Mauvaise foi: mode d’emploi

stuff1J’ai mis en ligne hier, sous le titre Penser l’après-Copenhague,  le dernier vidéo de l’activiste américaine Annie Leonard sur les difficultés liées au système de la bourse du carbone.

Leonard est surtout connue pour son dessin animé précédent: The Story of Stuff, disponible avec des sous-titres français. The Story of Stuff est une critique globale du système de production capitaliste et appelle à une redéfinition de la façon dont on produit, consomme et recycle les biens.

L’alertinternaute David m’a dirigé vers une critique, pro-capitaliste, du dessin animé, par le blogeur de droit Lee Doren, du Competitive Enterprise Institute.

L’écoute des deux vidéos (en fait le second suffit, en anglais, car il reprend en totalité le premier) est un bel exemple de notre incapacité à tenir un débat intelligent.

Leonard tente une synthèse de ce qui ne va pas avec le système actuel. Comme le savent les lecteurs de ce blogue et de Imaginer l’après-crise, je suis d’accord avec elle sur le fond. Cependant elle utilise à l’appui de sa thèse une série de statistiques complètement exagérées, ce qui rend la tâche de démolition de Lee Doren assez aisée. Leonard aurait pu faire sa démonstration sans tirer si fort sur les chiffres. Faisant preuve de mauvaise foi dans l’utilisation des statistiques, elle nuit, ainsi, à la crédibilité d’ensemble.

Doren, de son côté, lorsqu’il n’a pas les exagérations de Leonard à se mettre sous la dent, offre des réparties de droite standard qui ne convaincront que les convaincus. C’est son droit. Cependant, sa mauvaise foi devient irritante (mon seuil de tolérance est élevé) lorsque tout ce qu’il trouve à répondre aux appels de Leonard pour une économie plus écologique et plus équitable est de montrer un drapeau soviétique et de faire entendre le chœur de l’armée rouge. (Très exactement la technique infantile utilisée par l’économiste de l’Institut économique de Montréal, Nathalie Elgrably-Levy, dans une chronique récente.)

Mon conseil aux réformistes et aux défenseurs du système actuel: pouvons-nous, pour la nouvelle année, prendre la résolution de mieux respecter les faits et les personnes. Le débat en cours est essentiel pour la suite du monde. Il sera plus éclairant si on le traite comme du monde.