Droit canadien: une langue officielle… invisible !

nhIXsF_PX1mEy_Bilingualism-150x150Jean Leclair, professeur de droit à l’Université de Montréal, n’est pas un séparatiste. Je le sais pour avoir débattu publiquement, et très civilement, avec lui.

C’est donc assez gravement qu’on doit lire l’opinion qu’il a publiée sur lapresse.ca dimanche dernier (pardonnez mon retard) au sujet de l’absence de bilinguisme d’un nouveau juge à la Cour suprême.

Dans ce débat, on a souvent invoqué l’incapacité des juges unilingues à entendre les plaidoiries, médiocrement traduites, des procureurs québécois. Leclair affirme que ce n’est pas là que le bat blesse. C’est dans la conception même du droit, dans la doctrine:

dans des litiges intéressants des questions aussi fondamentales que le partage des compétences dans la fédération canadienne, le sens et la portée à donner aux droits et libertés inscrites dans la Charte canadienne et même dans la Charte québécoise, un juge unilingue anglophone est incapable de savoir ce qui se pense en langue française.

Il envisage donc le débat d’un point de vue qui est avant tout celui d’un Canadien anglais. Bien sûr, ce point de vue n’est pas complètement étranger à celui des juristes québécois, n’exagérons rien. Il n’en demeure pas moins très différent sur la question du partage des compétences par exemple.

Il n’y a pas que les juges unilingues qui sont sourds aux approches québécoises du droit, écrit Leclair:

J’ai toujours été frappé de constater que plusieurs des gentlemen que sont mes collègues constitutionnalistes du Canada anglais peuvent disserter savamment sur le droit constitutionnel américain, anglais, australien ou autres, mais doivent s’excuser avec un sourire contrit quand je leur demande s’ils connaissent quelque chose de ce qui s’écrit en français au Québec.

J’aimerais qu’ils arrêtent de sourire, et que tout en apprenant le chinois ou l’espagnol, ils s’intéressent un peu au français.

Il n’y a rien à ajouter.