À lire (ou pas): Un Goncourt qui se déroule au Québec

Je n’ai pas l’habitude de me jeter sur les lauréats des prix littéraires pour faire mes choix. Mais le dernier Goncourt, « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon », a attiré mon attention parce qu’une partie de l’intrigue se déroule dans ma ville natale, Thetford Mines. En le lisant, je me suis rendu compte qu’une autre partie du récit a lieu non loin de ma résidence actuelle, dans Ahuntsic.

Et pourtant, je ne vous en recommande pas la lecture. Il est certes agréable à lire et on voudrait bien savoir comment ça va se terminer. Mais la principale énigme qui en émerge est : comment ce livre a-t-il pu recevoir le prix Goncourt ? Les autres candidats étaient-ils moins intéressants ?

Le protagoniste est emprisonné à Bordeaux pour un crime violent dont on ne connaîtra la nature qu’à la fin. Il partage sa cellule avec le personnage de loin le plus intéressant du bouquin, un Hells Angels nommé Patrick Horton, tatoué tout partout et fan des Harley Davidson.

Horton est savoureux à souhait, mais son intérêt est décuplé par le fait que ce Québécois des bas fonds s’exprime comme un malfrat parisien dont les dialogues seraient écrits par Michel Audiard, auteur des « Tontont flingueurs » et autres classiques du cinéma policier français.

« Putain, oui je l’aurais tué cette merde. Ces mecs-là faut les ouvrir en deux » lance le Hells Angels dès les premières pages, et c’est comme ça jusqu’au bout. (Ah, aussi, les Québécois jouent au hockey avec des « crosses ». Tenez-vous le pour dit.)

Avis aux éditeurs français: Si vous publiez un ouvrage dont une partie de l’intrigue se déroule au Québec, faites le relire par n’importe quel Québécois, juste pour vous assurer d’éviter le ridicule.

Mais, je le promets, si l’auteur, Jean-Paul Dubois, écrit une suite centrée sur le personnage de Patrick Horton, le Hells qui parle à la française, je l’achète, même (ou surtout) s’il ne gagne pas de prix !

On peut tout de même le commander ici.


La bande annonce de ma dernière balado Lisée101:

La bande annonce d’une récente balado Lisée202:

  

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !

1 avis sur « À lire (ou pas): Un Goncourt qui se déroule au Québec »

  1. Bonjour monsieur Lisée,
    Je suis d’accord avec vous sur le manque de rigueur de l’éditeur français de ce roman. J’ai trouvé très sympathique le co-détenu Horton mais son manque de crédibilité comme Hell Angel québécois dès qu’il ouvre la bouche m’a agacée de début à la fin. Bien que n’ayant peu la fibre canadienne mais plutôt québécoise, j’ai été néanmoins choquée aussi de lire (p.142) que l’hymne national  »Ô Canada » est composé d’un poème du lieutenant-gouverneur Théodore Robitaille et mis en musique par Guillaume Ouellet (exit Basile Routhier et Calixa Lavallée!!) . On a ainsi faussement amalgamé des infos existantes sur Wikipédia: le Robitaille en question était chargé de trouver des auteurs pour cet hymne et Ouellet, un para-olympien contemporain qui rêve du podium pour entendre l’Ô Canada….Paresse intellectuelle plutôt insultante, non, pour un récipiendaire du Goncourt?

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