Incarner la laïcité et l’ouverture: l’état de ma réflexion

Je vous jure, on en apprend des choses en remontant le fil des communiqués officiels de notre premier ministre canadien, M. Justin Trudeau.

En trois mois, de la fin mars au début juin, le chef du gouvernement d’un pays du G7 a confirmé que 1) la Reine Esther et son oncle Mordecai ont bel et bien sauvé le peuple juif de Perse, quoi qu’en disent les historiens de l’Antiquité; 2) Jésus Christ est bien mort et ressuscité, quoi qu’en pensent les Canadiens pratiquant d’autres religions; 3) Bouddha a réellement vécu et il faut donc en célébrer la vie et les enseignements, même si la trace historique reste, disons, ténue; 5) le prophète Mahomet a bel et bien reçu le Coran grâce à une révélation divine.

Évidemment, il n’y a rien de nouveau ni de condamnable à ce qu’une figure politique, y compris un chef de parti ou de gouvernement, souligne dans une déclaration – de plus ou moins 144 caractères, cela importe peu – la fête religieuse d’une partie des citoyens.

M. Trudeau et ses communiqués offrent cependant le parfait exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Multiculturel jusqu’au bout des ongles, notre premier ministre semble avoir décidé qu’il devait également être multiconfessionnel et revêtir successivement les croyances, et en certains cas les vêtements, de chaque grande religion pratiquée au Canada. Le fait qu’elles soient en plusieurs cas intrinsèquement contradictoires ne semble pas l’indisposer.

Le problème réside dans la validation, par communiqué de l’État, de thèses religieuses. Ce n’est ni sa tâche ni sa place d’affirmer que telle ou telle croyance est réelle ou fausse. Les valider toutes ne change rien à l’affaire.

Il y a un second problème : quand célèbre-t-on, et valide-t-on, les convictions des 40% de Canadiens qui affirmaient l’an dernier ne pas se définir comme « une personne religieuse » et les 12% supplémentaires se décrivant comme des « athées convaincus » ? [1]

Même sans la dérive trudeauiste, la pratique voulant que des chefs politiques saluent les fêtes religieuses mérite réflexion. C’est exactement ce que j’ai indiqué lorsque mon collègue Alexandre Cloutier a souligné la fin du Ramadan, un événement effectivement majeur de la vie de nos concitoyens musulmans même si – il est bon de le savoir – les deux-tiers d’entre eux ne sont pas pratiquants. « Il faut réfléchir à tout ça » ai-je écrit dans un gazouillis, sans vouloir jeter la pierre à qui que ce soit.

Car c’est entendu : au XXIe siècle, les questions religieuses s’imposent pour de bon dans l’actualité internationale et locale. Les enjeux de la laïcité, de la neutralité de l’État, de notre rapport au religieux, modéré et radical, feront durablement partie de notre quotidien.

J’ai déjà établi le cadre dans lequel je concevais le vivre-ensemble québécois pour l’avenir. D’abord dans ma proposition de remplacer le multiculturalisme et l’interculturalisme par ce que je nomme la « concordance culturelle », qui invite chacun à partager le tronc commun qui définit ce qu’est être Québécois[2].

J’ai ensuite indiqué quels progrès réels, pour la laïcité et la neutralité de l’État, je souhaiterais réaliser dans le premier mandat d’un gouvernement que je dirigerais[3].

Cela ne dit cependant rien sur l’attitude que le chef de parti ou de gouvernement doit adopter avec les communautés religieuses. Il y a ses rapports personnels, évidemment. S’il est croyant et pratiquant, il croit et pratique en toute transparence, sans y emmêler la vie politique. (S’il souhaite assister à des rencontres de prière, il ne le fait pas en tant que premier ministre et n’y convie pas ses partisans, par exemple.)

Puis il y a ses rapports officiels. Je ne prétends pas qu’il y ait un seul mode d’emploi à cet égard, mais voici l’état de ma réflexion pour l’instant.

Si on peut voir les présidents de la CSN ou du Conseil du Patronat dans leurs bureaux, on peut certes rencontrer l’évêque à l’Évêché et le Rabbin dans son bureau de la Synagogue. Les chefs religieux sont des interlocuteurs valables de la société civile.

De même lors du décès d’une personnalité importante, il est normal de l’accompagner dans le rite, et dans le temple, de son choix.

Mais pour le reste, il me semble que le chef de parti et de gouvernement qui se veut un gardien de la laïcité et de la neutralité de l’État devrait s’abstenir de participer à des rituels religieux (ou faisant la promotion de l’athéisme, d’ailleurs). A fortiori d’en revêtir les symboles.

Il ne devrait pas cautionner, par sa présence, des pratiques religieuses consacrant, par exemple, l’inégalité entre les hommes et les femmes.

Idem pour les fêtes religieuses. Elles existent, il n’est pas interdit de les souligner mais, à mon humble avis, il est préférable que l’État ne s’en mêle pas. Ce serait, en tout cas, ma pratique comme chef.

Notre calendrier civil a pris comme jours fériés des dates qui sont issues de notre patrimoine chrétien (Pâques, Noël), qui les avait d’ailleurs recyclées de pratiques païennes antérieures et qui recoupent les fêtes de certaines autres religions. Leur célébration a donc perdu son caractère religieux.

Je comprends la volonté de se montrer ouvert à l’autre en saluant des moments forts de leur vie. Mais il me semble important de trouver d’autres façons de le faire. Signaler systématiquement les fêtes religieuses contribue, il me semble, à définir les communautés par la religion, plutôt que par leurs autres attributs.

La vie communautaire de nos citoyens d’origine nord-africaine ou moyen-orientale ne se réduit pas à son aspect religieux. J’ai célébré le 24 juin avec la communauté kabyle, on m’a vu au lancement du Festival du Monde Arabe ou au banquet annuel où la communauté maghrébine remet des prix à ses membres les plus talentueux.

Saluer les fêtes nationales des pays d’origine des plus importantes mères patries de nos communautés est également une façon de démontrer l’estime qu’on leur porte. J’étais ainsi présent à la célébration de la fête nationale roumaine, plus tôt cette année, de celle de la République italienne, le deux juin dernier, et je compte saluer ces fêtes nationales chaque fois que je le peux. (Je serai au pique-nique de la fête nationale française, à Longueuil, ce 14 juillet !)

Les communautés regorgent d’associations de professionnels, de chambres de commerce, d’événements culturels. C’est à leurs invitations qu’il faut répondre et on trouve, là, comme dans n’importe quelle autre association québécoise, des dévots, des non-pratiquants, des athées. On s’adresse à toutes et à tous, sans s’enfarger dans des différends théologiques.

J’ai plusieurs fois indiqué que, premier ministre, j’instaurerais une pratique robuste de recrutement de membres de la diversité pour que la fonction publique québécoise reflète enfin correctement la diversité sociale du Québec. J’ai proposé une série de mesures pour assurer le succès économique des néo-québécois[4].

Il ne s’agit aucunement, là, de religion. Il s’agit de travailler réellement, concrètement, passionnément, pour assurer le succès et l’intégration de tous les Québécois d’adoption. Il me semble que c’est ainsi qu’on fait la vraie preuve de son ouverture à l’autre.

Pour l’anecdote, le premier juillet, moi l’indépendantiste ai même tweeté, «  bonne fête à tous les Canadiens ». En français et en anglais !

Je pense être le seul candidat à la direction du PQ à avoir osé ce degré de respect de son prochain. Je compte récidiver l’an prochain, y compris et surtout si je suis choisi chef du Parti québécois.

Car le vivre-ensemble, cela doit exister aussi en politique.

[1] http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/11530382/Mapped-These-are-the-worlds-most-religious-countries.html

(StatsCan rapporte que 17% des Canadiens ne croient pas en Dieu http://www.ceetum.umontreal.ca/documents/capsules/2014/wilk-fr-2014.pdf)

[2] Le Québec forme une nation ; a une langue officielle et commune, le français ; s’est incarné dans une production culturelle principalement francophone riche et multiforme ; a produit un récit historique singulier ; se définit par son attachement à des valeurs universelles comme l’égalité entre femmes et hommes ; l’entraide et la concertation ; à son cheminement vers un État et une société de plus en plus laïcs ; à sa quête de justice sociale ; à son engagement pour la démocratie. Je propose d’enchâsser ces éléments dans une Constitution québécoise, débattue au préalable par une Commission parlementaire élargie (sur le modèle de Bélanger-Campeau) qui aurait statut d’Assemblée constituante proposant le texte à l’Assemblée. (Pour les détails, voir ma proposition #6 : Identité – un concept pour tous les Québécois : la Concordance culturelle)

[3] https://jflisee.org/leadership-laicite-une-approche-resolue-et-responsable/

[4] https://jflisee.org/immigration-rejeter-le-chiffre-de-lechec-trouver-le-chemin-du-succes/

 

* * *

Vous êtes plutôt d’accord ?
Joignez-vous à ma campagne

Voici les propositions que j’ai mise de l’avant
depuis mon entrée dans la campagne, le 16 mai dernier.

Proposition #1: Chasser les libéraux. Réussir l’indépendance. Dans cet ordre.

Proposition #2: Immigration : Le chemin du succès

Proposition #3: Santé : Gel de l’enveloppe de rémunération des médecins

Proposition #4: Inégalités sociales : Un Québec riche de son équité

Proposition #5: Sièges sociaux : Miser sur la Caisse de dépôt et le développement régional

Proposition #6: Identité : La concordance culturelle

Proposition #7: Priorité PME : Moins de paperasse, plus d’entrepreneuriat

Proposition #8: Laïcité – une approche résolue et responsable

Proposition #9: Compte à rebours 2022 !

Proposition #10: Anticosti – Enfin sortir des faux-fuyants !

Proposition #11: Incarner la laïcité et l’ouverture

Proposition #12: Le pipeline Énergie Est: Pourquoi il faut dire Non et Non !

Proposition #13 : Pour un processus d’évaluation et de consultation « digne du 21e siècle »

Proposition #14 : Développement régional : rétablir les budgets et reconstruire les outils de développement dans le respect des régions

 

30 avis sur « Incarner la laïcité et l’ouverture: l’état de ma réflexion »

  1. Dans son article publié ce matin dans le Huffington Post, Alexandre Cloutier justifie sa décision d’avoir offert ses meilleurs vœux à la communauté musulmane à l’occasion de à l’occasion de la fête de l’Aïd al-Fitr : « Lorsque l’occasion se présentera, je continuerai de souligner les fêtes et les moments forts de la vie des communautés culturelles qui contribuent à l’identité québécoise moderne. Parce que j’ai la ferme conviction que c’est en commençant par de tels signaux que le Parti québécois ouvre ses horizons et peut aspirer à rassembler davantage.
    « “Par-dessus tout” [pourquoi par-dessus tout ?] , je continuerai d’aller à la rencontre des Québécois issus de l’immigration et je proposerai des solutions concrètes aux problèmes particuliers auxquels ils font face – notamment en matière d’emploi et de discrimination. »

    Or, selon Immigration Québec, « plus de 120 communautés culturelles sont représentées à Montréal » et représentent 70 % des personnes nées à l’étranger et présentes au Québec.
    Alexandre Cloutier va donc avoir fort à faire, s’il veut être équitable et non démagogique, pour saluer « les fêtes et moments forts » des 120 communautés culturelles du Québec. Cent vingt jours dans l’année, il devra offrir ses vœux à une de ces communautés.

    « Parce que [dit-il] en 2018, le Parti québécois doit représenter une alternative au Parti libéral pour les Québécoises et les Québécois de toutes les origines. »

    On ne demande justement pas au PQ de se comporter comme le Parti libéral en courtisant la communauté musulmane, puisque, comme le souligne bien Jean-François Lisée, les deux-tiers de ses membres – non pratiquants – n’en demandent pas tant et ne veulent pas être identifiés par leur religion.

    Pas besoin de se promener en djellaba ou de porter un chapeau de plumes sur la tête pour être respectueux envers les communautés culturelles. On a compris qu’Alexandre Cloutier prend exemple sur Justin Trudeau et Philippe Couillard, et, en jouant à ce jeu, divise le Québec au lieu de rassembler.

    • EFFECTIVEMENT,LE PLAGIAT NE DOIT PLUS ÊTRE LE MOTEUR DE CES DYNAMIQUES ANÉMIQUES QUE SE REPRODUISENT CONSTAMMENT DEPUIS UNE QUARANTAINE D’ANNÉES….ET CETTE DÉMOCRATIE EN QUÊTE D’EXPANSION NE POURRA NON PLUS SE LIMITER À DES PROCESSUS ÉTROITS, À DES PROTAGONISTES INCONGRUS, À DES SIMULACRES INSTITUTIONNELS. 16.07.2016.Sylvain Houle.Trois-Rivières.

  2. Excellent texte M. Lisée.

    La pratique d’une religion est et doit être une question individuelle. Elle n’a pas à interférer dans le fonctionnement de l’État et dans les services rendus par celui-ci. Quand on arrive à Dorval et que sur 4 agents de douanes féminins, et 2 sont voilées (hidjab) , on se demande dans quel pays on arrive. Personnellement, je ne tiens pas à me faire recevoir dans mon pays par quelqu’un qui se considère comme un objet de tentation sexuelle pour les hommes ce qui l’amène à devoir cacher son corps (voilà le véritable sens du voile), et qui par surcroît ne me regardera probablement pas dans les yeux parce que je suis un homme. Si on donne le droit, en regard de chartes, à ces personnes de s’afficher en fonction de leurs valeurs, je suppose que j’ai aussi le droit en fonction de mes valeurs de refuser certaines choses. Et ne venez pas me chanter sur tous les tons qu’il s’agit là de racisme, de xénophobie. Si au nom de la charte, il existe une droit d’un côté, il en existe aussi un de l’autre. Tout cela pour dire que l’application de la laicité dans notre société doit être. Ce qui ne brime en rien, je le répète, la pratique individuelle d’une religion, la possibilité pour le gens de se promener sur la rue habillés comme ils le désirent et de se réunir dans des lieux de culte comme bon leur semble.

    PS: Je ne sais pas si M. Cloutier va souhaiter, le temps venu, une bonne fin de carême aux catholiques … à moins qu’il ne se rappelle pas du ridicule que nous imposait la religion catholique il y a 50 ans. Nous en sommes sortis, nous ne souhaitons pas retomber dans la glorification de ce genre de chose.

  3. Je ne pense pas que la réflexion des Cloutier & Co porte sur l’inclusion. Il s’agit de tentatives de gagner des points sur le terrain politique. Le problème est que ces élus ne perçoivent pas le danger qui menace à nos portes. Ce n’est pas l’Islam qui est en cause mais l’idéologie islamiste qui avance aujourd’hui sans masque en brandissant l’Islam comme un sac fourre tout dans lequel on trouve pèle mêle des revendications, des  » libertés » qui ne d’exercent pas dans les pays d’origine de ces aficionados qui se découvrent des vertus soudaines de libre choix. Le Parti Québécois autant que les libéraux provinciaux et fédéraux sont aveugles et aveuglés par leur ignorance. On ne brandit même plus le coran, ni la religion, ni la sunna, ni la tradition; on brandit l’islam dans son acceptation la plus restrictive.

    Envoi de Aziz Farès
    Journaliste, ( radio VM)
    Ecrivain
    Montreal

  4. Monsieur Lisée, J’espère de tout coeur que vous gagnerez cette course et dirigerez les troupes péquistes lors de la prochaine élection. Mon vote vous est acquis. Vos positions sur les sujets qui nous préoccupent sont claires et elles sont basées, cela se voit, sur une réflexion.

  5. C’est une vision du Québec que je trouve très intéressante et qui m’interpelle. Je compte sur vous, M. Lisée, pour représenter le PQ aux prochaines élections. J’ai terminé une maîtrise en éthique cette année et je suis d’accord avec vous qu’on ne gagne rien sans manifester de respect pour la diversité des opinions.

  6. Soit, la récognition et tolérance de la foi comme de l’incroyance de l’un d’autre ne devrait pas aller jusqu’à l’attribution de la vérité à chacune des expressions de la croyance et de l’incroyance par l’État ou par ses représentants dont les chefs de nos partis politiques. Je suis de tout coeur avec vous pour éviter de tels dangers de cohérence de notre discours.

    Par contre les souhaits à chacun des communautés religieux comme laïques lors des moments forts de leurs calendriers sont une façon de signaler nos liens sociaux même à ces moments que nous exprimons notre diversité. Les fêtes religieuses comme les événements culturels sont de tels moments. Nos concitoyens à prière ne sont moins nos concitoyens. Il faut aussi signaler combien nous tenons à eux à lors de leurs jours fériés.

    Vous avez bien dit que beaucoup des musulmans québécois ne pratiquent plus leur foi. Pourtant cela ne les empêchent pas de partager les fêtes avec des pratiquants en famille et parmi amis. Comme les juifs et les chrétiens aussi se réunissent entre eux pour les activités des fêtes qui portent une signification religieuses pour les uns, et laïque pour les autres.

    Un ami musulman qui m’offre cadeau d’une croix quand nous partageons le jeune de Ramadan ensemble fait un geste « laïc » qui exprimait ainsi une volonté de vivre ensemble sans contradiction.

    Je souhaite, M. Lisée, que vous accepte à l’avenir à partager des fêtes religieuses qui exprime la solidarité sociale des communautés québécois de toues origines. Ce n’est plus seulement les fêtes chrétiennes qui assument un rôle laïque au sein de la nation québécoise.

  7. Bravo M Lisée,

    Vous devriez cesser d’enseigner les bonne manières à M Trudeau, quelqu’un risque de perdre son emploi.
    Il faut se souvenir de Madame Houda Pépin.

    J’ai aussi changer d’avis à votre sujet; vous devriez gagner cette course.

    Admiration , Gaétan Genest.

  8. C’est très clair, c’est pour ça qu’il faut voter pour Alexandre Cloutier.

    • Voter pour M. Cloutier si ça vous chante, mais il faut me convaincre qu’il a un programme clair et beaucoup d’idées nouvelles. Moi , je les cherche encore car tout est flou chez Alexandre Cloutier. Ce qui n’est pas le cas avec M. Lisée vous en conviendrez !

    • Est-ce que M. Cloutier a plusieurs propositions ? Je ne crois pas. Je vous invite à lire celles ci-haut de M. Lisée. Tout y est et le reste s’en vient. Bonne lecture à vous et à Mohamed.

  9. Le multiculturalisme sera le fossoyeur des valeurs de liberté individuelle et d’égalité, conquises sur le despotisme de la force pure depuis plus de 800 ans, Magna Carta (Angleterre 1215), Habeas Corpus (Angleterre 1679), We The People (États-Unis 1776) Liberté, Égalité Fraternité (France 1789) puis syndicats ouvriers, vote des femmes, etc.. Le multiculturalisme est en train d’effacer tout ça par pure vanité. Les tenants du multiculturalisme sont persuadés que leurs valeurs sont tellement supérieures à toutes les autres, qu’elles n’ont même pas besoin d’être protégées.

  10. Bonjour à nouveau de Québec : Vous avez bien fait de me faire relire votre texte, j’y vois beaucoup plus clair. Il fallait le faire pour la fête du Canada en leur souhaitant dans les deux langues officielles bonne fête. On y reconnait votre humour un peu caustique pour préparer leur 150e. fête. Rien que pour ça j’espère que vous serez chef du P.Q. juste pour voir ce que vous leur réservez. Pour le reste, le mot clé est liberté, libre de pratiquer ou non une religion. On sait que des personnes connues on changé de religion et même de nom pour pratiquer leur religion choisie. Et elles ont raisons. Pour ma part cela fait 43 ans que je ne pratique plus la religion imposée à mon baptême, j’ai décidé ça quand j’étais en secondaire V, j’avais 16 ans. Sur le coup mes parents ne savaient quoi dire ou penser mais ils m’ont laissé libre de mon choix. Au fil des décennies je suis athée par élimination et par choix. J’ai ma petite idée personnelle sur la religion que je garderai pour moi. Encore une fois merci !

  11. « Notre calendrier civil a pris comme jours fériés des dates qui sont issues de notre patrimoine chrétien (Pâques, Noël), qui les avait d’ailleurs recyclées de pratiques païennes antérieures et qui recoupent les fêtes de certaines autres religions. Leur célébration a donc perdu son caractère religieux. »

    Vraiment? J’imagine que comme premier ministre vous allez nous souhaiter une bonne fete du Canada, vu qu’elle est « inscrite dans notre calendrier civil comme jour ferié » est qui n’a donc aucun caractère nationaliste.

  12. Félicitations pour la clarté du message.
    En effet, ce qui rapproche les peuples, ou les communautés à l’intérieur des peuples, ce sont fondamentalement les manifestations culturelles et sportives.
    C’est ce qu’on constate au niveau mondial autant qu’au niveau national des peuples.
    Ces manifestations s’incarnent et s’enracinent dans la vie communautaire où tous peuvent se rencontrer pour un moment ou pour une vie, en marge de toute appartenance politique ou religieuse.
    Les religions sont des véhicules de communication entre l’individu et son créateur à travers divers modèles de spiritualité.
    Les communications prennent la forme de rites ou de rituels, parfois personnels et individuels, parfois collectifs et communautaires.
    La grande diversité des humains, leur caractère sociable et la recherche de liens sociétaux entre eux ont amené, au cours de l’Histoire de l’humanité, l’émergence de rapports parfois positifs, parfois négatifs, parfois constructifs, parfois destructeurs, parfois dominateurs, parfois dépendants, porteurs d’épanouissement ou porteurs d’oppression.
    Même l’athé qui prétend venir du néant cherche à définir le néant d’où il est issu au risque d’énoncer une non définition de son origine ultime.
    Au Canada, les religions chrétiennes sont enchâssées dans la Constitution canadienne actuelle comme dans toutes celles qui l’ont précédée depuis le temps de la Nouvelle-France, en passant par les constitutions successives de la Conquête britannique.
    Les religions chrétiennes sont des religions institutionnelles.
    Elles comportent une hiérarchie, des règles de gestion et d’administration de la communauté et d’opération des activités communautaires, depuis le local jusqu’à l’international.
    Cependant, la pratique est un acte individuel, une adhésion personnelle dans laquelle l’individu est imputable à son créateur en son âme et conscience.
    Son salut est une question de relation personnelle à son Dieu, quoi qu’en dise ou quoi qu’en pense la société.
    Les aspects politiques du christianisme ont été minimisés voire évacués de la vie publique au gré du temps, au prix de révolutions sanglantes.
    Au contraire, l’Islam n’est pas une religion institutionnelle mais individuelle.
    L’Islam est aussi une religion politique par la nature des énoncés coraniques.
    Les imams sont des guides spirituels.
    Le croyant doit impérativement manifester sa foi en public. Le salut du musulman en dépend.
    Au moment du décès, l’imam demandera à la communauté si on a vu le défunt prier et pratiquer les règles de l’Islam.
    Si personne ne peut témoigner, son salut est compromis et la sépulture religieuse lui sera refusée.
    La manifestation de sa foi dans la pratique publique des rites religieux est donc fondamentale pour le musulman pratiquant.
    Les Chartes canadiennes et québécoises des droits et libertés individuels reconnaissent à tous les individus accueillis dans la nation canadienne et québécoise en tant que citoyen, et même aux visiteurs de passage, le droit au respect de leur liberté de religion.
    En s’appuyant sur ce droit individuel reconnu par la Constitution, les plus radicaux veulent obtenir par ce chemin, la reconnaissance constitutionnelle non plus de leurs droits mais des rites, rituels et pratiques mêmes, dont le contenu et la signification sont essentiellement politique.
    C’est là où nos gouvernements doivent faire preuve de vigilance et de clairvoyance en établissant clairement la ligne entre le religieux et le politique dans la vie des musulmans tout comme elle l’est dans la nôtre par la séparation de l’Église et l’État.
    Une large partie de la communauté musulmane d’origine y est favorable et le réclame, cette caractéristique de notre société étant le plus souvent un des critères décisionnels de leur émigration chez nous.
    La liberté de religion sur notre territoire n’est pas synonyme de reconnaissance constitutionnelle des us et coutumes à caractère politique de nations étrangères.

    • L’État est laïc. La société est pluralisme.

      Depuis quelque temps, nous glissons graduellement d’une laïcité de l’État à une laïcité de la société; un glissement indu, car l’expression publique et sociale de sa foi fait partie du droit de chaque croyant. Alors, tout élu qui ne croit ni en Dieu, ni au diable, ne peut refuser ni ignorer les religions.

      La communauté politique et l’Église sont indépendantes l’une de l’autre et autonomes. Mais toutes deux, quoique à des titres divers, sont au service de la vocation personnelle et sociale des mêmes personnes. Elles exerceront d’autant plus efficacement ce service pour le bien de tous qu’elles rechercheront davantage entre elles une saine coopération, en tenant compte des circonstances de temps et de lieu.

      L’indépendance mutuelle de l’Église et de la communauté politique n’implique pas ignorance et hostilité. Au contraire, elle appelle connaissance mutuelle et collaboration. La non-confessionnalité de l’État permet que toutes les composantes de la société travaillent ensemble au service de tous. Donc, la laïcité est une laïcité de distinction des domaines et de coopération des acteurs pour le bien commun de tous.

      Il y a une fausse laïcité qui se traduit dans les faits par une politique contribuant à accélérer un certain effacement du religieux; aujourd’hui tout un courant militant qui souhaite étendre la référence de l’espace publique à la laïcité, non seulement à l’État mais à la société entière, réduisant ainsi l’expression publique et sociale des religions. Il s’agit d’une forme de laïcisme qui veut enfermer le religieux dans le domaine du privé et de l’intime et lui interdire toute forme d’expression dans l’espace public.

      Une société démocratique est une société plurielle, où dans le respect de l’ordre établi, toutes ces expressions publiques des religions doivent pouvoir se manifester.

      La laïcité désigne la neutralité de l’État et son indépendance vis-à-vis les fois religieuses et des convictions philosophiques. L’État n’est pas soumis à aucune religion, ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas de relations avec elles. L’État n’ignore pas les Cultes puisqu’il assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice de ces cultes. Cela veut dire qu’il ne cautionne pas les religions dans le seul domaine des convictions personnelles, mais qu’il en reconnaît la dimension sociale. L’acte de foi est libre. Personne ne peut le contraindre ou l’interdire.

      L’État doit donc permettre à chacun, sans exception aucune, de pratiquer et de vivre sa liberté religieuse. Laïcité de l’État ne veut pas donc dire refus ou ignorance des religions. La laïcité de l’État lui interdit d’intervenir dans le fonctionnement interne des cultes. Pourtant, cela n’empêche pas certaines relations de courtoisie ou de bonne entente entre l’État et tel ou tel culte.

      Notre société a une ambition : être une société, non pas où les religions sont muselées, mais une société qui permet à celles-ci d’enrichir la vie sociale elle-même.

      Conséquemment, les relations Église-État peuvent et doivent donner lieu à un dialogue respectueux, porteur d’expériences et de valeurs fécondes pour l’avenir d’une nation.

    • Voulez-vous être plus clair parce qu’un mot ne révèle pas notre pensée, en tout cas pas sur ce sujet. Merci .

  13. Je me permets de partager la pensée de Gandhi et de son disciple Lanza del Vasto, car vous allez dans ce sens. Le politique laïc ne doit pas être au-dessus du religieux, mais en-dessous. Lanza del Vasto reprenait cette parole de Jésus : avant d’aller prier, d’offrir à Dieu, va d’abord te réconcilier avec ton frère.
    La laïcité française a échoué plusieurs fois en voulant se mettre au-dessus du religieux. Le multiculturalisme essaie d’être au même niveau, donc se mêle de quelque chose qui regarde les chefs spirituels. S’en tenir au fonds commun permet aussi de respecter les agnostiques et athées.
    Silence respectueux sur ce qu’on ne comprend pas.

  14. sauf que: « bonne fête à tous les Canadiens ». En français et en anglais !… pour quelqu’un représentant un peuple qui veut se soustraire aux entraves de cette autre nation… C’EST DIFFÉRENT! Le Canada nous retient de force en son enceinte par une guerre ouverte à tous nos efforts d’émancipation. Le Canada ne défend pas l’application de la loi sur les langues officielles, laisse le français disparaître. Au Québec, c’est en français que nous devons exprimer nos griefs à l’autre nation qui nous nie. Et la civilité n’a pas à nous mener à fraterniser jusqu’aux souhaits sociaux. Le vivre ensemble sera de mise quand nous aurons pris notre indépendance du Dominion de la Reine.

    • MUTISME SUR LA SOUVERAINETÉ DU QUÉBEC

      Comment se fait-il qu’on cherche encore à cacher que le QUÉBEC EST SOUVERAIN depuis 33 ans? C’est Mme Wynne, première ministre de l’Ontario, qui l’a mentionné à M. Couillard (LA PRESSE, 22 août 2014) en ces termes : « … le fruit n’était pas mûr pour une reprise des pourparlers visant à réintégrer le Québec dans le giron constitutionnel dont il est exclu depuis 1982. » EXCLU & RÉINTÉGRER ont-ils des significations ou sont-ils totalement vides de sens?
      Il reste – entre amis – à séparer les pouvoirs et à signer des ententes de gré à gré. Aucun impôt à Ottawa. Aucune autorité juridique canadienne. Aucune dette du Québec envers le Canada, au contraire.
      En 1982 : cela veut dire que le référendum de 1995 était illégal et monétairement inutile. Nous pouvons donc réinstaller la loi 101 comme nous le désirons.
      Nos prétendus partis politiques séparatistes n’en ont jamais parlé parce qu’ils sont devenus fédéralistes depuis Lucien Bouchard, le conservateur…avec son slogan « Attendre les conditions gagnantes ». Dans un projet, on n’attend pas les conditions gagnantes, on les provoque! Vous remarquerez que les partis prétendument séparatistes n’ont jamais fourni les raisons de la séparation et qu’ils n’ont jamais répliqué quand 650 000 Québécois ont payé plus d’impôts sur leurs dividendes que les autres Canadians; perte totale de 21% en 7 ans; ils n’ont pas répliqué non plus quand Ottawa a volé 14 milliards de dollars dans le fonds d’assurance-emploi (chômage) québécois.
      Bien qu’informés, les candidats actuels à la chefferie n’en touchent même pas le sujet, même pas pour le contredire.
      Mon député me dit que j’ai raison mais que le parti veut quand même faire un référendum; illogisme: un référendum pour sortir d’un contrat que nous n’avons pas signé grâce à René Lévesque.
      Le prochain référendum devra être préparé par les Québécois fédéralistes et les conditions que les anglophones veulent imposer aux francophones retomberont sur leurs propres épaules.

    • Monsieur Pépin, oubliez vos élucubrations. Si vous oubliez de payer votre impôt fédéral, vous verrez à quel point le Québec est souverain.

  15. Le problème principal, à mon sens, est que les fêtes religieuses ont parfois un réel impact sur la vie quotidienne, surtout s’il faut prendre congé pour les fêter contrairement aux pratiquants chrétiens (ou païens, sait-on jamais). En ce sens, la neutralité religieuse sur ces questions revient à cautionner les fériés chrétiens et, donc, favoriser les chrétiens par rapport aux autres pratiquants (ou aux non-pratiquants qui veulent fêter en famille). Si le chef rappelle les fêtes religieuses, c’est pour souligner leur existence et montrer qu’il supporte la communauté qui les pratique, ce qui permettra peut-être à un employeur peu ouvert de voir que la fête existe et est suffisamment importante pour qu’un congé soit justifié.

    • Si on allait jusqu’au bout, on remplacerait le fêtes religieuses, voire la semaine de sept jours. Mais aucun pays, laïque ou pas, ne l’a fait.

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