Le choix de Ségolène: le trompeur ou la voleuse?

Quel actrice jouera Ségolène Royal dans le film — la tragédie — qui racontera son parcours politique ? Car film il y aura, et une des scènes-clé va se jouer dans les jours qui viennent.

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Ségolène, derrière l’armure, dimanche soir

Car celle qui se voyait Présidente de la République, officiant sur un « ordre juste » avec « bravitude » — selon ses termes –, doit maintenant s’abaisser à un choix déchirant.

Elle a le choix entre celui qui l’a trompé ou celle qui l’a volé. Entre son ex et son usurpatrice.

Hollande

François Hollande est en tête, dans la primaire, comme dans les sondages. Il était également en tête dans le couple Royal-Hollande, une union entamée en 1978 et produisant quatre enfants, jusqu’à ce qu’Hollande ait une vie amoureuse ailleurs, à compter de 2005.

aubry_hollande-2-b6822-150x150Ségolène Royale candidate présidentielle socialiste en 2007 devait composer avec François Hollande secrétaire-général de son parti. Sont-ils ensemble, sont-ils séparés ? C’est la question posée pendant la campagne et à laquelle  Ségolène Royal répondra dès la campagne terminée: «J’ai demandé à François Hollande de quitter le domicile, de vivre son histoire sentimentale de son côté, désormais étalée dans les livres et les journaux…»

Elle en veut aussi à Hollande-Secrétaire-Général d’avoir évoqué sans consultation en début de campagne présidentielle la possibilité d’une hausse d’impôt, immédiatement récusée par la candidate, qui accusera son ex-conjoint d’avoir « plombé » son début de campagne.

Aubry

Battue par Sarkozy au second tour de l’élection de 2007 et récoltant 47% des suffrages, Ségolène Royal espère être à nouveau candidate et décide d’assurer ses arrières en se présentant au poste de secrétaire-général du PS, que son ex-Hollande libère à l’automne 2008.

Martine Aubry est sa principale rivale. Dans un livre extrêmement convainquant, « Hold-up, arnaques et trahisons« , publié l’année suivante, les journalistes Antonin André et Karim Rissouli racontent en détail comment les forces pro-Aubry ont systématiquement bourré les urnes pour ravir à Ségolène Royal une victoire qui, mathématiquement, lui revenait.

Aubry tenait l’importante fédération socialiste du Nord de la France (elle est mairesse de la ville de Lille) et ses hommes savaient quoi faire du vote des militants locaux. Les journalistes racontent:

Leur consigne est claire: ne pas lâcher les résultats du Nord tant que ceux de toute la France ne sont pas remontés. A mesure que les chiffres tombent, ils sont rentrés dans un logiciel qui calcule automatiquement l’écart entre Royal et Aubry et fait varier les résultats « virtuels » du Nord afin qu’ils assurent la victoire à Martine Aubry.

Claude Bartolone [élu socialiste proche d’Aubry], plusieurs semaines après, reconnaîtra d’ailleurs avoir bloqué les résultats du Nord « dans le but de s’assurer que, même si la Guadeloupe et la Martinique votaient à 100% pour Royal, l’avance de Martine ne permettait pas qu’on la rattrape ». En clair: les résultats du Nord sont gelés pour pouvoir être « ajustés » jusqu’au dernier moment afin d’assurer une avance suffisante à Martine Aubry.

À qui les 7% ?

Ségolène Royal ne tient que 7% des voix du premier tour des primaires cette année. Mais ce sont 7% qui comptent.

Va-t-elle appelés ses partisans — qui sont assez loyaux — à appuyer celui qui l’a trompé ou celle qui l’a volé ?

Il y a toujours l’option de ne rien dire. De laisser ses supporters se décider eux-mêmes. Il y a cependant l’ambition. Choisir le vainqueur (probablement Hollande) c’est aussi assurer son avenir de ministre dans un futur gouvernement. Y tient-elle à ce point ?

C’est certain. Le film sera palpitant.