Comprendre le choc d’avril 2014: les électeurs péquistes ont fait l’élection buissonnière

Dans les épisodes précédents, nous avons vu comment l’opinion avait évolué pendant la campagne, autour des questions référendaires et d’intégrité, nous avons tenté de suivre les électeurs passant du PQ aux autres partis ainsi que les motivations sur les enjeux et avons examiné l’hypothèse d’un PLQ accroché durablement au pouvoir.

Mais deux analyses publiées ces derniers jours révèlent qu’un fait majeur de l’élection tient, non au succès du PLQ d’attirer de nouveaux électeurs, mais essentiellement à l’incapacité du PQ à garder ses électeurs francophones de 2012.

Il y a dans ce phénomène deux explications: le transfert de voix du PQ vers la CAQ et QS, et, sans doute plus important, la chute de la participation au vote.

Au global, il y a eu aux urnes le 7 avril 130 000 personnes de moins qu’en 2012. Mais ce chiffre cache une variation plus forte et plus intéressante: la participation a augmenté chez les non-francophones et a baissé chez les francophones.

Des non-francophones aussi mobilisés qu’au référendum

Dans son texte de ce samedi dans La Presse, Le vote, la Charte, nous et les autres, la sociologue de l’UdeM Claire Durand utilise les résultats électoraux pour tirer cette conclusion:

les non-francophones se sont mobilisés plus fortement dans cette élection que dans toutes les élections qui ont eu lieu depuis le référendum de 1995. De plus, leur vote est redevenu très homogène.

En 2012, ils avaient voté PLQ à hauteur de 73%. En 2014, leur vote pro-libéral fut de 93% ! Il n’y a aucun doute que l’effet combiné de la crainte référendaire et de la Charte ont propulsé le vote non-francophone à ce niveau record. Dans les château-forts libéraux, cela s’est traduit par une hausse des majorités. Cela n’a pas d’impact sur le résultat de l’élection, car ces circonscriptions étaient déjà libérales.

Mais cela a aussi contribué à la défaite de péquistes dans trois comtés linguistiquement mixtes. Durand:

Le PQ a perdu trois circonscriptions au PLQ dans la région de Montréal, soit Crémazie, Laval-des-Rapides et Sainte-Rose. Toutes ces circonscriptions se caractérisent par la présence d’une forte proportion de personnes de langue maternelle autre que française, soit 26% dans Sainte-Rose, 30% dans Laval-des-Rapides et 32% dans Crémazie. Dans ces circonscriptions, la participation a diminué moins que dans l’ensemble de la province et, dans Laval-des-Rapides et Sainte-Rose, la proportion de votes pour le PLQ a augmenté plus que dans l’ensemble du Québec.

Il y a donc, dans le 41% de vote libéral et dans les victoires montréalaises, un élément exceptionnel de mobilisation. C’est bon à savoir.

Mais le déplacement de ce vote non-francophone, pour spectaculaire qu’il soit, n’a eu qu’un impact à la marge sur la défaite du 7 avril. Le vrai impact se trouve dans le comportement du vote francophone.

Des péquistes qui font l’élection buissonnière

Sur son blogue de L’actualité, Alec Castonguay, dans Les péquistes à la maison, les fédéralistes motivés, démontre froidement que le Parti québécois a perdu l’essentiel de ses batailles dans des comtés francophones, non pas parce que ses adversaires ont augmenté leur vote, mais pour la simple raison que ses propres électeurs péquistes de 2012 ne se sont pas présentés aux urnes.

Ainsi, écrit Castonguay:

Le PLQ a soutiré Sherbrooke et Saint-François au PQ, même s’il a obtenu moins de votes qu’en 2012.

Sur les 8 comtés enlevés au PQ par la CAQ, le parti de François Legault a obtenu moins de voix qu’en 2012 dans… 7 circonscriptions !

Ce tableau montre une partie du phénomène: c’est en perdant des votes que le PQ est passé en-dessous de ses opposants libéraux ou caquistes (sauf Saint-Jean resté péquiste).

Source: L’actualité. Cliquer pour agrandir.

J’ai poussé un peu plus loin l’analyse comparative 2012/2014 pour constater qu’en effet, les seuls cas où le PLQ et la CAQ ont battu le PQ en obtenant davantage de voix que le candidat péquiste n’en avait eu en 2012 sont Abitibi-Est, Crémazie, Laval-des-Rapides, Roberval et Sainte-Rose. Il n’y a cependant pas augmentation de la participation.

Dans les trois cas montréalais, l’hypothèse plausible est que la baisse de participation des électeurs francophones péquistes a été surcompensée par la mobilisation des électeurs non-francophones libéraux.

Mais dans 19 des 21 autres circonscriptions autres perdues par le Parti québécois, le candidat gagnant a eu moins de voix que le péquiste n’en avait eues en 2012. Et dans 20 de ces 21 cas (sauf Ungava), le taux de participation a chuté.

Dans ces 20 cas l’élément central semble être la baisse de la participation. L’évasion des électeurs péquistes. On le constate en calculant le nombre d’électeurs disparus entre 2012 et 2014, puis en soustrayant la marge de victoire du candidat ayant battu le péquiste sortant.

Si le résultat est négatif, cela signifie que la victoire du caquiste et du libéral est partiellement attribuable à du transfert de vote péquiste vers eux. Si le résultat est zéro, il faudrait théoriquement que tous les abstentionnistes aient été d’ex-péquistes, ce qui est absurde. Mais plus le solde est élevé, plus la probabilité que la défection des électeurs péquistes ait été le facteur déterminant dans l’issue du vote.

Voici le palmarès:

Négatif:
Dubuc (-960),
Abitibi-Est (-810),
Iles-de-la-Madeleine (-643),
Argenteuil (-175),

Positif:
Charlevoix (+59),
Rouyn-Noranda (+496),
Mirabel (+716),
Sainte-Marie-Saint-Jacques (+859),
Saint-Maurice (+1158),
Saint-François (+1285),
Champlain (+1308),
Repentigny (+1729),
Chambly (+1807),
Johnson (+1879),
Sherbrooke (+1935),
Iberville (+2002),
Sainte-Hyacinthe (+2601),
Deux-Montagnes (+2677),
Masson (+2768),
Borduas (+3816).

C’est convainquant. La disparition de voix péquiste est plus importante, dans la défaite, que le départ de péquistes vers d’autres partis.

Notons que dans Gouin, Françoise David a presque doublé sa majorité, à 9 000 voix, mais en n’augmentant que de 700 son nombre d’électeurs. C’est le PQ qui a reculé.

Qu’en conclure ?

Pas la Charte. Établissons d’abord que la Charte n’est pas en cause. Les sondages du début d’année indiquaient clairement qu’au-delà de 85% des électeurs péquistes du moment (donc 85% de 43% des francophones aux intentions de vote péquistes en janvier) y étaient favorables, en particulier pour la disposition sur l’interdiction des signes religieux. Même en postulant que la totalité des 15% qui y étaient opposés ou tièdes ont quitté le bercail péquiste (alors que seuls 4% s’en disaient « totalement défavorables »), il est impossible de lui attribuer la chute de vote observée.

Pas le pétrole. On a vu aussi que les questions d’environnement (Anticosti, Enbridge) n’ont eu un impact que sur 3% de l’électorat francophone. Il ne faut pas chercher là.

Localement, le Plan Nord. L’hypothèse de mon collègue Pascal Bérubé est que le Plan Nord a joué dans les gains libéraux au nord du Québec: Abitibi-Est, Dubuc, Ungava, Rouyn-Noranda. Là, la chute du cours des métaux vécue pendant les 18 mois péquistes a donné du carburant aux Libéraux accusant le PQ d’être la cause de ces maux. Assez pour déprimer une partie de l’électorat péquiste. C’est plausible.

Globalement, le référendum. Au niveau national, on sait par d’autres recoupements que, sur les 40% d’électeurs se disant favorables à la souveraineté, environ le tiers se sont prononcés contre la tenue d’un référendum dans les sondages de la campagne (comme dans presque tous les sondages depuis 1997). Il peut y avoir là un double mouvement: des électeurs péquistes de 2012 réfractaires au référendum ont choisi de rester chez eux plutôt que d’aller à un autre parti; des électeurs péquistes pressés d’avoir un référendum mais déçus de la tournure des événements pendant la campagne ont décidé aussi de rester chez eux. Il est impossible de quantifier ces mouvements, mais on peut penser que le vote ON aurait augmenté si cette motivation était forte, mais le vote ON a régressé.

Anecdotiquement, on sait par le pointage que des électeurs péquistes de 2012 étaient mécontents de la non-abolition totale de la taxe santé, de la tenue d’élections alors qu’il y avait une loi sur les élections à date fixe, de l’arrivée de PKP (surtout chez les syndicalistes). Difficile de déterminer, dans tout cela, le principal du secondaire.

Cependant rien n’est statique, dans cette campagne. Lorsqu’on observe le film de la campagne, on note un décrochage important de l’intention de vote péquiste, s’accentuant avec le temps:

Source: Ah les sondages ! Claire Durand. (Cliquez pour agrandir) Les lignes verticales représentent l’arrivée de PKP, puis chacun des débats.

Évidemment, le sondeur ne nous dit pas combien décident de ne pas aller voter, il ne fait que suivre les variations des intentions de vote.

La certitude d’une victoire libérale. Nous étions plusieurs à penser que l’imminence d’une victoire libérale allait servir de coup de fouet au rassemblement derrière le PQ, seul à pouvoir empêcher ce retour. Mais l’analyste Pierre-Alain Cotnoir, du Groupe de recherche sur l’opinion publique, qui sonde pour le PQ depuis des années et pendant la campagne, croit que l’effet fut inverse:

Une partie de l’explication du désistement d’une portion significative d’électeurs péquistes d’aller voter, c’est que pour eux les jeux étaient faits. Ils pensaient que l’élection du PLQ était inévitable dans la dernière portion de la campagne.

Depuis des années, Pierre-Alain segmente les électeurs entre fédéralistes, centristes et souverainistes. Il constate ce qui suit:

Les péquistes les plus politisés, les plus souverainistes et les plus convaincus sont restés au PQ. Mais les électeurs centristes, moins politisés et, même lorsqu’ils se disent souverainistes, moins fermes dans cette conviction, sentant la victoire libérale inévitable, se sont désolidarisés de leur vote de 2012 et ont, soit décidé de ne pas voter, soit migré vers la CAQ en fin de campagne.

Or Pierre-Alain constate une réduction du nombre de souverainiste et une augmentation du nombre de centristes ces dernières années, donc une fragilisation du bassin d’électeurs potentiels péquistes (on y reviendra en détails dans un autre billet).

Théorie générale. Si on veut fabriquer une théorie générale on pourrait avancer l’hypothèse suivante:,les autres éléments cités plus haut – refus référendaire, mécontentement sur les promesses, goût du Plan Nord – auraient entamé le départ des centristes de leur intention de vote péquiste d’origine, provoquant une victoire annoncée du PLQ dans les sondages, elle-même accélérant le décrochage, dirigeant une partie des décrochés vers l’abstention, l’autre partie vers François Legault qui a offert une excellente fin de campagne.

Le bon côté des choses

Mais si on tient à voir le bon côté des choses — et, oui, on y tient énormément — on peut conclure de l’analyse à ce jour que:

1. Il y a eu assez peu de départs du PQ pour le PLQ — sauf sans doute dans Roberval, de Philippe Couillard et dans des circonscriptions du Nord;

2. La force de mobilisation des autres partis est moins importante qu’on pouvait le penser au premier coup d’œil. C’est la démobilisation péquiste qui a joué;

3. Les électeurs péquistes ont migré soit dans l’abstentionnisme, soit dans des partis voisins, CAQ et QS. Ils démontrent une certaine cohérence dans leur attitude et sont donc relativement récupérables;

4. Le vote non-francophone a certes été hyper-mobilisé, mais n’a eu d’impact sur le résultat que dans trois circonscriptions.

41 avis sur « Comprendre le choc d’avril 2014: les électeurs péquistes ont fait l’élection buissonnière »

  1. Jusqu’à la semaine dernière, jamais il ne m’était venu aux neurones supérieurs que les blondes dont vous parlé ici seraient des personnes qui en septembre 2012 auraient voté tout compte fait pour élire une première femme première ministre.

    Elle est retournée chez elle, ou chez sa mère (abstention massive).

    https://jflisee.org/pour-reconnecter-le-parti-sur-les-quebecois-de-laudace-a-la-puissance-3/

    Satisfaction obtenue, en 2014 elles seraient restées chez elles, sans plus. Des dizaines de milliers, pas des centaines.

  2. Arrêtons de chercher les causes de l’échec du 07 avril dernier !

    Le mode de scrutin actuel favorise la seule option fédéraliste active qu’est le PLQ au Québec.

    Il faut dénoncer ce fait et faire en sorte que les options nationalistes que sont la CAQ, l’ON, le PQ et QS réalisent que la seule façon de battre l’option fédéraliste est d’unir leur formation politique.

    Pas facile à faire. Mettez vos égos de côté, parlez-vous et trouvez un terrain d’entente permettant de bien rallier toutes vos forces.

    Il est vrai qu’une majorité de la population ne veux pas un 3e référendum dans un avenir proche. Entendez-vous pour ne pas en tenir un lors du prochain mandat (voir peut-être 2 ou 3 mandats), et S.V.P., libérez-nous des Libéraux.

    Sinon, il faut constater qu’avec le grand nombre d’options visant un même électorat nationaliste, comme c’est le cas présentement, le mode de scrutin devrait être réformé pour l’usage d’un vote « Alternatif » qui serait plus équitable envers toutes les formations politiques et permettrait de réduire le cynisme chez les électeurs.

    Le mode de scrutin « proportionnel » proposé par l’organisme Démocratie-nouvelle nous entrainerait constamment des gouvernement minoritaire.

    Vive le mode de scrutin « préférentiel » ou le vote dit « alternatif » !

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Vote_alternatif

  3. Va pour les chiffres, il y a eu désaffection. Bravo et merci pour le travail de collecte des données. J’ajoute que cette campagne a eu un bien mauvais ‘timing’. Elle a été précipitée, donc peu préparée, (sauf pour M. Legault), mais le charisme et la crédibilité sont déficients. La politique n’était pas « autrement » du tout, le plus ordinaire dans une époque de changements où la terre gronde sous nos pieds. Alors du pareil au même, avec des sempiternels discours vides, vides d’enjeux importants comme éducation et environnement. Le discours ‘économique’, est en fait de la vieille salade. Une joute de vieux politiciens sans charisme qui se renvoient la balle. Donc les électeurs mous n’ont pas eu l’énergie d’aller voter, désenchantés. On a tourné le dos à l’ordinaire. Je prédis beaucoup de maux aux libéraux car ils l’auront aussi, leur purge. Toutes ces discussions, réflexions sont intéressantes. C’est un temps absolument propice pour commencer, renaître, régénérer et innover la souveraineté.

  4. Je ne lirai pas tous les commentaires qui sont sûrement très intelligent , mise à part ceux qui prétendent que le discours pour la naissance d’un pays est dépassé. Le mien est que la tergiversation et l’analyse vous a mené à votre perte. Vous auriez du suivre l’élan donné par M. Péladeau. Aujourd’hui, plus de « quelle est donc la raison? », nous aurions eu une élection sur l’indépendance et aujourd’hui nous saurions où ce rêve en est . Un jour, il faut prendre le taureau par les cornes et de vous lire en train de faire des analyses , alors que vous aviez en main le pouvoir, me rend tellement triste. vous l’avez joué mollement sur un supposé océan tranquille, alors que les fédérastes fourbissaient leurs armes, contrôlaient les médias, et vous enflaient la tête par un sondage CROP de 40% , le piège à petits bourgeois. Pas que triste, en colère.

    • Juste d’écrire comme vous le faites. On peut d’ailleurs se demander si ce fameux sondage octroyant une cote populaire au PQ de 40% n’était pas arnaque… Les stratèges du PQ ont mordu dessus comme une mouette affamé fonce sur un éperlan. Pourquoi ne pas avoir simplement attendu car la CAQ ne semblait pas disposée à renverser le gouvermement … enfin pas à court terme. Sans compter qu’un gouvernement péquiste renversé aurait pu au moins dire au peuple québécois : »Voyez la dépense électorale qu’on vous oblige à payer ». Enfin, Pauline Marois, après avoir traversé tant de crises de leadership a probablement fossoyé l’option souverainiste … et peut-être même le PQ.

      Pas de quoi être fier !

  5. Je ne suis pas convaincu de votre démonstration. Elle apparait juste, mais elle repose sur une arithmétique superficielle. Il serait à mon avis préférable d’évaluer les transferts par une méthode plus sophistiquée.

    1- Par analyse de régression au niveau des 125 circonscriptions. Les observations ou variables seraient le nb de vote de chaque parti, et le nb d’abstention dans chaque circonscription. On régresse le vote PQ 2014 sur le Vote PQ 2012, le vote PLQ 2012, le vote CAQ 2012, le vote QS 2012 le vote autres 2012 et l’abstention 2012

    On fait la même chose avec le vote PLQ 2014, CAQ 2014, QS 2014 et les abstention 2014. On obtiendra des coefficients de régressions qui indiqueront l,ampleur des transferts.

    2- On refait l’exercice au niveau des sections de vote (on doit s’assurer de la concordance) ou des secteurs. On aura beaucoup plus d’observations. On peut faire l’exercice par section de vote pour chaque circonscription. On aura alors un portrait des transferts par circonscription.

    3- On utilise une méthode plus sophistiquée la régression hiérarchique (HLM regression) en ayant comme unité de base les sections de votes et ensuite au niveau hiérarchique supérieur les circonscriptions ou mieux le type de circonscription (regroupées en fonction de certains critères tels la langue, l’âge moyen, le revenu, l’appartenance politique, etc..). Les résultats seront plus fiables.

  6. Le PQ a perdu les élections parce que la population n’en peut plus de ce parti complètement dépassé. L’analyse est aussi simple que ca. Les années 70 ont pris fin avec l’année 1980 et la première défaite du référendum, vous semblez l’oublier. On ne veut plus entendre parler des méchants anglos, des méchants Canadiens, des méchants droitistes. Changez de discours, les gens vous suivront peut-être, ne changez pas et disparaissez.

  7. Rien n’aurait été plus instructif pour le genre d’exercices qu’on vient de lire, est d’avoir fait un échantillon du vote à la sortie des urnes, comprenant un questionnaire sur les changements d’allégeance, les origines des votants, etc. Interroger de vraies personnes plutôt que faire des déductions forcément très lacunaires.

    Un bon protocole: des comtés bien choisis (et pourquoi pas tous, quelques dizaines de bénévoles auraient suffi à la tâche), des bureaux de vote bien choisis, un questionnaire socio-démographique et sociologique bien pensé, les raisons invoquées pour justifier un vote.

    Sondage relativement simple à réaliser. Cela se fait dans d’autres pays, tels la France où les résultats sont d’ailleurs publiés dans les journaux le lendemain du vote.

  8. Vous ne parlez pas de l’effet de troupeau (ou effet de sondage) qui a mon avis est un facteur majeur. Les Québecois ont tendance a voter en troupeau. Ça n’a pas nécessairement grand chose de rationnel. Lorsqu’un parti commence a monter dans les sondages, il y a un effet de momentum. Les autres se disent ‘faisons comme eux, suivons le troupeau’. Même chose à l’inverse quand un parti commence a baisser, tout le monde se met à fuir. Regardez la monter spectaculaire du NPD aux dernières élections fédérales. Et puis si l’élection aurait continuer quelques semaines, je crois que la CAQ aurait pu continuer sur sa remontée, au point de prendre le pouvoir je sais pas, mais pourtant ils n’avaient pas d’équipe. Les Québecois peuvent rapidement changer d’idée.

    Un sociologue, je ne me souviens pas du nom, disait que les Américains sont dans l’action, les Canadiens sont dans la réflexion, et les Québecois sont dans l’émotion. C’est drôlement vrais, et ça peut expliquer bien des résultats qui semble irrationnel.

  9. M. Lisée, comme vous l’avez évoqué dans votre article « Jeunes Québécois : Canada adieu », la question de l’appartenance au pays n’est plus à remettre en question pour une majorité de Québécois, du moins francophones. C’est aussi ce qu’a génialement exprimé Pierre Foglia dans cette fulgurance : « De facto, le Québec est séparé du Canada émotivement, spirituellement, intellectuellement, mais aussi idéologiquement, culinairement, sportivement, agronomiquement (de moins en moins de cornichons), scientifiquement, géographiquement, poétiquement, linguistiquement, musicalement, esthétiquement, philosophiquement, économiquement, sexuellement, absolument, totalement. Et cela n’a rien à voir avec M. Harper (Foglia, « Les grands titres »).

    Quelle(s) peur(s) la perspective de l’indépendance soulève-t-elle réellement ? J’ai parlé de l’insécurité des retraités. Mais que dire de celle des jeunes qui vivent encore chez leurs parents à l’âge de 30 ans, qui ne se mettent pas en couple avant d’avoir entièrement meublé leur appartement et s’être acheté une voiture, ce qui repousse à 35-40 ans l’âge où ils fondent un foyer. Et après il leur faudra élever leurs enfants, etc. Pour eux, la peur de l’indépendance n’est pas d’ordre idéologique, mais bien économique. Celui qui voudra les convaincre qu’ils n’ont rien à perdre ferait mieux d’arriver avec un état des revenus et dépenses en bonne et due forme, ainsi qu’un bilan financier incontestable. Ces chéris ont grandi dans le confort, et ont bien l’intention d’y rester. Bien malin celui qui les fera se lancer dans la Grande Aventure de se bâtir un pays sans garanties extrêmement sûres. Le beau roman de la souveraineté ne les enchante plus. Ils veulent des chiffres.

    Idem pour tous ceux qui ont quelque avoir, allophones, anglophones, bourgeois d’Outremont, entrepreneurs, etc. Seuls les chiffres peuvent les arracher à la CAQ et au PLQ.

  10. Ayant abandonner le Parti québécois pour la première fois cette année, je me permet de vous faire part des trois raisons qui ont motivé ma désaffection. Je le fais car je constate que ces raisons sont en contradiction avec les conclusions que vous tirez dans cet article.

    1. La souveraineté
    Je ne me considère pas comme un « pur et dur » ou comme un « souverainiste pressé », mais je suis de ceux qui crois que le rôle du Parti québécois est d’être en campagne permanente pour l’indépendance. Lors de la dernière campagne, vous avez plutôt tenté d’escamoter cet enjeu. Mathieu Bock-Côté a mis le doigt sur le problème en demandant si le Parti québécois devrait, à l’avenir, tenter de se faire élire malgré la souveraineté ou par la souveraineté.

    2. La Charte
    Comme la grande majorité des québécois, j’appuyais intégralement la Charte de la Laïcité. Ce que je déplore, c’est son utilisation bassement électoraliste. Et par électoraliste, j’entends le déclenchement précipité des élections (à l’encontre de l’esprit de la loi sur les élections à date fixe), le ton populiste de Bernard Drainville (qui dit défendre nos valeurs… mais les défendre contre qui? contre quoi?), le maintien (heureusement abandonné) du crucifix à l’Assemblée nationale, le recours à Mme Jeanette Bertrand, etc.

    3. L’environnement
    Pour moi comme pour plusieurs électeurs de la jeune génération, l’environnement n’est ni plus ni moins que l’enjeu du siècle. À l’heure où les experts les plus crédibles (GIEC, NASA, etc.) sonnent l’alarme, nous n’avons pas besoin que de bonnes intentions (électrification des transports), mais de courage politique. Aucun parti progressiste ne peut se contenter d’une note de 46% au bulletin concocté par les groupes environnementaux (voir : http://www.greenpeace.org/canada/Global/canada/file/2014/03/Tx14-03-31_ElectionsNotesFinales.pdf ).

  11. Merci à Mme Marie Y. L. pour avoir doné le lien suivant:
    http://www.lapresse.ca/le-soleil/dossiers/elections-quebecoises/201208/15/01-4565384-bernard-landry-denonce-larrivisme-de-francois-legault.php

    Indépendamment de la fourberie de François Legault qui, de toute évidence, n’en a que pour son intérêt personnel (je crois me souvenir qu’il avait invoqué des raisons familiales pour justifier sa démission du PQ suite à sa défaite contre Pauline Marois), il est rafraîchissant de voir que, dans l’opposition pour quatre ans, le PQ a les coudées franches pour consacrer les sommes nécessaires, de concert avec le CSQ, à la démonstration de la rentabilité de la souveraineté du Québec. Si je comprends bien, une partie du travail a déjà été accomplie par François Legault. Les ténors de la souveraineté (les Parizeau, Lapointe, Duceppe, Paquette (Gilbert et Pierre), Landry, Bernard, …, la liste est très longue) doivent résolument et sans tarder s’atteler à la tâche de faire connaître les tenants et aboutissants de la souveraineté, pour le plus grand bien de la société québécoise, sans exclure qui que ce soit. Si les fonds manquent pour payer la publicité, une levée de fonds parrainée par le CSQ s’impose.

    • Correctif

      C’est en 2005 que François Legault s’est désisté de la course à la chefferie du PQ en invoquant des raisons familiales. En juin 2009, suite à un désaccord avec Pauline Marois sur l’à-propos de parler d’indépendance, il démissionne, ne voulant pas continuer à travailler dans l’opposition.

  12. Pour les élections, mon interprétation est par ordre d’importance la suivante:

    1) La psychose référendaire – La venue de PKP a joué à fond sur la psychose « référendaire » latente de l’électeur québécois moyen, particulièrement l’électeur de la CAQ, en plus de renforcer disons marginalement le soutien à Québec Solidaire.

    En effet, l’électeur moyen de la CAQ est peut-être un souverainiste déçu, mais il demeure convaincu que le temps n’est pas propice à un 3e référendum. Il est temps d’exorciser l’épouvantail « référendum » qui fait probablement davantage peur que la « souveraineté » ou carrément « l’indépendance ». Il se peut même que l’électeur francophone moyen ait davantage peur de la tenue d’un 3e référendum que du projet de pays.

    Si seulement, PKP avait joué la carte de l’économie, par exemple en portant le projet « d’électrification des transports » voire de « l’indépendance énergétique », lui qui siège sur le CA d’Hydro-Québec, il aurait sans doute gagné des électeurs de la CAQ.

    2) La corruption – L’annonce en pleine campagne que l’UPAC avait visité les bureaux du PQ a ramené les souverainistes déçus à la CAQ. Sans compter la performance de François Legault. Par contre, je suis porté à croire que la corruption est moins omniprésente au PQ qu’au PLQ. Mais M. Couillard a réussi à mettre cela derrière lui.

    3) La Charte – Le projet de Charte était mal fagoté, contenait de nombreux irritants, et le PQ avait adopté une attitude autoritaire. Les Québécois n’aiment pas la chicane.

    Le projet de Charte a renforcé la base du PLQ et éloigné certaines minorités pourtant favorables à la culture française.

    De plus, le projet de Charte était présenté comme une priorité du gouvernement reléguant au second plan des questions importantes liées à l’économie comme l’électrification des transports qui aurait été un thème plus rassembleur.

  13. L’ebranlement causé par la défaite du 7 avril nous ammènes à nous requestioner, ce n’est même plus une question d’élaborer une stratégie ou de développer un argumentaire solide et convaincquant. Le mieux pour l’instant serait de profiter de cette atteinte « du fond du baril » pour mieux rebondir. Et dans l’immédiat, question de bien profiter de toute cette énergie, il est urgent de déterminer dans quelle direction la diriger. Je parles de cette énergie du désespoir lorsqu’on craint que tout soit perdu. Combien sommes nous à en être là aujourd’hui?…. J’entends (je lis) des commentaires de toutes parts: Faudrait renseigner, éduquer, informer…. Oui! Mais allons nous le faire sur un mode qui exclu la participation. Et pour celà, nous allons attendre, longtemps, longtemps…. (bien des saisons)… que l’on se soit trouvé un autre messie. Ou enfin!… Que celui-ci s’impose, comme de raison, pour nous guider vers une accession en apothéose vers la souveraineté. Je dois avouer que j’ai toujours ressenti un immense inconfort avec cette approche. Je la trouve même franchement ridicule. Le morceaux m’a toujours apparu plus gros que la gueule était capable de l’avaller. Il y a pourtant, dans l’énergie du désespoir, une certaine rage, qui bien canalisée, pourrait être précieuse. Allons-nous attendre que cellle-ci s’essoufle?…. Mde. Marois avait ça de bien qu’elle n’avait rien d’un messie. Elle savait bien s’entourer et bien utiliser son entourage. Peut-être que nous sommes sur la bonne voie, beaucoup plus qu’on le pense. Faudrait peut-être juste voir, si on pourrait pas faire les choses autrement.

  14. Plusieurs raisons peuvent expliquer la défaite du PQ dont les suivantes :

    – La décision de décréter une élection le 7 avril sans attendre de subir la défaite en Chambre alors que la Loi des élections à date fixe était en vigueur et surtout sans avoir expliqué que cette Loi ne s’appliquait pas à un gouvernement minoritaire. Ce qui en a choqué plus d’un comme si le PQ n’avait pas respecté la Loi !

    – La décision de laisser traîner le débat sur la Charte au lieu de s’entendre avec la CAQ et d’accepter sa proposition sur les signes religieux alors que pendant ce temps, la polémique augmentait et que les médias électroniques et que la Presse et le Devoir recommandait d’y aller progressivement.

    – La décision d’attendre à la dernière minute pour faire adopter la Loi mourir dans la dignité, Loi dont le PQ aurait pu se donner le crédit et dont aucun parti n’a parlé durant les élections.

    – La décision de suspendre le témoignage du conjoint de Madame Marois après l’élection alors qu’il n’y avait pas de « deal » et qu’il n’avait rien à se reprocher. Cette décision n’a fait qu’entretenir la suspicion ainsi que le cynisme des électeurs.

    -La décision de laisser Madame Marois seule à faire la campagne au niveau national sans se faire accompagner, en plusieurs occasions, par des personnes appréciées par les électeurs et qui font de la Politique Autrement comme Véronique Hivon.

    – Le poing levé spontané ou imprévisible du candidat Péladeau sans évaluer les conséquences de son geste alors que le référendum n’était pas programmé, que le sujet a traîné dans le paysage à l’avantage du Parti libéral qui en a fait ses choux gras. Si bien que lorsque Madame Marois a annoncé qu’il n’y aurait pas de référendum, personne ne l’a cru.

    – Le refus du PQ durant 18 mois de prendre l’initiative visant à regrouper les forces souverainistes des 3 partis. Ce qui entraîne, faut-il le répéter, l’effritement des votes souverainistes. Ce manque d’initiative envoi un bien mauvais message aux électeurs alors que paradoxalement le slogan de campagne était « Ensemble « .

    – L’absence de pédagogie portant sur la nécessité du Pays laissée de côté afin de poursuivre l’objectif de gouverner et lorsqu’on forme le gouvernement l’on s’empresse de glisser l’option sous le tapis. Toutes ces occasions manquées face aux décisions du gouvernement Harper.

    Pour l’avenir que faire !

    Désormais, un Virage grand V s’impose. Virage reposant principalement sur l’organisation d’États généraux portant sur l’Avenir du Québec avec la participation des 4 partis souverainistes que le PQ devra convaincre de la nécessité de leur présence à ce front commun.

    Partant delà, un programme sera rédigé, dont la défense et la promotion sera faite par un nouveau chef élu au suffrage par tous les membres des partis souverainistes. Ce chef pourrait provenir aussi bien du PQ, d’ON, de QS que du BQ. Voilà ce qui s’appelle une Coalition élargie qui décide pour une fois de ne pas se tirer dans le pied mais de travailler Ensemble.

  15. Les chiffres semblent en effet parler d’abstention péquiste. Il ne faudrait pas pour autant croire que cette démobilisation péquiste est une forme circonstancielle (déficit d’affection pour Marois, méfiance face à une charte électoraliste, etc.) d’attentisme qui se transformera en retour au bercail pour peu qu’on trouve au PQ la formule magique. C’est peut-être aussi une reconfiguration en cours, une première étape vers une migration des votes loin du PQ la prochaine fois, en fonction des enjeux de la prochaine campagne.

    La position du caucus du PQ face à la rationalisation des dépenses de l’État va être assez difficile à développer de façon cohérente. De Guy Leclair à PKP en passant par JFL, le spectre est assez large et sinueux pour s’y perdre. Le PLQ et la CAQ risquent de plutôt bien s’entendre quant aux termes du débat. Le PQ arrivera-t-il à demeurer pertinent sans succomber ensuite aux guerres intestines et aux frondes de sa frange plus à gauche?

    Bock-Côté prône une course à la chefferie préalable aux grands questionnements. On le comprend. Son poulain est PKP et si ce dernier lorgne la chefferie, comme on le suppose, il serait un bien piètre défenseur des valeurs péquistes plus traditionnellement pro-travailleurs, qui teinteraient à n’en pas douter un recalibrage défini par la base avant l’élection d’un nouveau chef.

    Il reste qu’un PQ se dotant d’un nouveau chef avant que la base n’ait pu redéfinir le parti à sa guise sera déserté par ceux pour qui le militantisme péquiste est indissociable d’une tension créative (qui peut parfois prendre des allures de guerre civile larvée) entre la base et l’exécutif national.

  16. C’est fou, chaque fois que M. Lisée donne des chiffres, les commentaires sont négatifs.

    Les chiffres n’expliquent pas tout, mais on ne peut pas s’en tenir aux émotions et aux incantations.

  17. Il y a un détail qui vous a peut-être échappé. Selon moi, la performance du PQ lors des élections de 2012 a sans doute été dopé par le vote étudiant. Il y a aussi le facteur « Charest » qui a peut-être amené momentanément certains électeurs libéraux vers le PQ.

  18. :Un seul petit commentaire. Tant que vous ne comprendrez pas l’impact de la charte et sur l’élection et sur l’adhésion des jeunes à votre formation politique vous n’aurez pas d’avenir!

    • Si on accepte l’hypothèse de l’abstention de nombreux péquistes, il n’en découle pas forcément en effet qu’ils soient restés chez eux à cause de l’inéluctabilité d’une victoire libérale.

      Je crois moi aussi que la Charte y fut pour beaucoup. Nombre de péquistes ont des principes fondamentaux qui transcendent la volonté du pays. Incapables de cautionner la Charte ou de voter pour un autre parti pour marquer leur désapprobation, ils se sont abstenus.

      C’est la lecture que j’en fais. 58% des gens qui appuyaient la Charte souhaitaient tout de même en faire évaluer la conformité constitutionnelle par les tribunaux avant son application. L’évocation de la clause dérogatoire a pu en faire rester une bonne portion à la maison. Ils étaient en faveur de balises normées mais pas pour une instrumentalisation de la Charte en vue de conflits lancinants avec le ROC.

  19. encore ces partisans de l’oubli de la souveraineté!
    si on compte tous les votes qui ne sont pas allés au plq, le seul parti pro-canada, fédéraliste absolu, on en arrive à la conclusion que la souveraineté n’est pas morte; elle n’est tout simplement plus associée au pq (option nationale, qs…et même la caq plus nationaliste que fédéraliste)

    et le problème. il est là: le pq est-il souverainiste ou veut-il prendre le pouvoir pour être un bon gouvernement! pas très vendeur comme idée: tous les partis font cette promesse du bon gouvernement; en quoi le pq serait-il, par définition selon les péquistes, le seul parti pouvant faire un bon gouvernement?

    dans le blog précedent de m. Lisée, l’auteur nous présente comme à son habitude des tas de réflexions et de positions différentes en réussissant comme un bon péquiste à n’en choisir aucune!!!

    camille bouchard ou louis bernard: choix simple mais pas pour m Lisé, pas pour mme marois, pas pour tous ceux qui veulent leur job de députés pour vendre la souveraineté (ou pas parce qu’il ne faut pas faire peur à personne, faut un consensus avec une frange de la population qui ne voudra jamais de ce consensus)

  20. Je me rends compte qu’il y avait une ellipse dans mon énoncé. Il aurait fallu commencer par dire, comme l’ont écrit de nombreux commentateurs, que les dernières élections ont été vécues par la population essentiellement comme un référendum sur l’indépendance. PKP a cristallisé les peurs de la réalité d’une telle éventualité. D’où la fuite, même de la part de certains péquistes, vers la CAQ ou le PLQ.

    «Lors du référendum de 1995, j’eus l’occasion de rencontrer une personne [morte depuis] dont je savais qu’elle avait été indépendantiste depuis sa jeunesse… »

  21. Démonstration très claire que, encore une fois, les souverainistes se sont battus eux-mêmes.

  22. Lors du référendum de 1995, j’eus l’occasion de rencontrer une personne dont je savais qu’elle avait été indépendantiste depuis sa jeunesse. En tant qu’avocate elle avait même défendu un membre éloigné d’une faction du FLQ. Il ne pouvait y avoir d’indépendantiste plus pure et dure. Or j’appris qu’elle avait l’intention de voter NON au référendum. Très choquée, lorsque je fus en sa présence je lui demandai franchement ce qui pouvait bien motiver un tel retournement. Elle me répondit qu’elle arrivait à l’âge de la retraite et qu’elle ne voulait pas la vivre dans la précarité (où elle se trouvait déjà).

    Je pensai alors que si même ELLE avait pu tourner casaque pour de telles raisons, bien d’autres indépendantistes moins convaincus pourraient le faire.
    D’où l’importance, comme le dit M. Lapierre de « démontrer par A + B que le peuple québécois, de toutes allégeances et de toutes origines, va y gagner à être séparé du système fédéraliste canadien ».

    Tiens, on pourrait peut-être le demander à M. Legault, lui qui fut l’auteur d’un budget de l’an 1 d’un Québec souverain. Il est aussi l’exemple type du Caribou qui retourne sa veste. Vous savez quoi, je le soupçonne de vouloir la retourner encore une fois après avoir mis le Québec en « pénitence » pendant dix ans. Car il veut être Celui qui aura conduit son peuple vers la Terre promise.

    M. Landry affirme que « grâce à ce fameux budget hypothétique, publié en 2005, M. Legault, qui a quitté le navire péquiste en 2009, en venait à la conclusion que l’accession du Québec à sa souveraineté se traduirait par un gain de plusieurs milliards de dollars par année.
    « En éliminant les chevauchements et en rapatriant tous les impôts et taxes versés à Ottawa, le Québec souverain pourrait engranger des surplus de l’ordre de 17 milliards $ en cinq ans, dégageant du coup “une importante marge de manoeuvre budgétaire”, assurait M. Legault.
    « […] Dans son document d’une cinquantaine de pages, M. Legault concluait que non seulement le Québec souverain était financièrement viable, mais que son appartenance au Canada constituait un handicap sérieux.
    « “Dans l’état actuel des choses, les gouvernements provinciaux au Québec sont presque réduits à l’impuissance. La situation ne s’améliorera pas dans un avenir prévisible”, écrivait-il alors.
    « Comme c’est le cas aujourd’hui, M. Legault accordait une grande importance à l’éducation. Il disait alors qu’il ne voyait pas comment le Québec pouvait s’attaquer à des problèmes comme le décrochage scolaire et l’accès égal pour tous, sans être un pays souverain.
    “Il est difficile de concevoir comment ce projet pourra voir le jour tant que le Québec ne disposera ni des moyens ni de la liberté pour faire ses propres choix”, écrivait-il.
    « Il ajoutait alors, en 2005, que lors de la prochaine élection, “la population du Québec aura alors à trancher entre deux scénarios: celui de la province de Québec privée des moyens et des leviers décisionnels pour son développement et celui d’un Québec souverain qui aura la marge de manoeuvre et la liberté politique nécessaires pour se doter d’un projet de société crédible et emballant, celui d’un pays plus prospère et plus solidaire” ».

    http://www.lapresse.ca/le-soleil/dossiers/elections-quebecoises/201208/15/01-4565384-bernard-landry-denonce-larrivisme-de-francois-legault.php

    «Je ne pense pas, et je ne suis pas le seul à penser comme cela [a dit M. Legault], que dans un avenir prévisible, il y aura une majorité de Québécois qui vont appuyer la souveraineté du Québec. Donc il faut sortir du déni, il y en a qui l’ont fait, qui ont joint la Coalition, puis il y en a comme M. Landry qui l’ont pas encore fait ».
    Et puis François Legault ne ferme pas la porte à tout jamais à un référendum sur la souveraineté du Québec. UNE OPTION QUI DEMEURE LÉGITIME, SELON LUI. »

    Donc c’est clair, l’option de mettre en veilleuse la question de l’indépendance est déjà prise par la CAQ. Il n’est alors pas question pour le PQ de créer un doublon. Cela ne le servirait en aucun cas. On peut objecter que dans ce cas la CAQ raflerait la mise, reportant aux calendes grecques le fameux référendum. Mais il vaut peut-être mieux jouer le tout pour le tout et expliquer clairement les avantages de la séparation (ou de la « sécession » comme dit Stéphane Dion, ha ha !).

    • Pour compléter votre commentaire j’ avoue que j’ai énormément hâte que vienne le jour ou on nous donnera des chiffres précis sur ce que nous donnons à Ottawa par nos impôts, nos taxes etc.Sans compter l’ argent que nous devons débourser pour le gouverneur général remplaçant la reine au Canada. Et oui, le Canada est encore considéré comme une colonie Britannique et si nous nous offusquons chaque fois qu’on parle d’ un voyage de la Reine au Canada parce qu’ on ne veut pas payer pour elle, il est certainement intéressant de savoir que chaque fois que la Reine se déplace pour aller visiter ses colonies, le Canada collabore pour défrayer les dépenses encourues par sa Majesté! De plus, pourquoi n’a-t-on jamais dit aux Québécois combien de m illions de dollars ils ont donnés à l’ Angleterre à chaque année. Je pense que l’on a aboli maintenant ces beaux cadeaux à sa Majesté mais il est intéressant de savoir que cela se faisait. Les gens comprennent quand on touche à leur porte-monnaie alors allons-y avec des chiffres et ils vont finir par comprendre qu’ on sera beaucoup plus riche en étant libre du Canada et de l’ Angleterre.
      Il y a d’autres ex- colonie britanniques qui se sont libérées alors pourquoi pas le Québec?
      Québec, un pays souverain et indépendant capable d’ auto-gestion de ses richesses et de sa culture!
      Pourquoi accepte-t-on de toujours ramper devant Ottawa? De toujours quémander? Cessons de donner notre argent et nous en aurons pour nos propres valeurs.

  23. A la lecture des résultats de l’élection du 7 avril 2014, je crois que le choix du chef est plus important que le programme du Parti Québécois.

    Lorsque René Lévesque nous a proposé la nationalisation des compagnies d’électricité, après avoir fait exécuter des études sérieuses par ses jeunes fonctionnaires bardés de diplômes, il a pu nous proposer un plan concret et emballant.

    Le Québec doit être en mesure de rêver de projets porteur bien expliqués et qui emballera la population.

    Actuellement, le Québec est meurtri par la collusion, la corruption et l’idée qu’il sera impossible de se payer des programmes pour ceux et celles qui sont dans le besoin.

    La peur fait contraste avec la confiance qu’inspirait Lévesque avec la nationalisation des compagnies d’électricité, projet qui a ouvert toutes les portes à une jeunesse de plus en plus instruite.

  24. Je viens d’apprendre que le ministre de l’éducation viens de saborder le cours d’histoire au collégial. L’histoire n’est pas neutre elle est écrite par les vainqueurs. Et ici et maintenant c’est ce vainqueur qui massacre notre langue comme notre histoire. Mais il faut mieux pas de cours d’histoire du tout qu’une histoire aseptisée par un médecin qui se pique de pédagogie.

    • Sachant de quel côté penchent habituellement les profs de cégep, cette initiative puait la propagande bon marché faite sur mesure pour crinquer les jeunes électeurs. C’était cousu de fil blanc.

  25. Ce texte démontre jusqu’à quel point Jean-François Lisée a besoin de prendre encore plus de recul. Il ne sait pas expliquer pourquoi « ses propres électeurs péquistes de 2012 ne se sont pas présentés aux urnes ». Il n’a pas compris qu’il donne une piètre raison quand il nous dit: « les électeurs centristes … sentant la victoire libérale inévitable … ont décidé de ne pas voter. » C’est simpliste et navrant.

    D’autre part, il est convaincu que « les non-francophones se sont mobilisés. » Faux. C’est le Parti Québécois qui a mobilisé les non-francophones non seulement avec la question du référendum mais encore plus avec la charte de la division et de la chicane, explication qu’il rejette avec « il est impossible de lui attribuer la chute de vote observée. » L’électeur soi-disant péquiste en a tout simplement marre de la division et de la chicane, de la déstabilisation de la société québécoise. Lisée et son complice Drainville n’ont pas encore fait leur deuil d’une charte avec son libellé que tout le monde a compris : « Charte des valeurs québécoises : Parce que nos valeurs (à nous les Québécois de souche), on y croit. » La charte de l’exclusion.

    Aussi longtemps que les indépendantistes n’auront pas compris la « chute de la participation au vote », aussi longtemps ils resteront à la marge de 33% de la société québécoise. Aussi longtemps les Canadiens français du reste du Canada seront confiants de voir ce grand pays accueillant, le Canada, recevoir toutes les cultures de la terre sans discrimination ni exclusion, avec tolérance, respect et dignité.

    • Vous faites fausse route, il n’a ni chicane ni division de la part des Péquistes. La chicane date de longtemps avec Trudeau et ces trumperies, l’imposition d’une constitution unilinge qui n’est pas inclusive, une charte qui impose le multiculturisme, les defamations journaliers dans la presse Anglophones, la aines des autres, regarder dans votre cour avant de blamer les autres.
      Moi je suis non-francophones et comme beaucoup de mes amis non-francophones on appuie la charte des valeurs, et on va insister qu’elle sera adopté.
      En parlant de pourcentage, les 30% des votes acquises au PLQ c’est eux qui resteront à la marge de la vraie société québecoise.

  26. C’est un problème, ces péquistes dépressifs avec leurs états d’âme .Ça nous prendrait une thérapie de choc. Beaucoup de commentateurs parlent de la
    détermination des Libéraux; je pencherais plutôt pour le manque d’imagination et l’idée fixe qui leur simplifient singulièrement la vie. Ils sont disciplinés et obéissants comme des petits soldats. Peut-on humainement suivre leur exemple sans dommage? Ils ont une motivation puissante,concrète en tous cas.

  27. M. Lisée, je sais que vos détracteurs vont vous accuser de tous les maux: refus de voir la réalité en face (à savoir que le PQ est fini), positionnement en vue de la future course à la chefferie, etc. Je suis un peu impatient de voir et d’en t’entendre les ténors du mouvement souverainiste se lancer dans une vaste campagne de motivation souverainiste, mais je constate avec plaisir que vous êtes en train de jeter les bases d’une telle opération, et ce de manière rationnelle et structurée. Comme vous l’avez dit, il va falloir plusieurs saisons avant une course à la chefferie. Pour l’immédiat, il faut analyser la situation et déclencher la mobilisation de toutes les forces souverainistes dans le but de démontrer par A + B que le peuple québécois, de toutes allégeances et de toutes origines, va y gagner à être séparé du système fédéraliste canadien.

  28. Moi je suis un  »centriste qui se dit souverainiste » qui a toujours voté PQ et qui a voté CAQ cette fois-ci.

    Parce que vous semblez avoir oublié que vos électeurs, et les souverainistes, ne sont pas seulement la base de pur et dur ; mais aussi des centristes pour qui votre campagne de peur quasi-raciste à la Front National puait énormément au nez et était impossible à soutenir. C’est Janette Bertrand qui a finit par me faire voter CAQ…

    Le côté positif, selon moi : Si la charte et le référendum ont supposément mobilisé les électeurs Libéraux, et bien ils ont mobilisé moins de 30% des électeurs du Québec.

    Aussi : 16 ans de pouvoir Libéral à peu près consécutifs serait une bonne opportunité pour unir l’Opposition. Unir ceux qui ne sont pas Libéral et qui votent dans le vide depuis 16 ans.

    • M. Renaud, 1.Je ne crois pas du tout que vous êtes péquiste, car vous auriez su que le projet de charte de la laïcité était inscrit dans le programme du PQ depuis 2008 au moins. 2. Le projet de loi 60 n’était ni xénophobe, ni raciste : notamment, laïcité dans les organismes de l’État, publics et parapublics, et ce pour tout le monde et pendant les heures de travail seulement. Parler de racisme, de Front national et de puanteur, et vous appuyer sur le seul témoignage émotif d’une dame de 85 ans pour accuser tous les pro-charte, voilà un parfait exemple de propos outranciers et de mauvaise foi intellectuelle. Ceux qui accusent les autres de racisme sont la plupart du temps les premiers à en tirer profit. Je vous laisse deviner lequel…

  29. Cher monsieur Lisée,

    M’étant abstenue, à ce jour, de faire des commentaires écrits sur les causes de la défaite du PQ afin d’analyser et de décanter tout cela, je me sens prête à faire un bilan personnel.

    Ainsi, après de nombreuses discussions avec mes proches parents et amis péquistes, je crois que les causes de cette débandade sont les suivantes (sans entrer dans les détails) :

    1- Le manque de charisme et de réflexes politiques adaptés de la chef du PQ. Excellente numéro deux, mais pas numéro un.

    2- L’influence délétère des journalistes et commentateurs de Radio-Canada, de la Presse de Power Corp, de certains de TVA et des grandes gueules des radios poubelles, unis pour taper constamment sur les personnes et les idées favorables à l’indépendance.

    3- L’absence d’éducation et de promotion des avantages pour TOUS les Québécois d’avoir un pays bien à nous. La promotion interne chez les partisans et amis réels ou virtuels ne suffit pas.

    Ma conclusion: Cap sur l’indépendance pour TOUS (de souche, anglos et allos), à visière levée, avec un ou une chef capable de s’adresser à toutes les couches de la population et de les faire vibrer au désir d’avoir un pays à notre image et à notre ressemblance.

  30. Revenons en à l’offre du PQ: Faire un pays.

    Pour plusieurs électeurs indécis (libres ou disponibles), c’est à dire ceux qui font et défont les gouvernements, l’offre était incomplète.

    Ce qu’ils voulaient entendre c’est : «voici les avantages, bienfaits et bénéfices qu’apportera la souveraineté. Voici ce qui ira vraiment mieux ensuite.»

    Malheureusement cette démonstration était absente. Tout tournait autour du référendum. Comme si nous n’avions pas compris que ce n’est qu’une étape du parcours et pas une fin en soi.

    Le PQ avait l’élection dans la poche (et cloué le bec aux autres partis) s’il avait clairement dit «il n’y aura pas de référendum dans le prochain mandat, nous nous emploierons à vous expliquer clairement la valeur ajourée du pays. Et au prochain mandat nous irons de l’avant.

    NOUVEAU POINT DE VUE

    Naguère la mise en place d’un pays était vu comme l’ultime moyen pour préserver la culture francophone.

    Or en cette époque de mondialisation et d’internet les choses sont différentes.

    Depuis la guerre, si on regarde l’expansion de la culture anglophone à travers le monde on peut constater que sa force et sa rapide propagation planétaire repose sur au moins deux facteurs:

    1 Ce sont les américains qui ont gagné la guerre
    2 C’est la culture pop anglophone qui a envahit le monde dans les années 60 (Beatles, Rolling stone, etc)

    Tout à coup la culture anglophone devenait incroyablement sexy et attirante pour les jeunes en mal de nouveauté.

    Or, ce fut un raz de marée qui s’est répandu en mode «réseau » en non pas en mode «pays».

    Les jeunes furent séduit par cette culture, non pas parce qu’elle reposait sur des pays, mais parce quelle était véhiculé par le réseau planétaire des médias.

    Il y a là une leçon. La culture francophone survivra si elle capitalise sur son réseau francophone mondial.

    Le temps des réseaux comme pôles de regroupement et de survie est arrivé…

  31. Il vaudrait mieux que le PQ examine la tendance de l’électorat depuis l’élection de 1998. À cette élection, le PQ a conservé le pouvoir, Lucien Bouchard avait encore du charisme, mais le PLQ a obtenu plus de voix que le PQ.

    Puis le PLQ a gagné en 2003, 2007 et 2008. Le PQ a ensuite obtenu le pouvoir pour 18 mois avec seulement 32% de l’électorat malgré les nombreux soupçons et l’usure du pouvoir subis par le gouvernement Charest. Le PLQ en 2012 a obtenu 31% des voix. Et 41,5% des voix le 7 avril dernier. Alors que les appuis au PQ sont tombés à 25% soit à peine plus qu’en 1970, alors que le PQ se présentait pour la 1ère fois devant l’électorat québécois.

    La seule conclusion valable quand on regarde l’évolution de l’électorat depuis les 15 dernières années est que les Québécois se sont détournés du projet indépendantiste et ne veulent plus en faire un enjeu électoral. Si le PQ conserve son projet fondamental et se présente aux élections de 2018, la seule conséquence sera la division des électeurs progressistes pour le bénéfice de la droite réactionnaire.

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