9/11: CBC à la rescousse de Richard Bergeron

the_unofficial_story_sidebarVoilà une émission qui arrive un peu tard dans la vie de Richard Bergeron. Le chef de Projet Montréal, vous le savez, fut figurativement lapidé pour avoir écrit en 2005 qu’il se pourrait que la version officielle des attentats du 11 septembre soient un jour démenties. Vendredi dernier, les journalistes d’enquête de l’émission phare de la CBC, The Fifth Estate, ont consacré une heure aux théories chères à M. Bergeron et, tenez-vous bien, sans dire qu’elles sont folles !

Le journaliste, Bob McKeown (gagnant de deux prix Emmy et de trois Gemini) a été très prudent. Il ne sait sans doute pas, vivant à Toronto, les problèmes de crédibilité qui ont assailli Richard Bergeron, mais il doit savoir qu’un candidat libéral fut largué illico aux dernières élections et qu’un conseiller du président Obama a perdu son emploi pour avoir émis des doutes sur la version officielle.

Son reportage se présente donc comme une volonté d’expliquer pourquoi les tenants de versions alternatives du 11 septembre (appelés les truthers, car ils disent vouloir la vérité) sont aussi ardents dans leur foi. Sous cette couverture, McKeown mène une vraie enquête. Et c’est en quoi l’émission est si intéressante. Curieux, j’ai depuis quelque temps écouté les arguments des uns et des autres. Mais le malaise vient du fait que chaque camp, dans ce débat, est complètement univoque: n’accumulant que les preuves favorisant sa thèse.

L’absence d’un intervenant neutre manque cruellement. McKeown établit clairement que plusieurs des questions soulevées par les truthers n’ont simplement pas été traitées par la commission d’enquête politique et par les enquêtes techniques sur l’effondrement des tours.

Il arrive à démontrer que certaines affirmation des truthers sont fausses ou exagérées, mais pas toutes. Et le téléspectateur est laissé, en fin d’émission, avec la nette impression que d’importantes questions restent sans réponse.

Le problème, qu’il soulève avec un des truthers les plus posés, l’architecte Richard Gage, est que si un des éléments de preuve est réel (la présence d’un matériel hautement explosif, et de provenance militaire, dans les décombres) alors comment proposer un scénario alternatif de l’ensemble de l’attentat ? Gage répond prudemment que ce n’est pas son travail, mais celui d’une vraie commission d’enquête. Un autre truther, le canadien Kee Dewdney de l’Université de Western Ontario, qui affirme prouver que les conversations par cellulaire tenues par des passagers des avions sont techniquement impossibles à une telle altitude, tente, lui, de composer ce scénario. Et sa thèse apparaît immédiatement abracadabrantesque.

Et c’est le grand problème avec lequel le Fifth Estate, et toute personne sensée, sont confrontés dans cette affaire. Si des questions sont sans réponses, si des preuves tangibles contredisent la version officielle, la conséquence logique est, en soi, un défi à la crédulité.

Relisons ce qu’écrivait Richard Bergeron en 2005:

Personne ne sait ce qui s’est réellement passé le 11 septembre 2001. Nous avons tous vu à satiété deux avions de ligne percuter les tours jumelles du World Trade Center à New York. C’est bien là le seul événement dont nous soyons sûrs. Quant aux raisons qui ont motivé cet acte, elles nous demeurent inconnues. Pour ce qui est des deux autres avions qui se seraient écrasés l’un sur le Pentagone, à Washington, l’autre dans un champ, non loin de Pittsburg, en Pennsylvanie, on tombe à mon sens dans la farce macabre. Chacun a pu vérifier à des dizaines de reprises qu’un écrasement d’avion, de quelque façon qu’il se produise, produit toujours une abondance de débris. Or, ni au Pentagone ni en Pennsylvanie, personne n’a jamais vu le moindre débris a avion. Je suis personnellement du genre à ne pas croire que des avions de 60 tonnes puissent se volatiliser. Il se peut que ce fameux 11 septembre 2001, nous ayons simplement été témoins d’un acte de banditisme d’État aux proportions titanesques.

Pendant la campagne, Richard Bergeron a voulu se raccrocher à ce il se peut comme à une bouée. Cela n’a pas suffi. On ne peut pas être en journalisme ou en politique en Amérique du nord et penser qu’il se peut que Washington et Dick Cheney ait trempé dans l’attentat.

Et voilà pourquoi, après avoir écrit ce billet, mes chances de devenir maire de Montréal sont nulles !

On peut voir l’émission The Unofficial Story, de The Fifth Estate, en ligne ici.

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !