Brian, premier ministre du Québec

« Parfois, on lit ça dans un livre, me dit-il, déconfit. On lit que M. Untel a regardé le mur et ne savait pas quoi faire. Tu te dis : “C’est juste dans les livres…” Ben, c’est vrai. Je le faisais. Je savais pas comment j’allais m’en sortir. » Ces semaines de juillet 1992 constituent, confie-t-il, « la période la plus difficile de [sa] vie politique ».

Qui doit s’excuser pour Octobre 1970 ?

Robert Bourassa et Pierre Trudeau

Des excuses, pourquoi ? Parce qu’il y a 50 ans, à 4 h du matin,  1200 policiers frappent aux portes, réveillant hommes, femmes et enfants, apprenant à des citoyens effarés que, non, ils n’avaient plus de droits, non, il n’y avait pas de mandat, non, ils ne pouvaient pas appeler un avocat. Il y en aurait bientôt, exactement 497 détenus. Pas moins de 97% d’entre eux n’étaient coupables de rien d’autre que d’être indépendantistes, syndicalistes, progressistes. Cinq poètes furent ainsi emprisonnés.

Certains furent frappés par des policiers, forcés à se dénuder et, dans un cas, soumis à un simulacre d’exécution. De plus, 37 000 Québécois ont subi une perquisition sans mandat. Les membres d’exécutifs du jeune Parti Québécois à Hull, Drummondville, Trois-Rivières et ailleurs furent visités à répétition.



Octobre 1970 : L’exception canadienne

Lorsqu’on remet Octobre 1970 dans son contexte historique, une chose apparaît avec force: dans aucun autre pays démocratique aux prises avec le terrorisme et l’enlèvement politique, un gouvernement n’a, comme au Québec et au Canada, suspendu les droits de toute la population.

Dans cette époque de violence politique fréquente et multiforme, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et, en particulier, l’Italie, ont voté des lois qui donnaient aux policiers des pouvoirs parfois exagérés. On a assisté à des dérapages, des bavures, des arrestations déraisonnables, de l’injustice caractérisée.

Meech et le « Quoi qu’on dise… » de Bourassa: La vraie histoire

Robert Bourassa nage. C’est un exercice auquel il s’astreint quotidiennement, pour garder la forme. C’est aussi une cérémonie. Un rituel qu’il accomplit chaque fois que sa fonction l’oblige à un effort particulier, à une décision difficile. « Dans les moments importants, je vais nager pour dégager l’esprit de la déclaration — comme je ne lis pas de texte écrit. J’improvise d’une certaine façon, dans la forme sinon dans le fond. »

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En pleine crise d’Octobre, le premier ministre Robert Bourassa annonce à son conseil des ministres que les policiers sont sur la piste du « chef du Front de libération du Québec ». En suivant ce « chef » on trouvera les lieux où les otages sont faits prisonniers par les felquistes.

Parmi la trentaine de membres réels du FLQ, cette déclaration étonne. Car la petite organisation n’a pas de chef. Elle est complètement décentralisée, pour ne pas dire désorganisée. Il suffit que quelques militants auto-proclamés décident de mener une action pour que la chose se fasse. Pas de réunion, pas de consultation, pas de chef.