Message du ROC: « Ne parlons pas Qc! » (Ajout)

Depuis mardi matin, des éditorialistes du Canada-anglais ont plusieurs conseils à donner au nouveau gouvernement Harper et au nouveau chef de l’opposition, Jack Layton. En un mot: oubliez le Québec !

Je citerai le Globe, le National Post, un stratège NPD et, pour dessert, une surprise québécoise.

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Le Globe à Jack Layton: votre premier test ? Lâcher le Québec !

Dès mercredi, l’équipe éditoriale du Globe and Mail appelait Jack Layton à abandonner une de ses promesses au Québec: celle d’appuyer la revendication de maintien au Québec de 25% des sièges aux Communes. Le Globe l’invite aussi à renoncer à son idée de retoucher à la constitution — même si le Québec en est exclu.

Il doit au contraire travailler avec Harper — dont le Globe a souhaité la réélection — pour « concevoir des politiques qui font la promotion de l’unité canadienne sans provoquer de débats constitutionnels ».

 

En gros, écrit le Globe: « Avec son nouveau statut de chef de l’opposition officielle, Layton doit développer la même vision du Canada pour tous les Canadiens. » Le fédéralisme asymétrique, non merci !

Enfin, le Québec ne compte plus !

Jeudi, dans le National Post, le chroniqueur Lorne Gunther avait le même message à livrer à Stephen Harper et aux conservateurs. Je me permets de le citer longuement:

Stephen Harper est quelque chose que les Canadiens n’ont jamais vu: un premier ministre né et élevé au Canada anglais dont la base politique ne dépend pas des demandes élastiques, suffisantes et égoistes du Québec.

Ceci pourrait (devrait) signifier la fin de l’hégémonie du Québec sur la politique canadienne, mais ne doit pas signifier la fin du Canada.

Le Québec est plus isolée dans notre débat national qu’à aucun autre moment de mémoire d’homme. Presque personne de moins de 50 ans ne pourrait se rappeler un moment où le réflexe de notre gouvernement national n’était pas de demander « Que voudra le Québec sur ce dossier? » Maintenant, ce que le Québec désire doit avoir beaucoup moins de poids.

Par exemple, les Québécois ne sont pas aussi enclins que les autres Canadiens à approuver les initiatives conservatrices de serrer la vis aux criminels ou aux aspirants-immigrants ni leur approche moins hystérique sur l’environnement. Mais les conservateurs ne doivent pas leur majorité au Québec, donc ils n’ont pas à se soumettre aux préférences de cette province.

Tout est dit.

Le NPD et les « séparatiste ethniques »

Vous voulez savoir ce que les proches de Jack Layton pensent du Québec ? Lisez ce qu’en écrit son ancien directeur de campagne, Brian Topp, dans le Globe and Mail de mercredi. Et sachez d’abord que Topp est brillant, superbement informé et parfaitement bilingue et que, comme négociateur de Layton lors de la tentative de coalition de 2008, il connaît très bien le Bloc, ses ex-députés, chef, conseillers:

What did it say about Canada that most of Quebec’s seats were held by ethnic separatists? What does it say about Canada that this is no longer true?

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Vite ! Trouvez le politicien « ethnique » sur cette photo.

Voilà le résultat de 20 ans de présence à Ottawa des Viviane Barbot, Maka Kotto, Oswaldo Nunez, Maria Mourani. Les députés bloquistes étaient des « séparatistes ethniques ».

En quoi les nouveaux députés blancs francophones du NPD ne sont pas des « néo-démocrates ethniques » me dépasse un peu.

Mais cela indique combien les préjugés anti-nationalistes québécois sont bien enracinées, même dans les têtes les mieux faites, même dans la gauche progressiste canadienne.

Des conseils des amis Québécois

Pour terminer cette revue de presse révélatrice de l’état d’esprit du Canada-post Bloc, je m’en voudrais de ne pas citer la chronique publiée jeudi dans le Toronto Sun par Éric Duhaime.

Éric-DuhaimePour mémoire, Éric a été pendant plusieurs années conseiller de Gilles Duceppe, avant de passer au Reform Party à l’Alliance canadienne, puis à l’ADQ et plus récemment à Liberté-Québec. Lisons-le :

Pour planter le dernier clou dans le cercueil du Bloc, Harper doit maintenant respecter sa promesse de couper le financement public des partis politiques. Selon la loi actuelle, le Bloc pourrait encore recevoir 1,8 millions $ par an des contribuables canadiens. Ce financement est probablement la meilleure — sinon la seule — raison restante de justifier l’existence du Bloc.

Avant leurs résultats désastreux de lundi soir, avec 50 députés, le Bloc ne pouvait pas récolter de fonds substantiels de sa base de militants. Imaginez la difficulté, maintenant, avec quatre députés et pas de chef.

Alors qu’ils n’ont plus de raison de chialer contre le Canada et sans un sou venant de vos portefeuilles [Duhaime parle aux Ontariens], le Bloc pourrait bien ne plus avoir de raison d’exister. Si et quand il mourra, espérons qu’il y aura un rappel sur la tombe du Bloc pour souligner le rôle de Harper comme exterminateur.

Le concept de « petite gêne » ne semble pas exister dans la conscience de cet ancien conseiller de Gilles Duceppe.

(Ajout): Samedi, on remet ça.

Les journaux de Sun News (propriété de Quebecor) remettent ça ce samedi en éditorial, rapporte Samuel Auger du Soleil.

Plusieurs journaux de l’entreprise Sun Media, dont le Toronto Sun et le Calgary Sun, ont publié samedi un éditorial demandant au premier ministre Stephen Harper «d’achever» le Bloc québécois. Pour l’auteur (anonyme, selon la tradition éditoriale de plusieurs quotidiens anglophones), il est nécessaire de donner «le coup fatal» au Bloc québécois en abolissant le financement public des partis politiques.

«Mettre un terme à ces subventions forcera les libéraux à vendre des stylos au coin de la rue, et le Bloc n’aura plus que ses 20 ans de souvenirs à voler l’argent des contribuables canadiens pour financer leur trahison. Le plus tôt Harper mettra un terme à ces subventions, le mieux ce sera», soutient le texte d’opinion, où l’abolition du financement public des partis figure comme première priorité du gouvernement élu lundi.

Le détail que je préfère, dans ces éditoriaux de Sun News, est qu’ils proposent de donner au Bloc le « coup de gras« .