Indépendance : voir la réalité en face, pour la transformer

Rien ne me ferait plus plaisir que de croire que nous puissions réaliser rapidement l’indépendance, que la victoire est à portée de main. Mais je crois qu’il incombe à un leader de bien lire la réalité, même si elle est désagréable. Sinon, on ne peut pas la transformer.

Ma collègue Martine écrit : « La logique qui mène à reporter l’indépendance à un hypothétique deuxième mandat repose sur l’idée que les Québécois ne seraient pas prêts. Même Jean Charest a affirmé que le Québec indépendant serait viable économiquement. »

« Les Québécois pas prêts » et « un Québec viable économiquement » sont deux choses distinctes. D’ailleurs, les analyses remises au président des États-Unis affirmaient dès 1977 « la viabilité d’un Québec souverain en termes économiques »[1].  La question, complètement différente, est de savoir si une majorité de Québécoises et de Québécois sont prêts à dire oui.

Il y a une tendance lourde depuis 1995 : la chute du nombre de Québécois qui sont, comme vous et moi, des indépendantistes décidés. C’est-à-dire ceux et celles pour qui l’indépendance est un sujet tellement important que cela va guider leur vote aux élections.

En 1995, nous étions 42% de décidés. En 2014, nous ne sommes plus que 28 %. Les autres ? Ceux et celles qu’on appelle les centristes, ce sont des gens qui doutent et qu’il faut respecter   …et convaincre. (Pour les détails, ici.appui-souverainete

Certains affirment qu’il y a 40% de Québécoises et de Québécois qui disent Oui dans les sondages. Il ne nous manquerait donc que 10% des électeurs, et le tour serait joué !

En fait, il n’y a qu’environ 33% qui disent vraiment oui, les autres sont des indécis répartis. Je ne vous conseille pas de vous lancer à l’attaque de l’adversaire avec des indécis dans vos rangs. Ils risquent de déserter à la première occasion ou de passer à l’ennemi.

Est-ce que cela signifie qu’il faut baisser les bras ? Tasser l’indépendance ? Devenir provincialistes ? Pas du tout. La situation était pire à la fin des années 1980 et, avec patience et constance, Jacques Parizeau a réussi à renverser la situation et nous conduire au résultat que l’on sait.

Avec mon Compte à rebours 2022, c’est exactement ce que je propose.

Notre tâche est d’élargir considérablement la base indépendantiste. La faire repasser de 28 à 40% de décidés et au-delà. Chez les jeunes, chez les aînés fédéralistes, dans la diversité québécoise, dans la région de Québec et en Beauce. En 24 mois ? Impossible. En six ans, absolument ! Si on voit la réalité en face, on peut la transformer. Ensemble, prenons le chemin des victoires.

[1] Dans l’œil de l’aigle, 6 avril 1990

6 avis sur « Indépendance : voir la réalité en face, pour la transformer »

  1. Bonjour M. Lisee, je veux vous féliciter pour votre victoire comme chef du parti Québécois. Aujourd’hui j’ai suis allé à l’urgence pour un problème de santé parce qu’il n’y avait aucune clinique medicale disponible. Qu’est il arrive a notre système de santé ? Le ministre Barette se pète les bretelles comme quoi notre système de santé se porte bien ,quel culot! .Nous sommes gere par des médecins et non par des gestionnaire . Nous sommes d’ailleurs gouverné par un médecin .Ceux ci ont pris la plus large part du gâteau , rien pour les autres et même avec cette augmentation faramineuse notre système de santé est en piteuse état . Je souhaites votre élection comme premier ministre pour chassez du pouvoir ces imbéciles libéraux ! Mario Palin

  2. Je me demande pourquoi les gens ont si peur du mot référendum. Il y en a eu deux et nous n’avons pas pris les armes; le lendemain, tout le monde était au travail et la vie continuait. C’est pas compliqué un référendum. À la question posée, on coche oui ou on coche non. J’espère Monsieur Lisée que vous remettrez Couillard à sa place avec son spectre de la peur; c’est avec ça qu’il a gagné les élections. Quoique dise les ténors de tout acabit, gardez bien en tête que ce sont les membres qui vous ont élus.

  3. Vous citez l’exemple de Parizeau qui a réussi à reconstruire l’idée souverainiste alors qu’elle était à son plus bas suite à l’échec de 1980. Cependant, et cela est majeur, Parizeau a pu bénéficier d’une crise constitutionnelle sans précédant dans notre histoire récente. Vous étiez, à l’époque, aux premières loges. Vous savez bien que les Québécois, à ce moment, réagissaient fortement à ce qui était un échec flagrant du projet canadien, avec le sort des Québécois décidé dans un parlement au Manitoba. Au début des années 90, tout le monde était devenu souverainiste. Le Canada avait échoué. Les gens étaient réceptif à un nouveau projet. Ma question est la suivante, croyez-vous que les Québécois peuvent être convaincu, simplement à force d’en parler, que l’indépendance est un projet politique intéressant? Ne faudrait-il pas une autre crise, une autre trahison du ROC, pour décider les Québécois à bouger?

    • De Québec : M. Chapdelaine, il y aura des élections fédérales en 2019 et qui sait si M. Trudeau sera toujours aussi populaire. Il a déjà commencé avec Énergie Est à se mettre les québécois(es) à dos. Il promet bien des choses qu’il n’a pas encore faits. Un autre qui nous aide beaucoup c’est M. Couillard et son parti. Ça va de mal en pis de semaines en semaines. En 2018, les Libéraux qui nous gouvernent seront au bout du rouleau. C’est certain que ce n’est pas comme en 1995, mais nous avons quelques éléments de base dont M. Lisée peu rajouter à cette liste. Merci.

  4. De Québec : Vous avez absolument raison d’attendre six ans. Il faut convaincre les gens car plusieurs de ceux-ci avaient abandonné le navire et enterré l’indépendance. Vous l’avez dit à Montréal l’autre soir, en 2007, le P.Q. a promis un référendum et nous avons formé la deuxième opposition officielle ! Tout est en place pour gagner en 2018 et on connaît le reste de votre proposition. On a du pain sur la planche, mais il faut se dire qu’on est capable de reprendre le chemin des victoires. Je vous appuie entièrement dans cette démarche référendaire.

  5. Monsieur Lisée dans les sondages de 1995, les indécis n’étaient-ils pas comptés dans le 42%. Il me semble que oui.

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