Carré rouge et ministre de l’Inculture

image3C’est certain, on ne s’attend pas à beaucoup de hauteur de la part des membres du gouvernement Charest, surtout par les temps qui courent.

Mais on ne peut simplement pas passer sous silence la diatribe de la ministre de la Culture — de la Culture ! — contre un des plus remarquables talents que le Québec contemporain ait produits : Fred Pellerin.

En plus d’être conteur, poète et auteur de chansons, Pellerin a su mettre en images son imaginaire et exporter dans le reste de la Francophonie l’extrême singularité québécoise qu’il incarne. Il est, de plus, progressiste, écologiste et indépendantiste et a associé son nom et son renom à bon nombre de causes qui ont pour dénominateur commun d’être en porte-à-faux avec le gouvernement Charest.

C’est pourquoi il a indiqué, sans la moindre agressivité, qu’il préférait ne pas recevoir l’Ordre du Québec dans le climat actuel :

« J’ai été touché. Et on est dans le peu-dire. J’ai été viré à l’envers de fierté. […] J’en suis flatté, dans le sens du poil debout sur les bras. […] On allait me piquer à la veste un bout de brillance au nom du peuple québécois. Mon peuple. Mais il se trouve que ce peuple, à qui on me demande de faire honneur en tant que membre de l’Ordre, se trouve présentement plongé dans une crise sociale d’ampleur. Je m’en voudrais de célébrer et de trinquer à l’honneur de ce peuple dans le contexte actuel, où même notre démocratie se fait secouer par la base. »

Lorsqu’on reçoit cette lettre de quelqu’un qu’on veut honorer, on s’incline en silence, surtout si on a un peu de culture et de savoir-vivre. Mais voici la pique que Christine St-Pierre a servie au poète :

« Il a le droit de porter le carré rouge, on est dans la liberté d’expression, mais nous on sait ce que ça veut dire, le carré rouge, ça veut dire l’intimidation, la violence, ça veut dire aussi le fait qu’on empêche des gens d’aller étudier. Pour nous, c’est ce que ça veut dire et pour une grande, grande, grande partie des Québécois, c’est ce que ça veut dire. »

On aurait entendu le ministre de l’Agriculture ou de la Sécurité publique proférer de telles âneries, on aurait haussé les épaules. Mais que l’ancienne journaliste Saint-Pierre, qui a pour mandat d’accompagner les artisans québécois de la culture, donc de comprendre leur sensibilité — sans avoir à la partager —, donne une lecture aussi tronquée, limitée et pour tout dire bornée de la signification que revêt pour des centaines d’artistes et des centaines de milliers de Québécois ce carré rouge dépasse l’entendement.

Qu’elle ose mettre dans le même sac la gentille sensibilité de Fred Pellerin avec les mots « violence » et « intimidation » est une insulte à l’homme, à l’intelligence et à la fonction même de ministre de la Culture.

Au mot « inculture », le Larousse nous dit : Manque de culture intellectuelle.

Il serait donc opportun qu’un député propose ces jours prochains une motion de changement d’intitulé pour le ministère de Mme Saint-Pierre.

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À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !