La réussite de chacun : un projet collectif

Allocution au Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM)Montréal, Le jeudi 26 avril 2018

La version prononcée fait foi (vidéo)

(Jean-François Lisée)

 Nous sommes venus à deux, aujourd’hui au CORIM, pour partager avec vous une des grandes ambitions qui nous animent. Nous avons d’ailleurs travaillé de manière collégiale, à deux têtes et à quatre mains, sur ce que nous vous présentons aujourd’hui.

Véronique et moi, et tous les membres de notre équipe, voulons offrir aux Québécois de faire, à l’occasion de l’élection qui vient, un choix essentiel. Un choix qui va marquer notre vie collective dès les prochaines années et donner des résultats pour les décennies à venir.

Si on devait revenir 60 ans dans le passé du Québec et choisir – dans le foisonnement de l’ensemble des chantiers ouverts et des réformes introduites – le principal levier de progrès de notre société, l’immense investissement collectif en éducation ressortirait comme la clé maîtresse de tous nos succès.

Il est presque irréel de rappeler qu’à l’époque, la scolarité moyenne du jeune Québécois francophone était plus faible que celle d’un Afro-Américain, pourtant victime de multiples discriminations. Aujourd’hui, malgré toutes les insuffisances qui assaillent notre système d’éducation, nos élèves de niveau secondaire sont dans le peloton de tête des résultats internationaux mesurés par PISA, et c’est à Montréal qu’on trouve un des pôles mondiaux de recherche sur l’intelligence artificielle. Quel incroyable chemin parcouru!

Investir en éducation était, à l’époque, la décision la plus porteuse. Culturellement, elle allait provoquer des générations de nouveaux créateurs et de nouveaux publics; économiquement, elle allait générer une population active mieux formée et plus productive; politiquement, elle allait poser les jalons d’une société qui sait à la fois débattre et, pas toujours mais assez souvent, trouver des consensus.

(Véronique Hivon)

 Il existe un autre bénéfice à cet investissement dans l’éducation. Un bénéfice moins immédiatement visible mais aussi – sinon plus – important, pour la qualité de nos vies à tous et pour la cohésion sociale : une plus grande mobilité sociale.

Une société qui permet, à grande échelle, aux jeunes de milieux défavorisés de prendre l’ascenseur de la mobilité et de la réussite est une société qui, elle-même, réussit. Les données disponibles montrent que le Québec se démarque, en Amérique du Nord et en Occident, sur ce plan fondamental.

Les chercheurs appellent ça « l’élasticité intergénérationnelle ». Au sud de la frontière, on appelle ça  « le rêve américain ». Dans les chiffres de ce tableau, plus l’indice se rapproche du zéro, plus la mobilité est grande. Plus le rêve se réalise.

On le constate clairement : le rêve américain, il se trouve en fait au Québec et au Danemark! Grande nouvelle, n’est-ce pas? En effet, le rêve américain, il se trouve beaucoup plus facilement au Québec ou au Danemark qu’aux États-Unis, où les modèles de classe sociale se reproduisent d’une génération à l’autre beaucoup plus qu’ici.

On ne réalise pas à quel point le maintien de la mobilité sociale est précieux. Il signifie que chaque jeune fille et chaque jeune garçon a autour de lui, dans sa vie familiale, dans sa communauté, la preuve tangible que l’avenir n’est pas figé. Que les études, le travail, la détermination comptent réellement. Que chacun a une vraie chance de réaliser ses rêves, quel que soit son point de départ social ou économique. Comme d’être une étudiante universitaire de première génération. Et, au Québec, nous en avons énormément. Le réseau de l’Université du Québec, qui a fait une étude à ce sujet en 2012, établit que selon les universités, on parle de 53 à 72 % d’étudiants de première génération. C’est très significatif et c’est très encourageant.

Ce sentiment d’avoir un avenir ouvert est capital. Il fait reculer le sentiment d’injustice et d’exclusion, la rancœur et l’isolement, ultimement la criminalité et la violence. Il est l’indispensable carburant de l’espoir. Et l’espoir, c’est beaucoup, surtout quand on a peu. Ça peut même être tout, quand on n’a rien.

 

(Jean-François Lisée)

 L’éducation, sous toutes ses formes, est donc la clé, mais ce n’est pas la seule.

Il ne fait aucun doute que le maintien d’une offre de services d’éducation ouverte à tous et de qualité est le moteur principal de cette mobilité sociale.

Encore faut-il que l’échelle sociale ne soit pas infranchissable, qu’on puisse passer entre chaque étage de la société, de ses soubassements à son sommet. Et il est maintenant acquis que l’accroissement des inégalités de revenus, depuis les années 1980 jusqu’à aujourd’hui, dans les sociétés avancées, est une entrave à la mobilité et à la cohésion sociales. Des travaux nombreux, dont ceux du Fonds monétaire international et de l’OCDE, convergent maintenant pour affirmer qu’une trop grande inégalité sociale est un frein, non seulement au sentiment de justice sociale et à la mobilité, mais également à la croissance économique elle-même.

Le Québec a subi, comme les autres sociétés occidentales, des pressions fortes en ce sens, mais résiste mieux que ses voisins, comme on le voit ici.

Vous nous avez souvent entendus, au Parti Québécois, dénoncer la dérive des hausses de rémunération faramineuses, dans le secteur privé comme dans le secteur public, encore cette année. Qu’on pense à Bombardier, aux médecins spécialistes, à Hydro Québec, à la Caisse de dépôt et à plusieurs autres. Des hausses qui n’ont aucune commune mesure avec l’enrichissement de l’entreprise ou l’enrichissement collectif et qui, à notre avis, sont néfastes pour le vivre‑ensemble.  Au gouvernement, nous voudrons proposer une culture de la modération pour les hausses futures.

Lorsque nous proposons un État fort – souple et efficace, mais fort –, nous défendons aussi l’idée que les services offrent un filet robuste contre les inégalités, qu’un État fort peut redistribuer la richesse, réduire la pauvreté, multiplier les passerelles vers le succès.

Un État affaibli ne peut pas y arriver. Nos adversaires politiques proposent de nous engager dans un cycle de baisses d’impôts et de taxes qui ne peut que réduire la capacité de l’État à maintenir son action. Nous faisons le pari de la franchise : nous n’allons ni réduire ni augmenter le fardeau fiscal des Québécois. Il faut voir la réalité en face : le nombre d’enfants en difficulté ne diminue pas, il augmente; le nombre d’aînés qui ont des besoins de soins à domicile ne diminue pas, il augmente. Ceux qui veulent priver l’État de ressources essentielles vont en fait priver les enfants et les aînés de services essentiels.

Un État fort, souple et efficace est donc une condition indispensable pour éviter une explosion des inégalités.

(Véronique Hivon)

 Moi, ce que j’ai envie de vous dire, c’est que si on s’éloigne des arbres et qu’on regarde la forêt, on peut constater que le Québec a fait globalement les bons choix, au cours des décennies. Notre défi, aujourd’hui, est de renouveler et de renforcer ces choix, alors que les pressions sont très fortes en sens inverse, pour l’affaiblissement de l’État, pour une place toujours plus grande au privé, donc – on y revient toujours – pour l’augmentation des inégalités.

 

Ce qui nous ramène à l’éducation pour tous et toutes, au sens large. C’est-à-dire l’éducation de la petite enfance jusqu’à l’université, en passant par la formation professionnelle et technique, mais l’éducation, aussi, tout au long de la vie, l’éducation en milieu de travail, l’éducation pour tous les décrocheurs. Les décrocheurs, souvent, d’abord, de la lecture et de l’écriture.

La réussite de chacun, un projet collectif, ça signifie faire passer le Québec à une vitesse supérieure pour offrir à toutes et à tous la chance de prendre l’ascenseur social tout au long de leur vie.

Nous sommes ravis d’avoir avec nous aujourd’hui des personnes qui ont tellement fait pour construire une première passerelle vers la réussite : le réseau québécois des centres de la petite enfance. Camil Bouchard, avec son  « Québec fou de ses enfants », a donné les assises, les arguments et le mode d’emploi. Pauline Marois a concrétisé l’idée de la plus belle et de la plus convaincante des façons, et en a assuré l’implantation, procurant au Québec – mais surtout aux petits Québécois – l’avancée en termes d’égalité des chances la plus importante des deux dernières décennies. Vingt ans plus tard, les résultats sont probants. Et, étude après étude, il ressort que la qualité des services de garde éducatifs en CPE est nettement plus grande que dans les autres modèles. Et ça, ça s’explique par l’importance de la formation des éducatrices, la qualité du programme éducatif et l’administration par conseils formés d’abord de parents, dans ce modèle d’économie sociale qui se révèle avec toute sa force à travers ce réseau.

 

Alors que nos adversaires privilégient des modèles d’affaires privés au détriment de la qualité, nous choisissons la qualité. La qualité, pour l’égalité des chances. La qualité, pour le dépistage précoce des difficultés. Notre gouvernement va redonner toute la place qui doit leur revenir aux CPE. Nous allons abolir la taxe famille issue de la modulation des tarifs établie par le gouvernement actuel, qui pousse littéralement des familles vers des services de moindre qualité, voire, pire, dans des services carrément non régis. Nous allons également revenir à une contribution universelle, la contribution de base actuelle, de 8 $. Et nous allons réduire le coût à 4 $ pour le deuxième enfant, et introduire la gratuité pour les autres enfants de la fratrie. Nous allons réduire le coût pour les familles modestes et offrir la gratuité aux familles gagnant moins de 34 000 $ par année

Mme Marois avait promis « un enfant, une place ». Nous devons maintenant visiblement prendre le soin de dire : « un enfant, une place… de qualité ». Aucun investissement n’a plus d’impact sur la mobilité sociale que l’investissement précoce, en petite enfance.  C’est le premier chemin de la réussite. Grâce à des gens comme Camil Bouchard et Pauline Marois, les bases du chemin sont solides. Nous allons nous assurer d’en compléter la construction.

 Pour l’éducation primaire, secondaire, pour les cégeps et les universités, beaucoup a été fait, mais beaucoup reste à faire. D’ici l’élection, nous allons présenter plusieurs avenues d’amélioration de la réussite en éducation.

Nous travaillons sur des propositions porteuses pour l’accès à l’éducation supérieure, notamment pour la diplomation des étudiants de première génération. Nous avons des idées pour attirer et retenir beaucoup mieux, à Montréal et en région, les étudiants étrangers. Nous réfléchissons à des pistes novatrices pour la réduction du décrochage, la réussite de la francisation, la formation continue en entreprise. Nous avons très hâte de dévoiler l’ensemble de nos mesures pour faire du Québec la nation la mieux instruite au monde.

Mais, aujourd’hui, nous voulons annoncer ce qu’aucun parti n’a annoncé dans le passé. Et, sans vouloir être trop partisan, il faut quand même se dire quelques évidences.

Toutes les personnalités politiques vont diront, la main sur le cœur, l’importance qu’elles accordent à l’éducation, à l’enfance, à la jeunesse, à l’alphabétisation.

Et, pourtant, nous avons été atterrés de constater que des compressions très lourdes de conséquences ont frappé les budgets relatifs à ces missions, ces dernières années. Puisque ces budgets ne sont pas une réalité désincarnée, ces compressions ont frappé de plein fouet les tout-petits, les enfants, les élèves, les étudiants et, au premier chef, les derniers qui devraient être frappés : les enfants qui présentent des vulnérabilités et des difficultés. Ils ont été privés des services, de l’accompagnement, de la bienveillance dont ils ont tant besoin.

À l’approche de l’échéance électorale, des sommes disparues dans nos écoles en 2015 et en 2016 réapparaissent comme par magie et, cyniquement, les prévisions budgétaires nous indiquent qu’elles disparaîtront encore, peu après l’élection.

Et, comme si ce tableau n’était pas assez pour alimenter la désaffection, un parti, celui du gouvernement actuel, propose de priver le système scolaire de 700 M$ de revenus par année en réduisant le niveau des taxes scolaires. Un autre, la Coalition Avenir Québec, veut doubler ce manque à gagner en réduisant de 1,4 G$ par année les taxes scolaires. C’est l’équivalent de 10 % du budget annuel du primaire et du secondaire qui disparaîtrait. Il faut le dire clairement : ces baisses de taxes ne sont pas soutenables et se traduiront inévitablement, d’ici 3 ans, par d’autres compressions.

Les budgets affectés à la jeunesse sont donc constamment tributaires des humeurs du moment de gouvernements qui cherchent à équilibrer leurs budgets sur le dos des plus vulnérables et des plus petits. Ces plus petits qui sont pourtant les plus importants.

Aujourd’hui, nous voulons tracer une ligne claire et définitive.  Il y aura, au Québec, une loi « anticompressions » en éducation. Une loi « bouclier ». Une loi bouclier contre les compressions qui affectent la protection, le développement et la réussite des jeunes.

Oui, nous ferons un geste fort, sans précédent. Nous allons protéger, dans une loi, les budgets des services de garde éducatifs, de l’éducation et de la protection de la jeunesse. Nous allons exiger que ces budgets soient reconduits en les ajustant chaque année pour assumer minimalement l’évolution normale des coûts – les coûts de système, comme on dit dans le jargon. Et un tiers indépendant, comme le Vérificateur général, sera chargé de s’assurer de son respect par tous les gouvernements qui se succéderont.  Ce sera le bouclier budgétaire pour l’enfance, l’éducation et la jeunesse. Une preuve tangible que nous voulons faire de l’éducation la priorité permanente de la nation.

À l’intérieur de ces sommes protégées, les aménagements et les innovations seront, bien entendu, possibles. Il ne s’agit pas de figer les choses. Mais plus jamais les jeunes ne paieront le prix des compressions. Plus jamais un gouvernement ne pourra jouer impunément au yoyo avec les budgets en petite enfance, en jeunesse et en éducation. Plus jamais il ne pourra jouer à la loto avec les enfants qui n’auraient pas tiré la bonne année de naissance pour éviter des compressions pouvant être synonymes de dommages irréversibles dans leur cheminement. Plus jamais nous n’accepterons l’inacceptable, l’inacceptable de voir des rêves brisés, des capacités d’épanouissement, de développement, de réussite sacrifiées sur l’autel des compressions aux effets dramatiques, pour l’avenir de nos enfants et pour notre avenir collectif.

Plus jamais « compressions » ne rimera avec « éducation ».

 

(Jean-François Lisée)

 Nous avons une seconde grande annonce à faire aujourd’hui. Elle concerne les Québécoises et les Québécois de tous les âges qui peinent à lire et à écrire. Ils sont nombreux, trop nombreux.

Laissez‑moi vous citer les premiers mots d’un rapport récent sur la question, qui dit « tirer la sonnette d’alarme au sujet de la crise de l’alphabétisation et de l’illétrisme qui nous frappe […]. L’illettrisme, qui touche ceux qui ont été alphabétisés mais n’ont pas acquis ou ont perdu la maîtrise des compétences de base, atteint l’individu dans son estime de soi et dans sa capacité à fonctionner et à prospérer au sein d’une société en tant que particulier, citoyen actif, salarié ou parent. Nous devons affronter cette crise voilée et, tous, nous devons agir – et agir ensemble – afin de rehausser le niveau d’alphabétisation et de réduire l’illettrisme ».

Cette phrase aurait pu être écrite ici, au Québec. Mais elle concerne l’Union européenne et est écrite par le groupe d’experts mandaté par l’Union pour poser un diagnostic.

Où se situe le Québec sur la courbe mondiale de l’analphabétisme? Voici les dernières données disponibles, compilées par l’OCDE.

 Il y a de quoi se désoler : le Québec se situe sous la moyenne des pays industrialisés. Il y a de quoi se consoler : on trouve, parmi des pays très avancés, des résultats pires que les nôtres. Nous montrons cette comparaison internationale pour indiquer que nous sommes en bonne compagnie face à cette crise et qu’il ne sert à rien de s’autodénigrer. Mais aussi pour indiquer qu’on peut faire mieux, beaucoup mieux, car d’autres qui nous ressemblent beaucoup, notamment les pays scandinaves, y sont arrivés.

Depuis deux ans, une vingtaine d’organisations québécoises réunies dans le Réseau de lutte contre l’analphabétisme réclament une stratégie nationale québécoise. Nous pensons que le temps est venu, non seulement d’élaborer cette stratégie, mais également de mobiliser la société québécoise au grand complet dans ce grand projet collectif.

Nous annonçons donc aujourd’hui qu’un gouvernement du Parti Québécois lancera la Décennie québécoise de l’alphabétisation.

Dans la première année de notre gouvernement, début 2019, nous ouvrirons un grand chantier devant nous mener, à l’automne, à un rendez-vous national de l’alphabétisation. Nous adopterons alors un plan de travail sur dix ans et fixerons un objectif réaliste, mais ambitieux.

On pourra s’inspirer de ce qui se fait de mieux ici, pour le généraliser, et des expériences étrangères. Comme de ce programme finlandais qui incite les pères à lire davantage à leurs enfants. Ou de ce programme allemand qui fait raccrocher les adolescents analphabètes en intégrant leur apprentissage à un projet de publication audiovisuelle en ligne. Ou de l’initiative suisse d’un meilleur arrimage entre les écoles et les librairies. Et des expériences d’alphabétisation dans les milieux de travail qui sont parmi les plus efficaces.

La décennie s’ouvrira en janvier 2020 et s’échelonnera jusqu’en 2030.

Il faudra mobiliser les experts et l’extraordinaire réseau actuel de lutte contre l’analphabétisme. Il faudra engager concrètement dans cette grande corvée les entreprises, les associations de travailleurs, les partenaires des médias.

Car l’expérience des 20 dernières années, dans plusieurs pays industrialisés, a montré qu’il ne suffit pas d’offrir de l’aide. Le Québécois sur cinq qui réussit à naviguer dans la société sans lire ni écrire doit d’abord être convaincu de sortir de sa coquille et de prendre le pari de la connaissance. Il faut savoir le rejoindre, le motiver, l’encourager. Le milieu de travail, le milieu familial, le milieu de vie sont les meilleurs points d’entrée possible. D’où la nécessité de mobiliser tout le Québec dans ce mouvement, et durablement.

La Décennie québécoise de l’alphabétisation pourra faire appel à une ressource précieuse : les dizaines de milliers d’enseignants et de professionnels à la retraite qui pourraient vouloir remettre l’épaule à la roue et participer à cette grande œuvre collective.

C’est un projet d’abord humain, car les citoyens analphabètes sont plus enclins que les autres à vivre isolés, à avoir davantage de problèmes de santé, à ne pas pouvoir épauler correctement leurs enfants d’âge scolaire. C’est aussi un projet économique, car une société sous-éduquée soustrait 2 % chaque année à son produit intérieur brut. Au Québec, ce serait 6,6 G$ de plus dans notre économie chaque année. C’est enfin un projet culturel et démocratique, car un citoyen lettré participe davantage à la vie de la cité.

La réussite de chacun, un projet collectif, c’est la vision que nous proposons aux Québécois. Choisir vraiment la qualité pour chacun de nos enfants d’âge préscolaire. Protéger tout notre système d’éducation et d’aide à la jeunesse des dangers de futures restrictions budgétaires. Engager toute notre société dans un grand effort d’alphabétisation qui nous enrichira tous.

De toutes les stratégies pour augmenter la richesse, celle qu’on vous dévoile aujourd’hui, et à laquelle nous ajouterons des volets au cours des prochains mois, est englobante : enrichir culturellement, socialement, humainement, économiquement les Québécois eux-mêmes. Permettre aux citoyens, à tous les citoyens, de trouver les moyens de leur épanouissement. C’est à la fois le moyen et l’objectif. C’est à la fois le chemin et la destination.

16 avis sur « La réussite de chacun : un projet collectif »

  1. On ne peut qu’être enthousiasmé par le projet de « la Décennie québécoise de l’alphabétisation ». En effet, comment ne pas avoir la boule au ventre quand on lit que « 53% des Québécois ne savent pas assez bien lire pour comprendre facilement ce blogue ». À savoir, l’article « Savvé vou lirre é ékrire ? » de Loïc Tassé, dans le JDM, dont voici un extrait :

    « Un excellent article de Daphnée Dion-Viens dans le JDM d’aujourd’hui nous apprenait que 15% des Québécois ne sont pas capables de comprendre un texte simple. Ce sont des analphabètes de niveau 1. Mais quel est donc le pourcentage d’analphabètes de niveau 1 dans le monde ?
    Les chiffres de l’UNESCO et une simple règle de trois permettent de trouver la réponse inquiétante à cette question : 11%. Le Québec compte donc proportionnellement 4% de plus d’analphabètes que le reste du monde. Ce n’est pas acceptable.
    Pas d’excuse
    Bien sûr, certains signaleront que la définition de l’analphabétisme de niveau 1 est variable, que la collecte des données peut être déficiente, etc. Mais étant donné notre richesse, nous devrions faire beaucoup mieux. Il n’y a pas d’excuse valable. Ce chiffre signale notre propre incompétence à éduquer correctement nos enfants.
    Va pour l’analphabétisme de niveau 1, mais qu’en est-il des autres niveaux? Les chiffres de l’article sont impitoyables : 53% des Québécois ne savent pas assez bien lire pour comprendre facilement ce blogue.

    [ DONC 53% DES QUÉBÉCOIS NE PEUVENT PAS NON PLUS LIRE J. F. LISÉE ]

    « L’échec des réformes
    On peut bien faire semblant que tout va bien et vanter de compétences transversales, verticales, horizontales, tangentes, parallèles, en spirales ou de la quatrième dimension, les résultats sont les mêmes. Nous ne réussissons pas à éduquer les Québécois correctement. Pour reprendre le style fautif à la première personne du singulier qu’affectionnent les pédagogues du ministère de l’Éducation : «je ne peux pas enseigner aux enfants québécois à lire correctement».
    Ni le tableau blanc intelligent, ni l’apprentissage par la reconnaissance des mots, ni la nouvelle grammaire n’ont amélioré la situation. Des modes inquiétantes continuent à se répandre dans les écoles. Les uns font l’éloge de l’abolition des cours magistraux. Les autres assurent avec autorité que les élèves de demain seront de bons citoyens numériques. Des écoles donnent des tablettes numériques à des enfants qui ne savent encore ni lire, ni compter, pour les faire jouer à des jeux idiots censés éveiller l’esprit. Mais à la fin, 53% des Québécois sont incapables de lire et d’écrire correctement. […] »

    http://www.journaldemontreal.com/2016/10/03/savve-vou-lirre-e-ekrire
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    «Si le dialogue humanise le monde, alors enseignons enfin le français ! »

    « Que pourrait vouloir dire «faire société» sans le recours de la langue ? La langue est instituée mais aussi instituante : la société la travaille et l’institue, mais elle institue à son tour une certaine société. A société éclatée, fragmentée, communautarisée, prônant l’individualisme, langage fragmenté, argots, ethnolectes, balkanisation de la langue: chacun s’enferme dans son petit monde. Ceux qui possèdent la haute-langue peuvent ensuite les traverser toutes, jouer des registres, singer les communautés, mais ceux qui ne l’ont pas ne peuvent faire le chemin dans un sens ascendant: ils sont dans leur ghetto linguistique et n’en sortiront plus.

    Le linguiste Alain Bentolila, connu pour ses travaux sur l’illettrisme nous alerte depuis longtemps: «Le sentiment d’enfermement qui naît de l’incapacité à exprimer sa pensée favorise souvent le passage à l’acte violent». Les exclus de la langue sont amenés à se conduire comme les exclus tout court, prêts à s’engager dans le cycle de la révolte active. Le ghetto linguistique emprisonne ses victimes dans le ghetto social: ici naissent les extrémismes, les intégrismes, les idéologies simplistes. Un mot décrit l’incapacité à mettre des mots sur les émotions: l’alexithymie.

    Et c’est justement le grec qui aide à comprendre: a (privatif), lexi (la parole, le mot) thymos (état d’esprit, humeur ). Nul doute que cette alexithymie a de beaux jours devant elle. Et avec elle la rage, car l’impuissance à s’exprimer correctement engendre de la colère et même la haine. Qui ne peut plus parler, articuler, finit par aboyer […] » (Antoine Desjardins, Le Figaro, 17-08-2016).

    Gilles Vigneault n’a-t-il pas dit que la violence était un affreux manque de vocabulaire ?
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    «L’école maternelle doit donner à l’enfant l’appétit d’apprendre (…)», dit le ministre [de l’Éducation français, Blanquer], qui veut faire de la maternelle «un bain de langage, le moyen d’acquérir un vocabulaire riche.» «Le langage est aujourd’hui la première des inégalités qui se traduit par la quantité de vocabulaire maîtrisé». L’objectif étant d’obtenir une impulsion en vue de la réussite au cours de la scolarisation des élèves, et notamment dès le CP. »

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/01/06/01016-20180106ARTFIG00055-jean-michel-blanquer-veut-transformer-l-ecole-maternelle.php

  2. Beau texte qui énonce nos principes sociaux qui font déjà l’éloge et l’envie du reste du Canada mais j’aurais 2 points à souligner. Mon premier concerne l’universalité et la réduction des frais des PCE qui sont déjà suffisamment accessibles selon moi en considérant les coûts réels et/ou la comparaison avec le RoC. Ceci semble contredire votre énoncé de ne pas réduire ni augmenter le fardeau fiscal des Québécois. Personnellement, je ne suis pas contre que les parents mieux nantis paient un plus pour leurs frais de garde et je ne vos pas l’utilité de l’universalité et encore moins de réduire les prix à partir du 2e enfant. Si on veut maintenir le principe d’un enfant une place, je trouverais important de maintenir les revenus et les dépenses à un niveau raisonnable avec une bonne gestion.

    Mon deuxième point est plutôt une suggestion pour la compréhension des graphiques; il serait souhaitable qu’ils soient plus gros dans vos prochaines communications parce qu’ils sont présentement illisibles.

    Merci beaucoup pour votre engagement mais n’hésitez pas à inclure dans vos arguments de campagne l’utilité de devenir un pays indépendant.

  3. Bonjour M. Lisée,

    Bonjour Mme Hivon,

    Très bonne analyse des tendances observées au Québec, ailleurs dans le RoC et ailleurs sur cette si magnifique mais aussi si fragile planète, la Terre.

    À propos de l’expression « croissance économique », ne pourrait-on pas la remplacer par « prospérité durable et universelle »? La préoccupation universelle montante n’est-elle pas de sauvegarder et protéger les écosystèmes et la vie des générations montantes ?

    Dans l’attente de vous lire sur mon adresse courriel [email protected],

    Guy J.J.P. Lafond
    Papa de Naomi Estelle Lafond

  4. Je suis membre du PQ depuis 1968.
    Je suis contre votre participation à un débat en anglais.
    Après tout, le français est la langue officielle du Québec.

  5. Très beau texte! C’est un début de projet de société. Vous parlez du Québec comme État, c’est très bien, mais j’en demande davantage. je n’ai pas compris la dernière phrase: le chemin et la destination; pour moi la destination, c’est le projet de société qui englobe le pays du Québec.

  6. seul le PQ a le talent pour bâtir et étaler un si beau projet
    La CAQ cherche son crayon pour tenter d’écrire un paragraphe et le PLQ a une efface en mains pour éliminer les noms des futurs retraités..
    .

    • De Québec, M. Graton, c’est si joliment bien dit. Excellent et rien à ajouter !

  7. De Québec : C’est en s’aidant les uns et les autres que nous parviendrons à ces buts que vous avez fixés. Célibataire sans enfants, je suis quand même grande-tante quatorze fois et je souhaite que les enfants de ma famille réussissent. Il y en a qui sont majeurs(es) et d’autres de tous les âges. C’est pourquoi je dis bravo à votre discours, Mme Hivon et M. Lisée. J’ai hâte de connaître la suite ! Je suis en accord avec vos idées et vos lois quand vous gouvernerez. Il faut que ce discours et les suivants soient connus du grand public le plus possible. C’est déjà un début avec celui-ci. Pour les impôts vous avez entièrement raison, comment dire ou faire autrement. Pour avoir des excellents services il faut bien prendre l’argent quelque part ! Et pour atteindre notre but ultime nous devons vivre dans une société instruite qui s’entraide.

  8. Je vais vous raconter l’histoire du Dr. Guérin Dorval, fils d’un médecin de Québec qui en 1973, décide d’aller se former en cancérologie à Stockholm, afin d’apporter un plus à la population du Québec.

    Moi, je l’ai rencontré en 1974, la même année ou Guérin va rencontrer Robert Bourassa qui sera de passage en Suède. Comme spécialiste, il avise Robert Bourassa, je ne pourrai pas travailler au profit de la population du Québec, le motif pour lequel je suis ici pour 5 ans de spécialisation. Bourassa lui demande pourquoi ?

    Il lui dit, les équipements sur lesquels je fais ma spécialisation, il n’y en a pas au Québec, et lorsque de ma dernière visite chez mes parents à Noël, ma mère avait eu la mauvaise idée d’inviter les médecins avec lesquels j’avais fait mes études. Ils ont parlé d’argent de voitures, bref, de banalité. Il avait même songé à quitter dès le lendemain avec sa conjointe et sa fille de 5 ans pour retourner Stockholm. Il a avisé ses parents, j’en ai encore pour 4 ans, si vous voulez nous voir, venez à Stockholm je vous ferez visiter un monde où il y a un équilibre total entre l’ÊTRE et l’AVOIR.

    Bourassa lui fait les mêmes observations : Tu devras convaincre des confrères de choisir un peu moins d’argent et de meilleurs équipements. Avant de se quitter, Bourassa lui demande : Si tu ne viens pas au Québec où tu pourras pratiquer ? En Suède où je suis très heureux, ou aux USA. S’il n’y a pas d’équipements au Québec, je ne perdrai pas mon temps à dévaloriser ce que j’ai appris.

    L’intégrité des gens l’avait renversé dans les premiers temps. Au Québec, si tu vas t’acheter une voiture, le vendeur va évoquer tout ce qu’il peut pour te vendre son produit. A Stockholm, il va chez un concessionnaire Volvo. Le vendeur lui demande, quel usage vous allez faire de votre voiture. Le vendeur, lui suggère une voiture vendu par une autre société, en lui expliquant sa supériorité pour l’usage décrit.

    Comme il était à Stockholm depuis peut, il a réfléchit comme tout bon Québécois Ce vendeur va perdre son travail, s’il envoie des clients chez un compétiteur.

    Il faut séjourner un certains temps dans les pays Scandinaves pour comprendre la culture de ces peuples, où il y a 150 ils étaient les plus pauvres du Nord de l’Europe.

    Je n’ai jamais revu Guérin Dorval, mais je n’oublierai jamais cet homme, son épouse et sa petite fille. Ce que je sais, toutefois, il s’est installé à Montréal, probablement qu’un mécène à payer les équipements. Guérin n’a jamais fait quelque chose pour l’argent.

    Lorsque le Parti Québécois s’inspire des politiques des pays Scandinaves, je sais que nous ne pourrons jamais être des perdant et l’ÊTRE sera toujours revalorisé par rapport à l’AVOIR.

  9. Le projet d’alphabétisation « Décennie québécoise de l’alphabétisation » que le Parti québécois propose est emballant. À mon avis, c’est un vrai projet de société parce qu’il sera bénéfique à une grande partie de la population du Québec, celle qui est la plus vulnérable parce que sous-scolarisée. Depuis les années 1960, le Québec a réussi à scolariser une bonne partie de sa population, mais il reste beaucoup à faire dans le domaine de l’éducation et de l’alphabétisation. C’est une question de justice sociale afin d’améliorer les conditions favorisant l’égalité de tous face à l’acquisition des habiletés et des connaissances.

    Bravo au PQ pour votre audace et votre vision pour l’avenir de la collectivité québécoise.

  10. J’ai regardé votre conférence commune sur le web et vous m’avez fait pensé au gouvernement de René Lévesque, aussi emballant et convaincant.Continuer avec des annonces aussi stimulantes!

    Merci Mme Hivon et vous M.Lisée

  11. Merci pour cette mise au point importante!

    Au prochaines élections et pour la suite des choses, je vous suggère hardiment de faire des discours nationalistes qui portent sur nos forces, nos capacités à nous renouveler, notre ingéniosité, notre culture ouverte, respectueuse et inclusive tournés sur l’avenir d’une nation forte au potentiel incommensurablement grand!

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