Comment on aimerait entendre parler d’éducation

Depuis quelques jours, on reprend à l’envi une citation de François Hollande, prononcée au premier jour de ses fonctions de président, au sujet de la « jubilation d’apprendre » et de la « nouvelle hiérarchie des valeurs, au sommet de laquelle la science, l’intelligence, la volonté d’apprendre et de transmettre seront les vertus les mieux reconnues et les plus respectées, bien davantage que l’argent ».

Voici l’essentiel de ce discours :

focus_jules_ferry_hollandeNous devons tant à l’instruction publique. Et nous attendons encore tellement de l’école au moment où notre pays affronte de nouveaux défis.

C’est ce message de confiance à l’égard de l’Éducation nationale que je suis venu exprimer au moment où je prends mes fonctions de président de la République.

L’école comme émancipation. La connaissance, le goût d’apprendre, la jubilation de la découverte, le sens de la curiosité intellectuelle, sont des trésors auxquels l’École a pour vocation de préparer toutes les jeunes consciences, tous les enfants de la Nation.

L’École, comme lieu de la véritable égalité. Celle des chances, celle qui ne connaît comme seuls critères de distinction que le mérite, l’effort, le talent car la naissance, la fortune, le hasard établissent des hiérarchies que l’École a pour mission, sinon d’abolir, du moins de corriger.

Cette égalité impose la justice entre les territoires : comment accepter qu’un enfant ait plus de chances de réussir s’il a grandi ici plutôt que là ? L’École, c’est l’arme de la justice. Et la justice, c’est la mixité sociale. C’est à cette tâche noble entre toutes que l’École se dévoue depuis plus d’un siècle.

Faire de l’École un lieu d’intégration de tous les enfants de la République reste la plus belle de nos ambitions nationales.

Voilà pourquoi j’ai décidé que priorité sera accordée aux écoles des quartiers populaires et à celles de certaines zones rurales.

Lieu de l’égalité, l’école publique est aussi celui de la laïcité.

Elle est le cadre où s’acquiert la liberté de conscience, cette « liberté souveraine de l’esprit ; […] cette idée qu’aucune puissance ou intérieure ou extérieure, aucun pouvoir et aucun dogme ne doit limiter le perpétuel effort et la perpétuelle recherche de la raison humaine », comme la définissait Jean JAURES. La confiance dans les ressources de leur propre esprit, et les moyens de trouver ces facultés, de les exploiter, de les développer, de les exercer souverainement : voilà ce que l’École doit apporter à tous ses enfants. Voilà ce que l’État doit permettre à l’École d’être.

Par son œuvre de législateur, Jules FERRY a fait de l’école publique ce qu’elle est : un droit. Tous les enfants de France ont le droit d’étudier. Ils en ont même le devoir. Personne ne peut se voir refuser ce droit, nul ne peut s’exonérer de ce devoir. Mais l’École est bien plus que cela. L’école est l’esprit de la République.

Je veux qu’elle retrouve tous les moyens d’être fidèle à sa vocation. Je veux lui rendre sa confiance en elle-même, sa foi dans ses propres capacités, sa volonté d’être conforme à son histoire et à son avenir. […]

Pour honorer ses missions, je sais pouvoir compter sur le dévouement, le courage, des personnels de l’Éducation nationale. C’est vers eux que je me tourne, c’est à eux que j’adresse mes premiers mots en tant que président de la République.

Aux professeurs des écoles, aux enseignants du secondaire, aux universitaires, aux chercheurs, à tous les agents — des plus modestes au plus prestigieux — à tous ceux qui ont fait le choix de servir la connaissance et d’éveiller les consciences, je veux dire : vous êtes au service de la France.

Je sais la difficulté de votre tâche. J’en sais la grandeur. Les années qui viennent doivent être celles d’une nouvelle hiérarchie des valeurs, au sommet de laquelle la science, l’intelligence, la volonté d’apprendre et de transmettre seront les vertus les mieux reconnues et les plus respectées, bien davantage que l’argent.

Tant de choses ont changé ! Les conditions du travail de l’enseignant. Les comportements des élèves ou l’irruption de la technologie numérique dans nos vies et dans nos classes. Mais une chose est pérenne : si le savoir n’est pas le monopole du maître, celui-ci garde la responsabilité d’en ordonner le sens.

Et l’École garde toujours cette haute fonction que Jules FERRY lui conférait dans cette même Lettre aux Instituteurs : « […] préparer à notre pays une génération de bons citoyens ».

Égalité, mixité, laïcité, instruction, apprentissage de la citoyenneté : Tels sont les principes contenus dans les lois dites Ferry.

Ils sont vivants. Ils trouveront toute leur place dans la politique que je conduirai pour que la génération qui vient vive mieux que la nôtre et pour que la promesse républicaine soit scrupuleusement tenue.