Couple Québec/Canada: l’inconfort et l’indifférence

quebec-referendum-300x225Pour la fête du Canada, le sondeur IPSOS-REID a eu la bonne idée de faire en sorte que les Canadiens, du moins les deux peuples fondateurs, s’échangent des vœux.

Et on peut traduire la chose ainsi: « Je ne t’aime pas, moi non plus ! ».

En clair, la moitié des Canadiens anglais n’ont rien à cirer (I don’t really care) que les Québécois quittent le Canada. Pas seulement les Albertains (57%) mais aussi, ce qui est politiquement très significatif, les Ontariens (50%).

Les Québécois ? Un « fardeau »

On avait eu un avant-goût du sentiment acidulé du Rest of Canada (ROC) envers nous en mars dernier lorsqu’un sondage Léger/QMI avait révélé que davantage de Canadiens hors Québec estimaient que le Québec était « un fardeau » (43%) plutôt qu’un atout (39%).  Les Albertains étant les plus certains de notre état de fardeau (57%), les Ontariens étant également divisés.

En mars, 60% des sondés canadiens estimaient déjà que le Canada se porterait « aussi bien » ou « mieux » (20%) avec le Québec dehors que dedans. 60% était la réponse ontarienne, dépassée bien sûr, à 69%, par les Albertains.

Cette fois-ci, IPSOS-REID leur a aussi demandé si, en cas de souveraineté, il devrait y avoir une « association économique et politique » entre le Canada et le nouveau pays. Le mot politique est évidemment chargé et je ne suis pas surpris qu’on trouve de bonnes majorités contre (53% en Ontario, 57% en Alberta), même s’il y a beaucoup d’indécis.

N’achetez pas tout de suite vos sièges pour la prochaine « manif de l’amour »

Les commentateurs qui glosent sur ce sondage évoquent d’eux-mêmes le lien, ou plutôt la cassure, avec l’immense « manifestation de l’amour » par laquelle des milliers de Canadiens étaient venus nous dire, à trois jours du référendum, combien nous étions chers à leurs yeux.

John Ivison, qui écrit dans le National Post, résume la chose ainsi:

Un point tournant est peut-être atteint qui rendra inévitable le découplage [du Québec et du canada]. Depuis longtemps, l’idée d’être partenaire du Canada n’a plus été un élément important de l’identité québécoise. Il semble que cela ne compte plus beaucoup, aussi, pour l’identité d’un nombre croissant de Canadiens.

Intéressant qu’Ivison écrive « Canadians » et non pas « Canadians outside Québec ». Le découplage a déjà eu lieu, dans sa tête.

Dans La Presse, ce matin, un politologue renommé de l’Est du pays, Donald Savoie, prend la mesure du désamour qui affecte le Québec dans le ROC et avise ses lecteurs fédéralistes que, lors d’un prochain référendum, ils seront bien seuls:

Il se pourrait fort bien que nous marchions aveuglément dans une tempête parfaite. Les Canadiens n’en sont plus où ils étaient en 1995 sur la question de l’unité nationale. Les Québécois devront, plus que jamais, mener eux-mêmes la lutte pour le Canada tout en sachant que le reste du Canada s’est désintéressé de leur bataille.

Heureusement qu’on est sympas !

Reste que, dans cette année de réjouissance monarchiste, de célébration de nos victoires communes de la guerre de 1812, dont tout le monde parle autour des BBQs, ces expressions de mauvaises humeurs canadiennes-anglaises à notre égard pourraient nous rendre grincheux, si nous n’étions pas, par ailleurs et universellement reconnus tels: très sympathiques.

Erreur ! Un autre sondage, de la maison Abacus celui-là, nous révèle ce vendredi pré-fête du Canada que nos voisins ne nous trouvent pas sympathiques du tout !

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On pourrait le prendre mal !

Ah, j’oubliais: Bonne fête du Canada !