Accommodements : quand Julius Grey étonne

Le financement public des écoles religieuses et ethniques est (cramponnez-vous) :

L’accommodement le plus répandu et déraisonnable que fait le Québec. (Allez, en v.o.: That is the most common unreasonable accommodation that Quebec makes.)

C’est Julius Grey, l’avocat choc des accommodements raisonnables qui l’affirmait, dans la Gazette de vendredi. Comme 95 % des Québécois et 75 % des habitants du Rest of Canada, il se disait en accord avec l’interdiction du niqab dans les services publics (et comme Michael Ignatieff, découvrant tout à coup la lumière !). Mais il mettait son poids en faveur d’un « phasing out » de la participation de l’État aux écoles religieuses.

Ce blogueur applaudit le bon Me Grey pour cette position, que je défends depuis 2007 (voir Nous et cet article). Il y a quelque temps, j’ai promis que je reviendrais sur cette question, et je compte le faire. Mais je rappelle simplement ici comment pourrait s’appliquer le retrait des fonds publics aux écoles religieuses :

Que fait-on des droits acquis ? Les clauses grands-pères ont été inventées pour cela. Le primaire et le secondaire durent 12 ans, maternelle comprise. Ajoutons cinq ans pour les enfants nés et à naître. Et affirmons que, dans cinq ans, l’État cessera de financer les écoles religieuses au niveau de la maternelle. L’année suivante, à la première année, et ainsi de suite jusqu’à la fin du régime de subventions, dans 17 ans. Des aménagements pourront être faits pour la fratrie. Le droit aux écoles religieuses privées non subventionnées est, lui, protégé par des traités internationaux. Il faut le respecter, l’encadrer sérieusement, en aucun cas ne l’encourager.

Comme je l’expliquais alors, je crois que cette mesure, progressive, devrait être accompagnée d’une ouverture balisée d’une présence religieuse limitée, complètement volontaire et non subventionnée à l’école (comme dans les lycées de la République française) de manière, entre autres, à intégrer un maximum d’ex-élèves des écoles religieuses dans le secteur public. Ce qui est, en définitive, l’objectif social et identitaire le plus important.

Ce contenu a été publié dans Laïcité par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !