Déchiffrer l’élection de 2012

Nous avons quelques éléments, à cinq jours du vote, pour dégager de la masse de données fournie par les électeurs, quelques données essentielles. Voici mon tri:

11

C’est le nombre de circonscriptions supplémentaires que le Parti québécois aurait pu emporter, n’eut été de la division du vote souverainiste. Il aurait donc obtenu un gouvernement majoritaire, avec 65 députés. Ce calcul est celui de Bryan Breguet, du site Too Close to Call:

Dans ce billet, je regarde le nombre de comtés où le PQ a perdu et l’écart a été moindre que 50% des votes QS+ON. J’y vais à 50% car c’est une bonne approximation des deuxièmes choix des électeurs de ces partis. Il serait faux d’aller à 100% car si QS et ON n’existaient pas, ce n’est pas vrai que le PQ récupérerait 100% de leurs votes.

Alors, combien? La réponse est 11! C’est très proche des simulations que j’avais faites durant la campagne. Eh oui, si QS et ON n’existaient pas (sauf dans Mercier et Gouin), il est vraisemblable que le Parti Québécois aurait remporté 65 sièges, le PLQ seulement 42 et la CAQ 16. On pourrait même ajouter 4 comtés où bien que l’avance soit supérieure à 50% des votes QS+ON, cela aurait été proche (Groulx, Mégantic, Nicolet-Bécancour et Montarville).

Les 11 comtés en questions sont: Jean-Lesage, La Prairie, L’Assomption, Laurier-Dorion, Maskinongé, Papineau, Richmond, Saint-Henri-Saint-Anne, Saint-Jérôme, Trois-Rivières et Verdun.

La division du vote a donc bel et bien nuit au PQ davantage qu’en 2008.

74,6%

C’est le taux de participation, très élevé pour une campagne estivale. Après un niveau historiquement catastrophique de 57,4% en 2008, nous sommes revenus dans la zone de bonne santé démocratique. C’est excellent. Un des principaux effets des élections à dates fixes, promises par le PQ et la CAQ, est d’habituer les jeunes électeurs à voter, pour freiner ainsi la tendance à la baisse de la participation. Les scandinaves ont beaucoup à nous apprendre là-dessus.

5 %

Ou plus précisément 5 points de pourcentage, c’est la sous-évaluation faite par les sondeurs du vote libéral. Nous avions vécu ce phénomène lors de l’élection de 1998 et, pendant la dernière campagne, je lisais avec inquiétude les analyses de Claire Durand, de l’Université de Montréal, qui estimait sur son blogue que ce vote était en effet sous-évalué. Les nombreuses corrections qu’elle a introduites n’ont pas permis de prédire avec précision le niveau de cette sous-évaluation, mais c’est elle qui s’est la plus rapprochée de la marque finale. Cette sous-évaluation est essentielle pour la suite des choses.

65/34

Le premier chiffre, 65%, est la proportion des électeurs qui ont voté pour le parti de leur choix, de celui qui répond le mieux à leurs aspirations, selon le sondage Léger/Devoir/Gazette de ce samedi. C’est même 70% chez les électeurs francophones. Mais le tiers (35%), ont voté pour empêcher un autre parti de prendre le pouvoir. Une proportion qui monte à 56% chez les anglos.

20%

Un électeur sur cinq a pris sa décision de vote soit la fin de semaine précédant le vote (5%), soit le jour de l’élection (9%) soit dans l’isoloir lui-même (6%). Dans une lutte serrée, rien n’est donc vraiment joué avant la toute fin !