PQ: De division en division, jusqu’à la victoire finale !

La capacité qu’a le mouvement souverainiste de se diviser et de convaincre l’électorat qu’il n’est pas digne de confiance, réduisant ainsi ses chances de prendre le pouvoir et de réaliser son objectif, est d’une affligeante bêtise.

Puisque je suis toujours en vacances je laisse, pour l’heure, deux autres plumes asséner des évidences: Bernard Descoteaux, du Devoir, et le politologue Pierre Martin.

Descoteaux, dans un texte intitulé « Souveraineté du Québec — La cacophonie s’installe« , rappelait mercredi que les débats, parfois acerbes, sont consubstantiels à l’existence du PQ. Il ajoutait:

Ce qui est nouveau, c’est que cette fois, des militants et députés non seulement partent, mais ils s’organisent et mettent sur pied des structures militantes concurrentes qui auront une tribune à l’Assemblée nationale avec des droits de parole. La cacophonie s’institutionnalise au sein du mouvement souverainiste.

Ainsi, contrairement à Pierre Bourgault qui forçait la porte du PQ — que René Lévesque voulait lui fermer au nez — car il savait que seul un grand parti pouvait réaliser un objectif aussi important, ses héritiers proclamés font le calcul inverse. Descoteaux souligne ce qui est évident: cette cacophonie « sera de plus en plus audible à mesure que cette constellation s’étendra. Chacun ira d’un discours différent, souvent divergent, et de disputes autour du leadership des uns et des autres. »

Cette cacophonie institutionnalisée plombera, autre évidence, les intentions de vote du PQ, car l’électorat n’écoute jamais un parti divisé et que ces divisions assourdissantes empêcheront le PQ de faire passer quelque message que ce soit. De façon à ce que, écrit le directeur du Devoir, « peu à peu s’estompe la perspective d’une victoire électorale. Dès lors, la démobilisation des militants s’accélérerait ». Ce cercle, vicieux pour la souveraineté, sera déclaré vertueux par les fédéralistes incrédules qui auront vu leurs adversaires historiques creuser leur propre tombe.  Descoteaux poursuit:

La démarche de ces dissidents n’est pas sans contradictions. Ce sont eux qui, depuis la défaite référendaire de 1995, s’impatientaient de voir toujours être reporté le prochain rendez-vous. Ils n’en pouvaient plus d’attendre que soient réunies les « conditions gagnantes ». Leur démarche contribuera à repousser encore plus loin la tenue d’un prochain référendum.

Ils peuvent croire le Parti québécois usé, mais ils s’engagent dans un processus laborieux et stérile, à moins que leur véritable objectif soit d’obtenir le départ de Pauline Marois et la reprise en main du parti. Cela, on l’a déjà vu en 1988, alors que Jacques Parizeau attendait dans les coulisses. Cependant, on ne voit pas qui cette fois serait le leader charismatique pouvant prendre la direction de ce parti.

Ce jeudi, dans le Toronto Star, le politologue de l’Université de Montréal Pierre Martin  notait avec justesse que « comme plusieurs autre mouvements politiques idéalistes, le mouvement souverainiste québécois souffre d’une incapacité chronique à trouver le juste équilibre entre idéalisme et réalisme, conviction et pragmatisme, raison et émotion ». Martin avise ses lecteurs torontois de ce que chacun sait — ou devrait savoir — au Québec:

Le PQ a réussi dans le passé quand ses leaders et militants ont reconnu que le Québécois moyen est réceptif mais ambivalent envers l’indépendance. Ils savaient que des stratégies ou tactiques destinées à ne plaire qu’aux partisans les plus loyaux ne permettraient jamais de convaincre les électeurs modérés nécessaires pour obtenir une majorité résistante aux recomptages.

Martin note que les conditions de cette réussite semblent se déliter:

Dans tous les mouvements de masse favorables au changement, les partisans les plus ardents contribuent une énergie vitale, mais ils sont souvent viscéralement incapables de comprendre les hésitations de ceux qu’ils veulent rallier à leur cause. […]

Certains des souverainistes qui ont quitté le PQ ces jours derniers semblent vivre dans un univers parallèle où les mérites de la souveraineté sont si évidents qu’ils ne peuvent concevoir aucune raison pour laquelle un parti politique devrait tenir compte, dans sa stratégie, de l’ambivalence des électeurs modérés — ce que la plupart des partis qui ont la moindre intention de prendre le pouvoir font.

Des évidences, vous dis-je.