Le coup de Poker de Loto-Québec

Pair_of_AcesOn connaît la chanson: puisque le mal est inévitable, autant le canaliser pour en réduire la portée. Mon conseil: méfiance !

Loto-Québec compte mettre en ligne dès l’été prochain son propre site de Poker en ligne. La société espère empocher sa part des 80 millions $ que les joueurs québécois perdent en ligne chaque année, au profit de compagnies étrangères. Une mise qui croît  de 30% par an depuis 2003.

On nous promet que le système de Loto Québec sera plus sécuritaire que les jeux privés actuels et qu’il découragera le jeu compulsif. On jugera sur pièces. Le législateur, qui doit ouvrir la voie pour que ce projet se réalise, devrait cependant se méfier. La même logique de « nationalisation » du jeu a présidé à la prise de contrôle par Loto-Québec, d’abord des loteries, puis des vidéo pokers. Mais plutôt que de limiter leur utilisation pour en réduire les effets négatifs sur le public, la société d’État en a vanté les mérites et en a généralisé l’usage sur tout le territoire.  Naguère, le crime organisé profitait de ces trafics, mais à petite dose. Aujourd’hui, c’est le trésor public qui en est devenu accroc, au grand dam des joueurs compulsifs et des citoyens plus pauvres qui assument de manière disproportionnée cette taxe volontaire, véritable opium du peuple.

Alors, quel sera le budget de publicité pour Loto-Québec-Poker-en-ligne ? La seule bonne réponse: suffisant pour détourner vers son site les joueurs actuels, mais pas assez élevé pour accroître le nombre de joueurs.

Un dernier mot. Je me suis déjà insurgé contre la pratique des dépanneurs de proposer systématiquement à leurs clients des billets de loto, une technique de vente sous pression détestable.  La semaine dernière, c’est ma gentille caissière du superarché Métro qui, au moment de faire le total, me demande si je veux « Une Célébration avec ça? »  Elle m’explique que c’est la consigne depuis le début de novembre. (Chers internautes, signalez-moi si c’est le cas chez d’autres détaillants.)

Un cadre supérieur de Loto-Québec me jure que ces pratiques ne sont pas du ressort de la société d’État, mais des détaillants qui veulent ainsi augmenter leurs ventes de billets, donc leurs profits. « En fait, ça nuit à notre image », me dit-il, penaud.

Second avis au législateur: interdire aux détaillants cette pratique, sous peine de leur retirer leur droit de vendre des billets de loto.

Loto-Québec a toujours les meilleures cartes. (Photo Wikipedia Commons.)