Éric Duhaime: la réplique de l’exterminateur!

Éric-DuhaimeLe cofondateur du groupe de droite Liberté-Québec, Éric Duhaime, que je connais bien, n’a pas totalement apprécié que je cite, dans ce billet, sa chronique du Toronto Sun — et des autres journaux de Sun News — ou il se réjouit de l’extermination du Bloc Québécois.

Voici ce que j’en écrivais:

Pour mémoire, Éric a été pendant plusieurs années conseiller de Gilles Duceppe, avant de passer au Reform Party à l’Alliance Canadienne, puis à l’ADQ et plus récemment à Liberté-Québec. Lisons-le :

Pour planter le dernier clou dans le cercueil du Bloc, Harper doit maintenant respecter sa promesse de couper le financement public des partis politiques.

Selon la loi actuelle, le Bloc pourrait encore recevoir 1,8 millions $ par an des contribuables canadiens. Ce financement est probablement la meilleure — sinon la seule — raison restante de justifier l’existence du Bloc.

Avant leurs résultats désastreux de lundi soir, avec 50 députés, le Bloc ne pouvait pas récolter de fonds substantiels de sa base de militants. Imaginez la difficulté, maintenant, avec quatre députés et pas de chef.

Alors qu’ils n’ont plus de raison de chialer contre le Canada et sans un sou venant de vos portefeuilles [Duhaime parle aux Ontariens], le Bloc pourrait bien ne plus avoir de raison d’exister. Si et quand il mourra, espérons qu’il y aura un rappel sur la tombe du Bloc pour souligner le rôle de Harper comme exterminateur.

Le concept de « petite gêne » ne semble pas exister dans la conscience de cet ancien conseiller de Gilles Duceppe.

Éric m’écrit:

Salut Jean-François!

J’aimerais simplement apporter quelques précisions au sujet de ta chronique “Message du ROC: Ne parlons pas Qc!”. D’abord, je n’ai JAMAIS été conseiller du Reform Party. J’ai adhéré à l’Alliance canadienne après que le parti de Preston Manning se soit sabordé.

Deuxièmement, contrairement à ce que tu mentionnes, mon message au sujet du financement public des partis politiques fédéraux ne s’adressait pas exclusivement aux Ontariens. Cette chronique a été publié dans plus de trente journaux, partout au Canada. J’ai même fait une intervention sur le même sujet, jeudi soir dernier, à l’émission de Mario Dumont à V-Télé.

Ce n’est pas parce que, comme de nombreux Québécois, j’ai participé à la vie démocratique du Bloc que je vais aujourd’hui me taire (ou me garder une “petite gêne”) sur ce que je considère être un parti politique sans raison-d’être dans le Québec de 2011.

Si d’ex-bloquistes s’étaient aussi fait entendre un peu plus ces dernières années au lieu de se laisser museler par la garde rapprochée du chef, le Bloc n’agoniserait peut-être pas autant aujourd’hui.

Le mouvement souverainiste aurait intérêt à prendre acte du rejet du Bloc par l’électorat plutôt que chercher un bouc-émissaire. La complaisance au nom de la cause n’aide personne.

Le Québec sort affaibli au lendemain de la dernière élection fédérale à cause de l’incapacité du Bloc de se moderniser ou de se saborder. Et ça, ce n’est certes pas la faute des électeurs.

À bientôt,
Éric Duhaime

Ma réponse:

Salut Éric,

Merci pour ces précisions. Je corrige donc dans le texte: tu étais à l’Alliance Canadienne et pas au Réform. Quant à ton opposition au financement public des partis politiques, je confirme que tu souhaites en tout temps que l’État ne s’en mêle pas et que les riches puissent davantage peser sur les messages politiques que les pauvres.

Cependant lorsque tu écris en anglais pour des lecteurs canadiens-anglais que c’est leurs taxes qui paient pour le Bloc — et non celles des électeurs québécois du Bloc –, tu renforces un stéréotype anti-nationaliste québécois. Assume.

Je défendrai jusqu’au sang ton droit à la liberté d’expression, y compris celle de n’avoir aucune gêne.

garcia1Cependant je ne peux m’empêcher de constater qu’à l’heure où Claude Garcia, qui avait dit lors du référendum de 1995 qu’il fallait “écraser” le mouvement souverainiste, est maintenant président de la commission politique de l’ADQ, Éric Duhaime, co-fondateur de Liberté-Québec, donne, en anglais, des conseils à Stephen Harper sur comment “exterminer” un parti — le Bloc — qui a reçu 23% des voix au Québec, donc davantage que le parti de Harper (16,5%).

Et davantage, pendant que j’y pense, que l’ADQ (16%). Devrait-on aussi « l’exterminer » ?

Bien cordialement,
Jean-François