadafi, mais de « faire respecter les décisions et protéger les populations civiles » et de laisser le peuple réclamer la démocratie.

C’est la langue de bois diplomatique. Puis, Juppé s’est repris et a cassé un peu de bois: « Il n’est pas inscrit dans la résolution du Conseil de sécurité qu’il doit s’en aller. Mais il est bien évident — ne nous racontons pas d’histoire — le but de tout cela est de permettre au peuple libyen de choisir son régime et je n’ai pas le sentiment qu’aujourd’hui, le choix se porterait sur le colonel Khadafi. »

Nous voilà rassurés.

L’attrait du pétrole

Des critiques ont affirmé que la décision du Conseil de sécurité, donc des USA, de la France et de la Grande Bretagne, était fondée sur leur volonté de contrôler le pétrole libyen. C’est possible, mais notons qu’ils avaient accès au pétrole sous Khadafi et ils en auraient toujours eu pour leur argent en appuyant le colonel ou en s’abstenant, tout simplement, d’agir.

C’est le cas de la Chine, compréhensible, mais aussi de l’Inde et du Brésil, ce qui est plus troublant. Khadafi l’a bien compris, selon ce qu’on lit dans Le Monde de ce dimanche:

Un haut responsable du secteur pétrolier libyen a déclaré dimanche que Tripoli envisageait d’offrir des contrats pétroliers directement à la Chine, à l’Inde et à d’autres Etats qu’il considère comme des « pays amis ».

Chacun son calcul pétrolier…