Avis de décès : le financement public des partis

C’est terminé. Le financement public des partis politiques, introduit par René Lévesque en 1977 (puis copié par Jean Chrétien au fédéral) vient de mourir. Certes, le projet de loi sur la réforme du financement débattu à Québec permettra aux individus de verser des sommes modestes, de l’argent de poche. Mais le système qui a permis au Parti libéral du Québec d’engranger 9 millions de dollars l’an dernier marche à pas rapide vers sa tombe.

Il sait d’ailleurs où aller car sa pierre tombale était dans un grand quotidien montréalais ce matin. La voici :

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Plus personne ne voudra voir son nom ainsi étalé dans les gazettes. (Source PQ, repris par La Presse*.)

Les dons importants ont toujours — depuis 1977 — été publics et les journalistes ont souvent fait des recoupements intéressants entre les donateurs et les bénéficiaires de faveurs ou de contrats gouvernementaux.

Mais depuis le scandale du financement montréalais occulte l’an dernier, puis le déballage quasi-quotidien de coïncidences fâcheuses entre les donateurs libéraux et les heureux choisis pour l’ouverture de garderies, tout don significatif à un grand parti politique devient simplement toxique.

Dorénavant, faire un chèque de 3000 $ à un parti, c’est mettre sa réputation en jeu. Nous aurons les premiers signes du niveau d’avancement de la maladie mortelle du financement la prochaine fois que le Directeur général publiera les états financiers des principaux partis. Cela arrivera sous peu, début avril, lorsque les partis provinciaux et municipaux remettront leurs rapports 2009.

Les premiers stigmates de la malédiction du financement y seront déjà apparentes. L’ampleur de la gangrène ne sera visible que l’année suivante. Et aucune quantité d’eau bénite ne pourra, dans l’intervalle, renverser le processus.

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* Note, ce billet a été modifié pour préciser la source première du tableau.

 

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !