Mes choix politiques de 2012: À lire

Le meilleur livre politique que j’ai lu en 2012: Le rêve de Champlain, de l’américain David Hackett Fisher, traduit chez Boréal. La hauteur de vue, la modernité, l’altruisme de Champlain donne à l’an un de notre histoire collective son véritable héros (et Dieu sait si on en a besoin).

Fisher est légèrement trop obséquieux avec son sujet, qui n’en demandait pas tant, mais l’écriture est alerte, les aventures palpitantes, l’inventivité de Champlain débordante.


La politique internationale française, en BD

Le meilleur livre politique français lu en 2012 fut le second tome de la série BD Quay d’Orsay, qui raconte les aventures d’un rédacteur de discours d’un ministre français des Affaires étrangères qui ressemble en tous points à Dominique de Villepin.

Le premier tome, publié en 2010, racontait les débuts du scribe. Le second mord dans la préparation du fameux discours du conseil de sécurité de l’ONU où de Villepin représenta la résistance de la raison face à l’aventurisme guerrier américain en Irak. On ne s’en lasse pas.

Comprendre la timidité du réformiste Obama

Pour les mordus seulement, il y a Confidence Men, de Ron Suskind, (en français: Obama, la vérité) qui explique en long, large et dans le menu détail comment les conseillers économiques que Barak Obama a eu le tort de choisir au lendemain de son élection de 2008 (Larry Sommers, Rahm Emmanuel et Timothy Geithner) ont sciemment torpillé ses timides efforts visant à réformer réellement le système financier responsable de la crise de 2008.

Le livre est trop long, il faut beaucoup s’accrocher, mais on y apprend des tas de choses et c’est à pleurer.

 

L’ivresse des nations accros au crédit

Un livre plus court, disponible en français sous le titre: Boomerang — Europe, le nouveau tiers-monde, est à la fois informatif et divertissant sur l’impact de la crise et de ses suites dans plusieurs États occidentaux. Michael Lewis, l’auteur du Big Short, sur ceux qui ont fait des milliards en pariant sur l’effondrement des banques en 2008, fait ici des pèlerinages dans plusieurs pays qui ont vécu différemment l’avant et l’après-crise.

Sa grande question: Comment différentes nations ont-elles réagi pendant les années folles où le crédit semblait infini ? Réponse: très différemment. Les Islandais ont quitté la pêche pour acheter tout ce qu’ils pouvaient, les Irlandais se sont achetés entre eux, les Grecs ont trafiqué leurs comptes publics, les Allemands ont continué à être frugaux, chez eux, mais à se vautrer dans des achats louches à l’étranger, alors que les Américains — c’est le chapitre final — poussent leurs États (la Californie) et leurs villes à la faillite.

C’est décapant et un peu déprimant, mais souvent assez drôle.

Une histoire qui ne s’invente pas: Lyndon Johnson

Le récit que fait Robert Caro de la vie de Lyndon Johnson est à la fois gigantesque et palpitant. L’homme est détestable et admirable, ce que Caro a démontré dans les trois premiers tomes de sa série, et illustre encore plus clairement dans le quatrième tome – The passage of power –, publié en 2012, et qui couvre la période allant de son hésitante campagne contre John F. Kennedy aux primaires démocrates pour l’élection de 1960, puis à son calvaire de vice-président du grand homme, jusqu’au jour de l’assassinat de Dallas.

Caro explique clairement combien Johnson, homme de pouvoir, était complètement foutu à la veille du voyage de Kennedy à Dallas, au point que JFK pensait le remplacer comme candidat à la vice-présidence lors de l’élection de 1964.

La disparition de Kennedy tourne une nouvelle page dans l’histoire personnelle de Johnson et l’histoire politique des États-Unis. La détermination avec laquelle Johnson prend les commandes de l’État puis fait adopter la grande législation des droits civils américains que JFK avait promise mais n’aurait pu faire adopter est un triomphe de la volonté et de l’habileté politique.

Caro a le crayon un peu lourd pour faire ses démonstrations et met un peu plus de points sur les i qu’il n’en faudrait. Mais compte tenu de l’ampleur de la recherche (il prend autant de temps à écrire la vie politique de LBJ que ce dernier n’en prenait à la vivre!) et de la force du récit, on lui pardonne tout.

La série n’est, à ma connaissance, pas disponible en français et il n’est pas indispensable de lire les trois premiers tomes avant d’attaquer le quatrième. Mais je le conseille fortement.

Plus tôt cette année, je vous avait parlé de trois livres politiques québécois:

L’essentiel Un gouvernement de trop, de Stéphane Gobeil, sur les économies qu’un Québec souverain effectuerait en opérant le plus grand dégraissage bureaucratique de son histoire (transparence totale: j’en ai écrit la préface).

Les livres Recours aux sources, de l’historien Éric Bédard, et Fin de cycle, du sociologue Mathieu Bock-Côté, sur les liens entre histoire, souverainté et conservatisme sont un excellent complément aux écrits de centre-gauche de votre humble serviteur !

Bonne lecture.

2 avis sur « Mes choix politiques de 2012: À lire »

  1. OUI, OUI, OUI….ET PLUS ENCORE.

    VOILÀ PLEIN DE BONNES CHOSES À DÉVORER OU DÉGUSTER LENTEMENT
    UN GROS MERCI ÉGALEMENT POUR CES SUGGESTIONS ET TANT D’AUTRES ACTIONS INTELLIGENTES

  2. Ça me fait tout drôle de vous voir commenter des livres, ce que je fais à l’année. Vous faites bien ça 😉 !

    Malgré tout, à part des deux premiers, j’aurais bien de la difficulté à les lire.

    En vous souhaitant de pouvoir continuer à grappiller du temps pour vos essentielles lectures au courant de 2013. Je serai là, l’an prochain, pour compter combien vous avez réussi à en lire.

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