Le Courrier des Internautes

450px-Tastatur-deutsch-DSCN17831-150x150Beaucoup de trafic sur les pages commentaires du blogue cette semaine.

Le climat a fait chauffer les claviers, la langue a délié les arguments, la hanche a étonné et fait réagir, comme le coup de Poker.

 

À vous la parole:

* Le billet 5 choses indispensables à savoir sur le climat a suscité un débat épique entre ceux qui nient l’existence du problème, ceux qui en sont conscients et ceux qui pensent que ce sera une bonne chose pour le Québec. Je donne la palme de la meilleure réplique à Warren Peace, qui nous signale cette intéressante carte interactive qui nous permet de constater les dommages causés par une élévation du niveau de la mer. Et de voir que le Québec est une région très résiliente. Il ajoute:

À une élévation de 3 mètres correspond:

a) la disparition d’une partie d’Israël, le long du Jourdain, dont la partie nord deviendra un lac – très large!
b) Alexandrie, en Égypte, disparaîtra
c) le sud du Vietnam (jusqu’à et incluant Saigon) sera submergé
d) les banlieues sud de Karachi, au Pakistan, disparaîtront sous l’eau
e) la côte de l’Adriatique sera engloutie, de Ravenne à Venise et au delà
f) Adieu Amsterdam, Rotterdam et la Haye, aux Pays-Bas; les zones submergées vont de Calais, en France, à Hambourg, en Allemagne; elles incluent la côte ouest du Danemark.
g) au Québec, les îles de Sorel disparaîtront, de même que certaines îles à l’est de l’Île d’Orléans. Des quartiers complets de Trois-Rivières seront menacés.
h) aux USA, des millions de personnes devront être relocalisées, car la côte Atlantique (région de Washington à New-York en particulier) sera dûrement touchée…

= = =

Mais il y a lieu de se réjouir, nous disent (ses collègues internautes), car ils pourront agrémenter leur jardin de nouvelles variétés de pivoines pendant que les forêts du Nord du Qc flamberont.

Une mention, quand même, pour Jacques Noël:

J’ai passé ma jeunesse avec les Marxistes. J’ai traversé ma vie adulte avec les féministes puis les gays et lesbiennes. Là, chu poigné, depuis le début du 21e, avec les verts. (…) On en a pour des décennies…

Et je note avec un soupçon de fierté que ce billet fut référencé sur le blogue de l’économiste Gilles Raveaud, de la revue Alternatives Économiques, en France.

* Au sujet de la Révolte des étudiants trop branchés, ces lycéens français refusant de fermer leurs cellulaires en classe, Benjamin-Hugo Leblanc offre ce commentaire/témoignage:

Comment lui faire prendre la moindre altitude s’il n’existe plus aucun savoir partagé sur sa fondation, et si l’on se préoccupe davantage de discourir sur le maillet (méthodes pédagogiques) que sur la taille même des pierres? Ce savoir minimal, morcelé, méfiant à l’égard de ses formes instituées (et donc collectives), renvoie l’étudiant à lui-même, et tout charisme de fonction (Weber) ayant été destitué, il n’y a plus qu’une compétition des charismes personnels, à laquelle les étudiants sont évidemment prompts à prendre part. En fait, tout porte à croire qu’ils y sont de plus en plus encouragés. J’en veux pour témoins ces plans de cours dans un cégep de Québec que je ne nommerai pas, lesquels doivent désormais porter la signature du professeur et de l’étudiant – véritable contrat entre égales parties. L’involution progressive du maître vers l’”enseignant”, puis de l’enseignant vers l’”accompagnateur-animateur” illustre bien le processus par lequel on a éliminé tout modèle susceptible de susciter une émulation; l’irrespect et les incivilités en classe, aujourd’hui, ne peuvent y être étrangers.

* Au sujet de Après les cégeps: l’université, le lien vers ma proposition de réforme des frais de scolarité, j’engage avec l’ex-président de la FEUQ, Pier-André Bouchard-St-Amant, maintenant étudiant à la LSE, un intéressant échange. Atim Léon répond sur le oikosblogue avec sa propre contribution, qui ne me convainc pas mais qui vaut le détour.

* Au sujet du billet  Langue: l’exode et l’épicentre du séisme, Guillaume apporte ce témoignage du West Island:

L’exode des anglophones est un sujet TRÈS discuté dans la communauté anglophone, qui l’assimile à une épuration ethnique. Je viens du West Island, j’ai fait mes études à McGill et je peux confirmer que le phénomène est très répandu.

Ceux qui n’apprennent pas le français et ceux qui n’ont aucune intention de vivre ou travailler en français partent très rapidement après leurs études. Après 1995, mes voisins anglophones plus âgés ont suivi leurs enfants déjà partis en Ontario. En général été remplacés par des immigrants qui vivotent entre l’anglais et le français, selon les cas.

Il est très facile de passer toute sa vie à Montréal sans parler français du tout, surtout si on travaille dans certains domaines. Mais je dis à tous les anglos et immigrants d’apprendre le français et d’envoyer leurs enfants à l’école française pour la simple et bonne raison que s’ils veulent demeurer ici, ils doivent tisser un réseau social francophone. Avec tous les départs de gens qui ne trouvent pas leur place ici, un réseau social anglophone ici est beaucoup trop fragile pour résister plus d’une décennie. En ce sens, la communauté anglophone montréalaise ressemble maintenant beaucoup plus à une communauté d’exilés en territoire exotique (avec beaucoup plus d’institutions évidemment), qu’à une véritable minorité bien établie.

Joël Cuerrier ajoute aussi cette expérience personnelle fort instructive:

j’ai vécu deux ans à Lasalle, dans un quartier italien. Près de chez moi, il y avait une épicerie indienne, où je n’étais pas bienvenu, où je me sentais regardé de travers… et où on ne parlait pas français du tout. Devant chez moi, un dépanneur vietnamien. Sympathique le propriétaire, travaillant 16 heures par jour, sept jours semaine, toujours le sourire… mais pas un mot en français, même pour dire bonjour, pas possible. Le petit bar à côté de ce dépanneur, là aussi, j’étais un étranger, pas bienvenue, c’était des jamaïcains surtouts… enfin, des caribéens anglais. La serveuse parlait français, mais ça ne semblait pas être une place pour moi du tout. Idem pour le petit café d’à-côté, fréquenté pour des italiens uniquement, idem pour la boulangerie italienne, tout se passe en anglais. J’en ai eu marre un moment donné. J’imagine que c’est pour cela qu’il y a si peu de francophones dans l’ouest de l’Île, on en vient à se sentir si étranger qu’on sacre notre camp de l’autre bord du pont.

Quand c’est tout le temps, à tous les jours, partout, dans les commerces qui t’entourent, tu as beau prétendre pouvoir exiger d’être servi en français, c’est perdu d’avance. Tous ces commerces étaient ethniques et servaient majoritairement leur minorité ethnique, toutes les trucs à distance de marche de chez moi, en général, c’était en anglais. Ma rue en entier était majoritairement italienne et indienne. Qu’est-ce qu’on peut y faire ? Dans tout cela, c’est toi le minoritaire. Alors, j’utilisais quand même ce dépanneur parce qu’il était à 30 secondes de chez moi. J’allais toujours à cette épicerie, parce que c’était de l’autre bord de la rue… et je ne disais pas un mot. Mon autre option, m’allonger de dix minutes pour marcher jusqu’à un autre dépanneur… ou prendre la voiture pour aller à une autre épicerie, c’est moi que je pénaliserais.

C’est beaucoup plus facile à vivre comme vous le faites, comme je le fais, quand on ne vit pas au cœur de ce problème. Maintenant, je suis en banlieue, je peux moi aussi me vanter d’exiger le service en français, puisque je n’habite plus à Lasalle et que je n’ai plus ce problème. Ça a été une des raisons qui m’ont décidé à partir, il n’y avait absolument aucune camaraderie dans ce voisinage. Je ne connaissais pas mes voisins.

Pierre Desrochers offre un autre témoignage, depuis Lanaudière:

Ici, dans la région de Joliette, nous arrivent depuis plus ou moins 8 ans des réfugiés Colombiens(il y aurait actuellement une soixantaine de familles), et, cette année, des Bhoutanais-Népalais.

Or, une bonne partie des réfugiés Colombiens, après un séjour variable ici, s’en vont à Montréal.Il s’agit, le plus souvent, des plus scolarisés ou, encore, des familles avec des enfants.Ils vont à Montréal pour:les études, l’emploi….pis l’anglais. Eh oui! Dans certains cas, pour apprendre l’anglais. Certains s’en sont allés en Alberta.

Jean-Sébastien Marsan pense cependant que le futur choc pétrolier sera bénéfique au français:

À propos de l’étalement urbain, il existe une piste de solution (qui s’imposera qu’on le veuille ou non, personne ne pourra l’empêcher): la hausse du prix de l’essence.

Vous n’êtes pas sans savoir que l’ère du pétrole à bon marché s’achève, que nous sommes en train de brûler ce qui reste de pétrole cheap. Le pétrole de demain, plus difficile à extraire et plus rare, sera plus coûteux. Ce sera la fin d’un mode de vie axé sur la liberté de se déplacer dans une voiture individuelle, donc la fin de la banlieue; le coût financier de ce mode de vie sera tout simplement hors d’atteinte pour la majorité des ménages.

Nous assisterons alors à un exode inversé, cette fois vers la ville. Montréal retrouvera ses francophones! (En investissant dans les transports en commun, il y aura peut-être moyen de densifier et de sauver du déclin les banlieues de première couronne.)

* Au sujet du Mystère de la hanche disparue, où je parle d’une photo sans doute retouchée de l’actrice Demi Moore, P. Bouchard écrit:

Mémo à monsieur Lisée , vous devriez changer de code d’accès pour faire des entrées sur votre blogue apparement Nathalie Petrowski on Marie-Claude Lortie s’en servent.

Je comprends qu’il trouve que j’ai des sujets parfois trop légers. Mais j’ai comme devise de prendre au sérieux les sujets légers et avec légereté les sujets sérieux.

Mfrance, elle, pose la question qui tue:

ce que je ne comprends c’est:  pourquoi enlever une hanche ? les hommes adorent les hanches non ??

Gébé Tremblay nous fait une confidence:

Et alors ?Ma femme me demande de faire la même chose sur les photos que je prend d’elle et qu’elle télécharge sur internet pour sa famille et amis à l’extérieur du pays.

Je suis graphiste de métier.Lorsqu’on se présente en public, est-ce qu’on se met sur son 36 ou pas ?C’est normal de s’avantager et de donner bonne impression. C’est la définition même du “maquillage”. On efface les défauts et met en valeur les qualités.

Le maquillage n’est pas un métier réservé à l’image, il est tout autant pratiqué par les ouvriers des mots. C’est la différence entre le bijoutier et l’artiste.

En effet, Demi est demie. Elle a été “taillée” comme un diamant. L’artiste exprime la beauté qui nous a échappée.

Julien David a le dernier mot:

La Moore, la Moore, que de crimes on commet en ton nom.

* Au sujet du Coup de poker de Loto Québec, Raphael P. voit une source de profit chez les joueurs étrangers.

Je suis bien d’accord avec vous que Loto-Québec à un devoir de retenue sur le territoire du Québec. Cela dit je trouve l’idée d’un site de poker en ligne intéressant dans la mesure ou cela pourrait permettre à loto-Québec d’aller trouver des revenus à l’étranger. Cet univers, celui du jeu en ligne, est en ce moment un nid de vipères contrôler par des groupuscules louches et sans aucun doute mafieux. Si loto-Québec réussi à mettre quelque chose en ligne d’intéressant je crois qu’un site de poker en ligne soutenu par un gouvernement (et donc beaucoup plus légitime) pourrait avoir beaucoup de succès auprès des adeptes du jeu en ligne partout dans le monde.

François Dorlot, lui, se fait enthousiaste et expansionniste:

Loto Q a tout à fait raison de vouloir “rapatrier” tous ces millions qui vont ailleurs. Mais il faut voir plus grand. Un seul exemple, celui des travailleurs et des travailleuses du sexe. Ils sont la proie des mafias, gangs de rues, et autre associations qui ternissent notre image. Que de taxes et d’impôts perdus! Honte! Pour rapatrier tous ces beaux millions, il est grand temps que Loto Q devienne Loto Cul et organise partout au Québec des lupanars, maisons de passe et autres lieux de saine distraction. Les casinos seraient des lieux d’excellence et de référence de ces pratiques. Ça couperait l’herbe sous les pieds de la pègre et nous permettrait d’investir tout cet argent au soutien des prostitué(e)s en détresse, à l’enseignement de la saine sexualité à l’école, etc. Mais bien sûr, pour protéger notre belle jeunesse, les praticien(ne)s seront recruté(e)s exclusivement à l’étranger, en particulier dans les pays les plus pauvres, afin de maximiser les profits, vu les maigres émoluments qui pourront dans ce cas leur être versés. Je compte sur vous, Monsieur Lisée pour pour vous faire le champion de ce grand virage social.

Je vous rassure, c’est déjà fait. Je défends, avec moins de truculence, une thèse semblable dans Pour une gauche efficace.

* Finalement, Gilles de NDH, au sujet de mes Vidéo-clips du samedi, écrit ceci:

J’ai comme l’impression que vous sortez directo de Dawson, l’essentiel de vos références culturelles sont anglo-saxophones…

Excellente remarque. Cela m’avait fait tiquer aussi. Je fais un effort cette semaine, mais je suis aussi, un toute petit peu, tributaire des suggestions que l’on m’envoie.