Brian Topp et le Québec, printemps 2011

web-ndp-topp-br_1318699cl-8-150x150Le Montréalais d’origine et actuel candidat à la direction du NPD Brian Topp a été mis à contribution pendant la campagne fédérale de 2011. Il est bon de le rappeler pour comprendre, au-delà des beaux discours, la pensée de l’homme sur la question québécoise.

Au printemps 2011, la presse canadienne venait de découvrir la « déclaration de Sherbrooke » de 2005 dans laquelle le NPD avait accepté de reconnaître un vote souverainiste pour le Oui à 50 % + 1, une position diamétralement opposée à la loi C-20 sur la clarté référendaire, pourtant votée à l’époque par tous les députés néo-démocrates sauf un.

Que fallait-il en penser ? Comme je l’ai signalé à l’époque, la campagne Layton a expressément donné à Brian Topp le soin d’éclairer les lanternes anglo-canadiennes. Ce qu’il a fait en communiquant avec mon collègue Paul Wells, de Maclean’s, par téléphone puis par courriel, pour attribution.

Voici les extraits pertinents de ce que Paul rapporte, dans les mots écrits par Topp:

* M. Layton ne demande pas d’abroger la loi sur la clarté;

* Dans le renvoi de 1998, la Cour suprême a écrit les règles pour tout futur référendum, s’il y en avait un;

* La question de savoir si une future question référendaire est suffisamment «claire», si cette question devient contentieuse, va vraisemblablement se retrouver devant la cour suprême.

Dans son courriel, Topp évite de rappeler que Layton s’est engagé à respecter un verdict de 50 % + 1, ce qui constitue tout un oubli. Pour le reste, on ne peut être plus clair. Si la loi sur la clarté n’est pas abrogée, elle s’applique. Si elle s’applique, une majorité de la Chambre peut rejeter le résultat référendaire, quel qu’il soit. Si elle l’accepte, chaque province peut ensuite voter contre l’amendement constitutionnel qui reconnaîtrait l’indépendance du Québec.

En fait, Topp/Layton ajoutaient un étage de difficulté, en renvoyant la question référendaire — en cas de conflit, ce qui est virtuellement inévitable — à la Cour suprême. Évidemment, l’Assemblée nationale ne reconnaît ni l’autorité de la Cour ni celle du Parlement en ces matières, qui sont tous les deux juges et parties.

Brian Topp et les députés du Bloc

Au lendemain de la victoire historique du NPD au Québec, Topp, alors toujours chroniqueur, livre le fond de sa pensée dans le Globe and Mail. Et sachez que Topp est brillant, superbement informé et parfaitement bilingue, et que, comme négociateur de Layton lors de la tentative de coalition tripartite de 2008, il connaît très bien le Bloc, ses ex-députés, chef, conseillers:

What did it say about Canada that most of Quebec’s seats were held by ethnic separatists? What does it say about Canada that this is no longer true?

Voilà le résultat de 20 ans de présence à Ottawa des Vivian Barbot, Maka Kotto, Osvaldo Nunez, Maria Mourani. Les députés bloquistes étaient des «séparatistes ethniques».

En quoi les nouveaux députés blancs francophones du NPD ne sont pas des «néo-démocrates ethniques» me dépasse un peu.

Mais cela indique combien les préjugés antinationalistes québécois sont bien enracinés, même dans les têtes les mieux faites, même dans la gauche progressiste canadienne.

Même chez Brian Topp.

Demain: La tentation conservatrice de Thomas Mulcair