2010: l’anniversaire du grand échec

Fete-du-24-juinLes grands dossiers de 2010 (1)

L’année 2010 sera, entre mille autres choses, marquée par le 20e anniversaire de la mort de l’accord du lac Meech.

Pour les jeunes internautes: c’était une tentative de faire en sorte que le Québec rejoigne, à sa satisfaction, la constitution canadienne, qui lui a été imposée en 1982.

Deux citations récentes me frappent comme étant d’excellentes analyses des rapports Québec-Canada, 20 ans après cet échec historique.

Le premier a surgi en décembre, dans le National Post. Depuis la geôle américaine où il purge sa peine pour fraude, l’ex-magnat de la presse mondiale et ex-biographe de Duplessis, Conrad Black, donne la température canadienne:

There is no significant ill-will to Quebec in English-Canada, but the province’s ability to frighten or perplex the country, or even arouse its curiosity, is past. Quebec is a bore.

Je traduis:  Il n’y a pas de mauvaise volonté envers le Québec dans le Canada-anglais, du moins pas à un niveau significatif. Mais la capacité de la belle province de faire peur ou de rendre le pays perplexe, et même à susciter sa curiosité, est chose du passée. Le Québec ennuie.

La seconde citation vient de Gilles Duceppe, lors de son discours aux Intellectuels pour la souveraineté, fin-novembre. Elle complète la précédente:

Cette absence de volonté politique [de réinsérer le Québec dans la constitution] dure depuis 20 ans maintenant et un constat s’impose: une offre constitutionnelle du Canada répondant aux besoins du Québec ne viendra jamais.

Cette phrase m’a frappé, moi et mon camarade Stéphane Gobeil, qui n’avait que 22 ans à l’époque, car elle dit une évidence qui était, auparavant, supposée, mais non dite. Vingt ans après Meech et 18 ans après la dernière tentative de réconciliation, celle de Charlottetown, le temps semble effectivement venu de constater qu’aucune combinaison politique ne peut plus, à vue d’homme, permettre au Québec de redevenir un membre à part entière du pays canadien.

L’anniversaire du grand échec de Meech, en juin prochain, pourrait être le moment de ce deuil collectif.

Manif du 24 juin 1990, lendemain de la mort de Meech. Vous y étiez ? (Photo: origine inconnue)

Ce contenu a été publié dans 1990-1992 De la mort de Meech à la mort de Charlottetown par Jean-François Lisée, et étiqueté avec , . Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !