(vidéo) Avec le PLQ, le SLR n’est plus sur les rails !

C’est une chose que de vouloir revenir sur une décision qui a été prise par un gouvernement précédent. C’en est une autre de le faire… puis de faire semblant qu’on ne le fait pas.

C’est le tour de force que tente d’accomplir le ministre des transports, Robert Poéti, au sujet du projet de Système Léger sur Rail qui doit relier Montréal et la Rive-Sud sur le futur Pont Champlain.

La décision de choisir le SLR, plutôt que des autobus, a été prise l’an dernier, avec l’appui de tous les élus concernés… et du parti libéral.

M. Poéti fait semblant qu’il ne le sait pas, comme l’atteste notre échange à la période de questions ce lundi:

Notez que le ministre tente d’affirmer que la décision de choisir, ou non, un SLR doit être prise l’an prochain, lorsque sera rendu public le rapport du bureau de projet mis sur pied par le gouvernement du Parti québécois.

C’est faux. Il devrait lire le programme triennal d’immobilisation de l’AMT qui, en page 43, résume très bien l’état de la situation:

En avril 2013, le ministre des Transports annonçait publiquement que le choix du gouvernement du Québec quant au mode de transport collectif privilégié sur le nouveau pont Champlain était un SLR. Par la même occasion, il annonçait la création d’un Bureau de projet sous la responsabilité de l’AMT afin de concrétiser la mise en place du SLR.

Il n’était donc nullement question de reposer la question de l’opportunité du SLR, mais d’en discuter les modalités.

Si le gouvernement Couillard veut remettre en cause le dossier SLR, qu’il le dise franchement. Qu’il explique pourquoi il y était favorable l’an dernier, a donné des signaux positifs avec les élus locaux pendant la campagne électorale, et retourne sa veste aujourd’hui.

Il invoque des questions de coûts. Notre gouvernement se posait la même question et avait résolu d’en faire financer l’essentiel en réclamant la juste part du Québec dans le fond discrétionnaire fédéral d’infrastructure, qui s’élève à quatre milliards. (C’est la cagnotte qui a servi à Ottawa pour financer le métro de Toronto).

Nous avions donc identifié un milliard dans cette enveloppe et avions signifié à Ottawa notre intention.

Le 27 novembre 2013, les députés libéraux votaient avec toute l’Assemblée nationale cette motion:

«Que l’Assemblée nationale demande au gouvernement fédéral d’accélérer l’échéancier pour le remplacement de l’actuel pont Champlain en y intégrant le choix du gouvernement du Québec pour le transport collectif sur la nouvelle structure, un système de type léger sur rail, et qu’il réponde positivement aux attentes de l’ensemble des élus de la Communauté métropolitaine de Montréal.»

La seule préoccupation du PLQ ce jour-là était de faire en sorte que les citoyens ne pensent pas que le SLR était une idée… péquiste ! La porte parole libérale du dossier, la regrettée Fatima Houda-Pépin, voulait remettre les pendules à l’heure libérale:

le gouvernement libéral a toujours pris l’initiative dans ce dossier, que ça soit pour le volet transport, pont Champlain comme tel qui relève du fédéral, ou pour ce qui est du mode de transport collectif s’y rattachant, notamment le dossier du projet de type SLR. Alors, à ma demande, ma collègue la députée de Laviolette, [Julie Boulet] alors ministre des Transports, a saisi son vis-à-vis fédéral par écrit le 20 juin 2007 — 2007 — pour lui faire connaître que le projet de type SLR était prioritaire pour le gouvernement. Elle disait… Il revêtait «un caractère prioritaire pour le gouvernement du Québec». […]

C’était d’ailleurs la première fois que le gouvernement du Québec signifiait formellement et par écrit son appui à ce projet, et ça, bien avant l’arrivée du Parti québécois au pouvoir.

Alors, M. le Président, le gouvernement du Parti libéral du Québec avait compris l’urgence de cet enjeu du pont Champlain […]

Le 2 août 2012, mon collègue le député de Châteauguay [Pierre Moreau], alors ministre des Transports, est venu annoncer à Brossard, dans ma circonscription, la mise sur pied du bureau de projet du SLR sous la responsabilité de l’AMT, une annonce qui a été reprise et recyclée par l’actuel ministre le 19 avril 2013.

Le 25 novembre dernier, il y a deux jours, j’ai émis un communiqué invitant le ministre des Transports à collaborer avec Ottawa pour la concrétisation de ces deux projets majeurs que sont le pont Champlain et le projet du SLR.

Alors, M. le Président, je ne voudrais pas qu’on tombe dans la partisannerie, parce que ces projets-là sont majeurs pour notre région, sont majeurs pour le Québec, ils sont majeurs pour le comté de La Pinière parce que les citoyens en souffrent quotidiennement. Alors, j’invite le ministre, j’invite le ministre à déposer les plans et devis du système léger sur rail au gouvernement fédéral pour arrimer la construction des deux projets, c’est extrêmement important

Loin de moi l’idée de contredire Fatima Houda-Pépin. Et il ressort de son récit que le PLQ fait depuis 2007 la promotion du SLR, que ce fut le cas des ministres Boulet et Moreau, et que ce fut officiellement réitéré par le PLQ dans l’opposition il y a quelques mois à peine.

Que Robert Poéti veuille faire marche arrière, il en a le droit. Mais qu’il ne nous fasse pas croire qu’il incarne la continuité. Il incarne la rupture.

 

16 avis sur « (vidéo) Avec le PLQ, le SLR n’est plus sur les rails ! »

  1. Monorail Trans-Québec
    Je suis contre l’idée d’installer un SLR (système léger sur rail) sur le pont Champlain qui coute une fortune à installer en plus d’être encombrant et de ne pas être vert. Il existe une solution en développement toute prête qui ne demande qu’à être mise à l’étude et de plus est une solution verte car on possède d’abondants surplus d’électricité il s’agit du Monorail sur rail, beaucoup plus économique à construire car on n’est pas obligé d’ajouter des voies pour son installation, beaucoup moins encombrant que le SLR et plus économique à opérer à l’année longue sans problème car les rails sont protégées contre les intempéries. Il peut être installé n’ importe où et peut même remplacer un métro, en réalité, c’est un métro de surface. Est-ce parce que c’est une invention québécoise que l’on ne se donne pas la peine de regarder cette option, il serait temps que nos gouvernements se réveillent et laissent les petits amis de coté pour regarder ce qui est bon pour le Québec et son économie, la création d’emploies.
    Je vous place l’adresse pour plus d’information : http://www.trensquebec.qc.ca/le-moteur-roue

  2. Ce que je vois moi c’est que lorsque vous étiez journaliste avant d’être élu vous faisiez la promotion du Monorail TrensQuébec. Quand vous avez été élu pourquoi votre enthousiasme envers ce projet a il disparu. Et maintenant vous critiquez les autres. J’aimerais bien avoir un semblant de réponse à défaut d’une réponse.

    • Bonjour m. Aubé,
      Ce dossier nous intéresse vivement.
      C’est pourquoi dans le cadre de la stratégie d’électrification des transports, il avait été décidé de commander une étude de faisabilité sur le monorail.
      Le PLQ ayant toujours raillé l’idée, je ne suis pas très optimiste sur la suite, cependant.
      cordialement,
      JFL

  3. Le SLR, quelle blague ! …alors que se profile à l’horizon une solution beaucoup plus légère, économique et avant-gardiste : La technologie de monorail proposée par l’ingénieur Pierre Couture. Cette technologie n’aurait besoin que d’un coup de pouce financier de l’état assortit d’un peu de clairvoyance politicienne. Le chantier du Train de l’Ouest et celui du Pont Champlain constituent des fenêtres d’opportunité inespérées pour concrétiser cette technologie qui deviendrait inévitablement l’un des fers de lance d’un vrai leadership québécois en matière de développement durable.
    Y a t’il des politiciens au Québec qui entrevoient les véritables enjeux internationaux du 21e siècle ?
    Par exemple, le choix de cette filière technologique (car ça deviendra véritablement une filière) pour le train de l’ouest serait beaucoup plus simple et économique au chapitre des infrastructures et des contraintes urbanistiques. De plus, en se fiant aux coûts estimés pour le projet Montréal-Québec originalement proposé (12 millions par km), on pourrait estimer les coûts d’implantation à environ 300 millions de $… belle économie à une époque ou on gratte les fonds de tiroirs ! Ce serait beaucoup plus rapide, plus économique (électrique) et moins polluant.
    Mais c’est surtout sans compter les extraordinaires perspectives de retombées internationales que pourraient avoir un tel projet en terme économique comme en terme de renommée nationale… suffit de voir plus loin que son nez!
    Quelqu’un peut-il contacter Pierre Couture au plus sacrant ?
    Voir le site de trensquébec pour plus de détails : http://www.trensquebec.qc.ca/

  4. Votre intervention était d’une clarté absolue celle du ministre mensongère car comment peut il dire que’ il va aviser Ottawa de sa décision en juin prochain et dire que il vont suivre les recommandations du rapport de juin 2015. Le naturel des libéraux est vite revenu les enquêteurs ne manqrons pas de travail…

  5. Quand Jean Charest a décidé de défusionner des villes-amies-rouges, après des fusions qui avait été pensées et étudiées pendant une cinquantaine d’années, j’étais convaincu que ce serait là son monument à la bêtise, Il nous en a fait voir d’autres par la suite. L’Ontario, plus chanceuse, n’a pas eu à se défendre du geste brillant et courageux de son premier ministre, Mike Harris.

    Aujourd’hui, le premier ministre Couillard dit qu’il veut faire des villes, autre chose que des créations du gouvernement provincial. Pourrait-il en faire une création d’une sorte de gouvernement que je n’ai pas connue?

    Parallèlement, son ministre, Robert Poéti, aurait-il trouvé quelque chose de supérieure à l’idée d’un SLR sur le pont Champlain, malgré les quelque dix années de recherche et d’étude et l’accord presque unanime des intervenants?

    Pourrais-je aussi rappeler à votre souvenir, M. Lisée, que ces libéraux qui se prétendent d’avoir travaillé très fort pour obtenir rapidement le nouveau pont, ont dormi sur la switch bien plus qu’ils ne veulent l’admettre? C’est en tout cas ce que devait penser l’ancien ministre libéral à Ottawa et ex-maire de la grande Ville de Longueuil, Jacques Olivier, lorsqu’il a fait une sortie remarquée il n’y a pas si longtemps, pour secouer la léthargie de ses alliés naturels .

    Salutations cordiales

  6. L’intervention est très bien amenée et éclairante sur le plan d’enjeux mettant en compte les « jeux de pouvoir » pouvant tromper sur ce qui est « rupture » et/ou « continuité ». Merci à vous de continuer à servir l’éducation politique citoyenne à travers des interventions justes et mesurées.

  7. Question infrastructure, il y en a parfois qui se contente de regarder petit et à court terme. Question infrastructure, d’accord, le budget compte mais il ne faut pas voir les choses juste à partir de ce point de vue. Il y a le long terme aussi, pour des politiciens qui prennent des décisions dignes de passer à l’histoire.

    Je cite: «Les élus montréalais sont officiellement unanimes : ils veulent un système léger sur rail (SLR) dans l’axe du pont Champlain.» Voir lien ci-dessous:

    http://www.lapresse.ca/actualites/montreal/201405/27/01-4770395-systeme-leger-sur-rail-une-motion-durgence-adoptee-a-lunanimite.php
    _______________________________________________

  8. Bien que les lois promis par monsieur Couillard concernant les Villes de Montréal et de Québec ne soient pas encore votées, le Premier ministre tout même martelé, que dorénavant, les Villes ne seront plus traitées comme des créatures du gouvernement du Québec et qu’elles auraient les moyens de leurs ambitions.

    Ça commence mal, si les villes de Montréal et de la Rive-Sud ont choisi le SLR pour rejoindre la Rive-Sud à Montréal, ce qui est recommandé par les experts mandatés à étudier ce projet.

    Lorsqu’Hydro-Québec investie dans des projets d’équipements pour de l’énergie qu’elle n’utilisera pas avant 10 ans, on ne considère pas cela comme du gaspillage. Ça devrait être la même chose pour le transport collectif, pour une région qui représente plus de 50% de la population du Québec.

  9. À force de tergiverser puis de souffler le froid et le chaud dans le dossier du Pont Champlain et du SRL le Gouvernement Libéral ne fera que retarder l’échéance en plus de refuser d’entrer dans le siècle avec un mode de transport moderne et non polluant.

  10. Quand j’ai entendu M. Poéti aux nouvelles dire que la désicion n’était pas encore prise, je ne l’ai pas cru. Je me suis dit qu’il attend probablement que les choses se tassent pour en arriver à dire les vraies choses, du moins celles qu’il pense être les vraies choses.

    Psychologiquement parlant, c’est le genre d’attitude qu’on peut retrouver chez les gens qui aiment, pour ne pas dire « trippent » sur le pouvoir. Tout ce qu’ils veulent, c’est avoir raison, indépendamment sur quoi repose ces raisons ou les finalités de la chose. Dans ce cas-ci, soi-disant, le budget est le motif principal.

  11. Ré « C’est la cagnotte qui a servi à Ottawa pour financer le métro de Toronto »
    Mais ce n’est pas pareil : le métro de Toronto est un ouvrage d’intérêt national aux termes des art. 91 et 92 de la Constitution.
    Je dirais même d’intérêt international!
    Alors que le pont Champlain, ou son remplacement, n’est que d’intérêt local.
    Que les péquistes sont malhonnêtes!

    • Ouais, le pont Champlain ne sert que du local! Parce que les USA ne sont pas une nation!

    • Vous essayez de nous faire croire que le Pont Champlain a un intérêt local? Quelle vision grandiose! Il n’a peut-être qu’un intérêt pour le servir 10-30, et encore…Et comme les Qwebek liberals ne s’occupent que des vraies affaires…

  12. Merci M. Lisée, pour ces vidéos et reportages quotidiens sur vos interventions à l’Assemblée. C’est exactement ce que nous attendions. Nous les lisons et les écoutons attentivement.
    Bien sûr nous admirons non seulement votre éloquence, mais la vigueur avec laquelle vous défendez les intérêts de Montréal et du Québec. Cela nous console des blessures que nous subissons chaque jour devant les décisions parfois catastrophiques du PLQ.
    Nous sommes avec vous, derrière vous, pour vous insuffler toute la force nécessaire à ce combat décisif contre un Parti qui tente par tous les moyens de mettre le Québec à genoux.

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