Qui doit s’excuser pour Octobre 1970 ?

Robert Bourassa et Pierre Trudeau

Des excuses, pourquoi ? Parce qu’il y a 50 ans, à 4 h du matin,  1200 policiers frappent aux portes, réveillant hommes, femmes et enfants, apprenant à des citoyens effarés que, non, ils n’avaient plus de droits, non, il n’y avait pas de mandat, non, ils ne pouvaient pas appeler un avocat. Il y en aurait bientôt, exactement 497 détenus. Pas moins de 97% d’entre eux n’étaient coupables de rien d’autre que d’être indépendantistes, syndicalistes, progressistes. Cinq poètes furent ainsi emprisonnés.

Certains furent frappés par des policiers, forcés à se dénuder et, dans un cas, soumis à un simulacre d’exécution. De plus, 37 000 Québécois ont subi une perquisition sans mandat. Les membres d’exécutifs du jeune Parti Québécois à Hull, Drummondville, Trois-Rivières et ailleurs furent visités à répétition.



Octobre 1970 : L’exception canadienne

Lorsqu’on remet Octobre 1970 dans son contexte historique, une chose apparaît avec force: dans aucun autre pays démocratique aux prises avec le terrorisme et l’enlèvement politique, un gouvernement n’a, comme au Québec et au Canada, suspendu les droits de toute la population.

Dans cette époque de violence politique fréquente et multiforme, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et, en particulier, l’Italie, ont voté des lois qui donnaient aux policiers des pouvoirs parfois exagérés. On a assisté à des dérapages, des bavures, des arrestations déraisonnables, de l’injustice caractérisée.

Octobre 70: la grande peur de la jeunesse

Au cœur de l’argumentaire du pouvoir, en Octobre 1970, on trouve la jeunesse. Personne, à Ottawa, Québec ou Montréal, ne pense que le Front de libération du Québec, qui détient alors deux otages, puisse traduire son discours révolutionnaire en réelle tentative de prise du pouvoir. En réelle insurrection.

Or il faut pouvoir affirmer qu’existe au Québec, à ce moment, un état « d’insurrection appréhendée» pour invoquer la Loi sur les mesures de guerre qui donne aux policiers le droit d’arrêter et de perquisitionner sans mandats, puis de détenir des citoyens pendant 90 jours.

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En pleine crise d’Octobre, le premier ministre Robert Bourassa annonce à son conseil des ministres que les policiers sont sur la piste du « chef du Front de libération du Québec ». En suivant ce « chef » on trouvera les lieux où les otages sont faits prisonniers par les felquistes.

Parmi la trentaine de membres réels du FLQ, cette déclaration étonne. Car la petite organisation n’a pas de chef. Elle est complètement décentralisée, pour ne pas dire désorganisée. Il suffit que quelques militants auto-proclamés décident de mener une action pour que la chose se fasse. Pas de réunion, pas de consultation, pas de chef.