Lire: L’enfance brisée et comment la réparer

J’ai choisi il y a deux ans d’être porte-parole de l’opposition pour, entre autres, la Protection de la jeunesse. Une réalité — les fugueuses, les enfants placés — qui m’était étrangère. Voici deux livres qui aident mon apprentissage.

L’enfance meurtrie, et comment y survivre

gagnéDifficile de lire À quoi ça sert de grandir ? d’un seul tenant. La charge émotive est trop forte. Gagné fait vivre au bout de sa plume, avec trop d’empathie et de talent, les vies brisées d’enfants qui méritaient mieux que des pères abuseurs, des mères ivrognes, une pauvreté abjecte pour qu’on puisse en avaler plus d’un ou deux chapitres à la fois.

Pourtant il le faut. Et on y retourne. Jusqu’au bout. Comme hanté par des destins qui auraient pu nous happer, nous, mais qui se sont acharnés sur d’autres, les malchanceux de la vie.

À travers une petite trentaine de portraits/récits de ces jeunes québécois pour l’essentiel rescapés d’une enfance tordue, le journaliste de TVA nous fait découvrir la réalité des Centres jeunesse, des centres de détention et de réadaptation.

Chaque cas est unique, de rédemption et de rechute, de désespoir et de résilience. Les intervenants de la DPJ y sont montrés sous un jour globalement positif, même si de mauvaises décisions de placement ou de dé-placement de jeunes émaillent les récits.

Le plus admirable: certains de ces jeunes meurtris par la vie, réchappés par la DPJ, deviennent à leur tour des intervenants pour la génération suivante d’amochés.

On sort de cette lecture plus convaincus que jamais qu’il faut en faire davantage. Par ce livre et ses reportages sur la question depuis des décennies, Harold Gagné fait œuvre journalistique admirable. Il fait partie de la solution. (L’ouvrage a été publié en 2011, je viens de le lire.)

Fugue: chuter à vitesse grand V

27218045Il y a un moment où on pense que c’est de la fiction. La chute aux enfers est si rapide — la fugueuse de 14 ans se fait violer sur un banc de parc quelques heures après son arrivée à Montréal — l’engrenage si implacable — chaque personne qui lui vient en aide est liée aux gangs, qu’on se frotte les yeux. Mais il faut la croire.

Les pervers et les recruteurs connaissent les lieux, repèrent les victimes, maîtrisent les trucs qui en feront des machines à sexe et à revenus. Quand on y songe, ce n’est finalement pas si compliqué.

D’autant que les jeunes fugueuses qui n’ont souvent rien connu qu’une famille dysfonctionnelle, une fois bien droguées, ne savent plus s’accrocher à ce qui devrait être une normalité qu’elles n’ont jamais connue.

Le livre d’Arielle Desabysses a le grand mérite de nous faire plonger, à sa suite et comme des milliers d’autres, dans le tunnel de l’exploitation sexuelle creusé pourtant à nos côtés, dans les villes québécoises.

À votre tour !

Vous les avez lus ? Commentez-les ou faites des suggestions.

Pour les précédentes recensions, c’est ici.

6 avis sur « Lire: L’enfance brisée et comment la réparer »

  1. Je n’ose lire ces livres car j’ai travaillé dans le domaine une bonne partie de ma vie. Mais, il y a eu des réussites…formidables. Oui, j’en ai perdu. Des bien tristes. Le syndrome de l’enfant d’une mère « alcoolique ». Un désastre!

    • Mais puisque vous êtes au fait. Vous pouvez en faire la promotion.
      Le sentiment de culpabilité, est un coupe jarret.
      Imaginez le sentiment, des femmes violées, qui se voient comme responsable.
      La culpabilité, nous en souffrons tous dans notre vie.
      Lisez quelques livres de Krishnamurti.
      Commencez avec: les commentaires sur la vie.
      La culpabilité se nourrit de notre énergie………

  2. Bonjour.

    Au chevet des enfants comme les médecins face à leurs malades 

    «« Elle ouvre son cœur au fil de ses rencontres avec des enfants de plus en plus cabossés par la dureté de la vie. Elle s’indigne sur mille sujets : le racisme, l’individualisme, l’intransigeance des religions. Les reculs sociaux qui minent la vie des familles, celle des enfants, le métier d’enseignant. Et nourrissent son envie de partir. »»

    http://www.humanite.fr/au-chevet-des-enfants-comme-les-medecins-face-leurs-malades-602192?IdTis=XTC-FT08-GAA6YP-DD-DE35I-FVGD#comments

    ««« des enfants de plus en plus cabossés »»»

    Avec l’ensemble des événements entourant le sort des enfants à travers le monde, du père qui abuse de ses enfants aux enfants soldats, maintenant entraînés au terrorisme, il y des questions fondamentales concernant nos sociétés qui doivent être soulevées. N’est-ce pas ! Puisque tout est lié, dans cet immense village, globalisé……He! marchandisé….

    Il y a un événement fondamental qui est déterminant dans la composition de la personnalité à venir de l’enfant, qui est encore laissé pour contre, et sa capacité de résilience aux aléas de la vie. Il s’agit de la naissance, que d’aucun, sauf quelques personnages laissés pour contre, ne considère comme un événement essentiel.

    Dans le livre « L’enfant du possible » (Question de/Albin Michel 1991), le Dc. Michel Odent montre la diversité du mode de naissances de différentes cultures dans le temps. Chez les sioux, la femme accouchait sur un drap soutenu par quatre guerriers….. De tout temps les cultures avaient leur façon de gêner la naissance, et aujourd’hui nous avons les nôtres. Pour résumer, c’est l’incompréhension crasse du besoin d’intimité et la soumission à l’idéologie techno-médical.

    Le Boyer a démontré que la naissance sans violence est possible, il en a fait mille. Il a reproduit mille fois un événement complexe avec toutes ses inconnus, et ce, dans des conditions spécifiques. Il a répondu à l’exigence du protocole scientifique: des résultats identiques dans des conditions données. Et pourtant, la naissance n’a rien de commun avec les procédures scientifiques. Cherchez l’erreur !

    Mais la société des médecins a été ébranlée ?

    Je vous conseille de lire le chapitre 5. comme si l’on voulait savoir, du livre de Alice Miller. La connaissance interdite. Aubier 1990. Et le chapitre Accueillir pp 119-145, de Danielle Rapoport. les cahiers du nouveau né 1et 2. Naître….et ensuite? Stock 1991.

    Ainsi, vous vous donnerez une idée avant ou après avoir vue le document Naissance sans violence. Il est sur internet. Tapez naissance sans violence, vidéos. Soyez attentif, il y a un fil conducteur………

    Nous sommes toujours dans le réparer, dans le gérer les problèmes, il faudrait peut-être changer de disque, à commencer par arrêter de se croire, croire que c’est pas possible. Et que oui, il y a des alternatives. Comme l’a dit un psy: l’homme est enfermé dans une prison plus solide que du béton, et c’est une idée.

    Krishnamurti: pour vous est-ce une idée ou un fait?

    Moi: la réponse à cette question a des effets bien réels.

  3. Monsieur Lisée, j’ai envie de vous dire merci pour ces références de lecture qui aident à comprendre la situation des jeunes qui sont « mal partis ». Vous êtes encore plus un grand homme à mes yeux depuis que je sais que vous portez un intérêt sincère à leur situation actuelle et à leur avenir.

  4. Merci pour l’excellent travail que vous faites pour nous éveiller à d’autres lectures.

    Merci, continuez votre beau travail de député

  5. Je me permet d’écrire, que je crois que les enfants en difficultés, cela embête les gens qui sont dans la réussite personnelle enviable, et que l’on pourrait parler d’autre chose.

    Si un État ne s’occupe pas de ses enfants en difficultés, il devra tôt ou tard s’occuper de ses adultes avec beaucoup plus de difficultés, alors que le nombre d’enfants en difficultés continuera de croître. L’Amour de ces enfants, c’est un enrichissement intérieur. Demandez aux gens qui le font avec Amour, ce qu’ils en pensent.

    Monsieur Lisée, continuez de nous sensibiliser avec le doigté que vous possédez comme communicateur muni d’une belle sensibilité.

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