Ne cherchez pas, vous ne trouverez pas dans l’histoire moderne du Québec un gouvernement qui a maintenu pendant ses quatre années de pouvoir un niveau de popularité aussi élevé que celui de François Legault. J’essaie de cerner dans ce texte les raisons de cet ensoleillement. Samedi, j’aborderai le volet obscur du bilan caquiste.
Archives de l’auteur : Jean-François Lisée
Ailleurs
On nous dit qu’il existe un lieu dans lequel les Québécois se sont politiquement agglutinés ces dernières années. Ailleurs. « Les Québécois sont ailleurs », répétait cette semaine le nouveau caquiste Bernard Drainville. On cherche en vain cet endroit sur les mappemondes modernes. Peut-être pouvait-on le trouver, peuplé de dragons, au pourtour des anciennes cartes qui présumaient que la Terre était plate.
Lucien Bouchard, l’anti-péquiste
En ce jour de janvier 1996, fraîchement couronné chef du Parti québécois, donc premier ministre, par des militants péquistes confiants qu’il les conduirait au pays, Lucien Bouchard tenait sa première réunion de caucus. Il avait mis son régulateur de charme à la position maximale. Évoquant les années où il avait eu sa carte de membre, il eut cet aveu : « Moi, je connais pas très bien le parti. Je donnais mon 3000 $ par année [le maximum permis à l’époque], ma femme donnait son 3000 $, mais on n’allait pas aux réunions et tout ça. » Assis au fond de la pièce, j’entendis un député dire à un autre : « Quand tu donnes 6000 $ par année, t’as le droit de pas venir aux réunions ! »
Le Louisianisateur
L’heure est grave. François Legault pointe un doigt accusateur vers un gouvernement qui, par son insondable incurie, met en cause la « survie de la nation ».
Les chiffres sont incontestables. En trois ans, le coupable a déroulé le tapis rouge à 90 000 unilingues anglophones, massivement regroupés à Montréal, et à 30 000 autres qui ne connaissent rien à la langue de Vigneault. Il est grand temps de nommer le responsable : le gouvernement de François Legault.
Torturer l’histoire (intégral)
Tiens, il me vient soudainement le goût de produire un documentaire. J’y ferais la démonstration qu’avant le référendum de 1995, le nationalisme québécois était étroit, fermé, xénophobe. Mais qu’après, il devint moderne, attentif aux minorités, ouvert sur le monde. Les faits seront vrais, je le jure. Mais le tri que j’en ferai, le poids relatif que je leur donnerai, le ton du narrateur (moi), la sélection et le montage des entrevues d’invités et de commentateurs seront complètement assujettis à ma thèse.