Indépendance: la franchise d’Amir

amirfrancoisedebat-150x150Je n’ai pour ma part aucun doute qu’Amir Khadir souhaite que le Québec devienne indépendant. Mais il a attiré l’attention sur les faiblesses de l’approche de Québec Solidaire dans une entrevue ce jeudi en affirmant :

« Une fois qu’on a défini notre projet de société, est-ce qu’on a besoin de l’indépendance comme outil ou pas? Alors, vous voyez que, dans notre perspective, c’est l’indépendance si nécessaire, mais pas nécessairement… »

Je le dis à mes amis de QS depuis des années: leur proposition d’Assemblée constituante qui mènerait à une constitution ensuite soumise à un référendum est une belle idée sur le papier. Lorsque le papier, l’encre et les auteurs sont réunis sur le Plateau. Mais dans la réalité politique québécoise en son entier, c’est une recette qui mène inévitablement à l’échec. Pourquoi ? Parce que les fédéralistes ne se laisseront pas faire.

Croyez-vous un instant que Paul Desmarais, le Parti libéral du Québec et du Canada, le gouvernement fédéral et le Parti conservateur et toutes les forces opposées à l’indépendance vont bouder le processus ? Au contraire.

Qui dit Assemblée constituante dit élections des constituants au suffrage universel.

Qui dit élections dit candidats avec des positions opposées.

Et il est certain que les forces fédéralistes vont se concerter pour envoyer à la Constituante une grande quantité de gens qui auront pour seul objectif de faire capoter toute possibilité que la discussion 1) se mène dans l’harmonie 2) conduise à la souveraineté.

Plutôt que le bel exercice démocratique imaginé par QS, cette assemblée sera celle de l’opposition entre visions irréconciliables.

Amir ajoute dans son entrevue que c’est « le peuple » qui va trancher. Il a raison. Il faut trancher, dans un référendum.

Penser que « le peuple » peut arriver à un consensus sur un sujet aussi crucial est un leurre. Entraîner les Québécois dans cette voie, c’est les entraîner vers un échec cuisant.

Et pour paraphraser Amir, je dirais que non seulement est-il certain que l’approche de QS ne mènera « pas nécessairement à l’indépendance », mais il est certain qu’elle n’y mènera absolument pas.

C’est peut-être désolant. Mais c’est comme ça.