Mitt Romney: Monsieur 1%

tumblr_lxh7w6MXGo1qcpel0-150x150Les manifestants d’Occupy Wall Street n’auront jamais pu faire autant, pour illustrer la goinfrerie des richissimes plutocrates américains, que le candidat républicain Mitt Romney.

Poussé à rendre public ses rapports d’impôts, il a fait ce mardi une démonstration d’une grande clarté: lui, le multimillionnaire, bénéficie d’un taux d’imposition inférieur à celui des américains ordinaires. Avec un taux de 13% sur les 20 millions qu’il a empoché pour chacune des deux dernières années, il est moins imposé que sa secrétaire.

La raison ? L’essentiel de son revenu consiste en gain de capital (du rendement sur l’investissement) dont le taux d’imposition est fixe, à 15%, donc  n’est pas progressif, contrairement à l’impôt sur le revenu qui peut grimper, aux États-Unis, jusqu’à 30%. Voilà pourquoi les élites américaines structurent leurs emplois pour être payés en gain de capital, plutôt qu’en salaire.

Romney profite du taux d’imposition le plus faible des candidats : Obama est imposé à 28% et Newt Gingrich à 32%.

Intéressant: si le programme économique de Newt Gingrich était adopté, le taux d’imposition de Romney chuterait à: 0%.  En effet, comme beaucoup de conservateurs, Gingrich veut abolir l’impôt sur les gains de capital. Dans son discours sur l’État de l’Union, au contraire, le président Obama a proposé une taxe minimale de 30% sur l’ensemble des revenus des millionnaires.

Mitt Romney devient donc une publicité ambulante pour davantage d’équité dans la contribution de chaque américain aux défis du pays.

Merci Mitt !

Anti-French connection: l’axe canado-américain

On apprenait en fin d’après-midi ce vendredi que le gouvernement Harper mettait la hache dans le programme d’enseignement de la langue seconde — qui servait essentiellement à apprendre le français aux fonctionnaires anglophones. Quelque 200 personnes vont perdre leur emploi.

Y a-t-il un lien entre cette décision d’un Parti conservateur très attentif aux tendances venant du Parti républicain américain, et cette publicité, mise en ligne plus tôt en journée par le candidat Newt Gingrich, et qui assimile la connaissance du français à une tare ?

Je vous laisse juge:

La vidéo anticapitaliste d’un candidat républicain

Un groupe appuyant officiellement le candidat républicain Newt Gingrich a mis en ligne ce mercredi un documentaire de 23 minutes présentant une dénonciation impitoyable du capitalisme financier tel que pratiqué par les Fonds d’investissement de Wall Street. La pratique d’acheter une entreprise, de l’endetter, de vendre ses actifs, de réduire les salaires et le nombre de salariés, puis d’en fermer les portes tout en empochant des profits est démontée à travers plusieurs exemples, et illustré des témoignages des travailleurs qui ont ainsi perdu leur emploi, leur maison, leurs épargnes, leur couverture médicale liée à leur emploi.

Le documentariste anti-capitaliste Michael Moore n’aurait pas fait mieux. Alors pourquoi un républicain aussi conservateur que Newt Gingrich s’associe-t-il à ce qu’en d’autres temps il qualifierait de propagande socialiste ? C’est que le vilain dans cette affaire s’appelle Mitt Romney, alors président de la firme Bain, et qu’il s’est mis en poche pas moins de 250 millions de dollars.

Le documentaire — en fait une vidéo partisane (ajout: dont les faits sont fortement contestés) destinée à convaincre les électeurs républicains de Caroline du Sud de ne pas voter pour Romney aux primaires de la semaine prochaine — peut être vu comme un dangereux boomerang pour les républicains, car il porte, contre Romney, le message que le président Obama tente de faire passer contre la cupidité des 1% des  Américains les plus riches.

Le vidéo vaut la peine d’être vu, ici:

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Dévastateur !

Dans les faits, il n’y a aucun doute que les personnes interrogées dans le documentaire ont perdu leur emploi. Mais est-ce bien des mains de Romney ? Ce dernier affirme que, par ailleurs, son entreprise a créé 100 000 emplois. Une assertion impossible à prouver, notamment parce que Bain refuse de divulguer les données adéquates pour faire ces calculs, comme l’explique ce texte de Politifact.

La campagne de Romney s’engage à répondre au documentaire en produisant ses propres publicités présentant des employés satisfaits de l’action de Bain et de Romney.

Pendant ce temps, 58% des électeurs Républicains participant aux primaires affirment dans un sondage CBS qu’ils aimeraient avoir d’autres candidats à l’investiture que ceux qu’ils ont en ce moment !

Primaires USA: Dans la tête de la droite folle

obama-socialism-redistribute-wealthTenez-vous le pour dit, le candidat Mitt Romney, prétendant principal à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2012 et vainqueur de la primaire du New Hampshire ce mardi, est unanimement considéré comme le plus modéré des candidats de son parti.

Voici ce qu’il répète à satiété:  “Le président Obama croit que le gouvernement doit garantir aux citoyens l’égalité de revenus. Dans une société des droits acquis, chacun reçoit des gains égaux ou similaires, sans égard à l’éducation, à l’effort ou à la décision de prendre des risques. »

Bref, Obama est un socialiste. Romney n’est pas le seul candidat à travestir ainsi grossièrement la réalité. Mais puisqu’il est le plus modéré, il est intéressant de noter qu’il ne se prive pas de mentir au sujet de son adversaire.

Si vous commencez ces jours-ci à vous intéresser à la campagne présidentielle américaine, que vous écoutez les discours, les débats, les publicités des uns et des autres dans le camp républicain, vous entrerez dans un univers bizarre, parallèle, avec ses propres faits et ses propres règles. Ce n’a pas toujours été le cas.

Pour comprendre comment le Parti Républicain est entré dans cet univers, je ne puis vous recommander mieux que de lire l’article d’un républicain frustré, David Frum, publié fin-novembre dans le magazine New York sous le titre When did the GOP Lose Touch With Reality ? Canadien d’origine, Frum est un chroniqueur de droite et il fut scribe de discours pour George W. Bush. Il fut viré d’un think-thank conservateur le lendemain du jour où il a écrit que les Républicains auraient du tenter de trouver un compromis avec Obama sur l’assurance maladie. Voici quelques extraits choisis:

Sur le fait que la croyance en un Obama socialiste est fort répandue à droite:

Some of the smartest and most sophisticated people I know—canny investors, erudite authors—sincerely and passionately believe that President Barack Obama has gone far beyond conventional American liberalism and is willfully and relentlessly driving the United States down the road to socialism. No counterevidence will dissuade them from this belief: not record-high corporate profits, not almost 500,000 job losses in the public sector, not the lowest tax rates since the Truman administration.

Sur le fait que la base républicaine a suivi dans la détestation d’Obama:

Imagine yourself a rank-and-file Republican in 2009: If you have not lost your job or your home, your savings have been sliced and your children cannot find work. Your retirement prospects have dimmed. Most of all, your neighbors blame you for all that has gone wrong in the country. There’s one thing you know for sure: None of this is your fault!

And when the new president fails to deliver rapid recovery, he can be designated the target for everyone’s accumulated disappointment and rage. In the midst of economic wreckage, what relief to thrust all blame upon Barack Obama as the wrecker-in-chief. The Bush years cannot be repudiated, but the memory of them can be discarded to make way for a new and more radical ideology, assembled from bits of the old GOP platform that were once sublimated by the party elites but now roam the land freely: ultralibertarianism, crank monetary theories, populist fury, and paranoid visions of a Democratic Party controlled by ACORN and the New Black Panthers.

Sur la création d’un univers parallèle où les faits conservateurs ne sont pas ceux du reste du pays:

Backed by their own wing of the book-publishing industry and supported by think tanks that increasingly function as public-relations agencies, conservatives have built a whole alternative knowledge system, with its own facts, its own history, its own laws of economics.

Outside this alternative reality, the United States is a country dominated by a strong Christian religiosity. Within it, Christians are a persecuted minority.
Outside the system, President Obama—whatever his policy ­errors—is a figure of imposing intellect and dignity. Within the system, he’s a pitiful nothing, unable to speak without a teleprompter, an affirmative-action ­phony doomed to inevitable defeat.
Outside the system, social scientists worry that the U.S. is hardening into one of the most rigid class societies in the Western world, in which the children of the poor have less chance of escape than in France, Germany, or even England. Inside the system, the U.S. remains (to borrow the words of Senator Marco Rubio) “the only place in the world where it doesn’t matter who your parents were or where you came from.”

We used to say “You’re entitled to your own opinion, but not to your own facts.” Now we are all entitled to our own facts, and conservative media use this right to immerse their audience in a total environment of pseudo-facts and pretend information.

Sur les politiques économiques promues par tous les candidats républicains à l’investiture:

It’s the job of conservatives in this crisis to show a better way. But it’s one thing to point out (accurately) that President Obama’s stimulus plan was mostly a compilation of antique Democratic wish lists, and quite another to argue that the correct response to the worst collapse since the thirties is to wait for the economy to get better on its own.

It’s one thing to worry (wisely) about the long-term trend in government spending, and another to demand big, immediate cuts when 25 million are out of full-time work and the government can borrow for ten years at 2 percent.

It’s a duty to scrutinize the actions and decisions of the incumbent administration, but an abuse to use the filibuster as a routine tool of legislation or to prevent dozens of presidential appointments from even coming to a vote.

It’s fine to be unconcerned that the rich are getting richer, but blind to deny that ­middle-class wages have stagnated or worse over the past dozen years. In the aftershock of 2008, large numbers of Americans feel exploited and abused.

Rather than workable solutions, my party is offering low taxes for the currently rich and high spending for the currently old, to be followed by who-knows-what and who-the-hell-cares. This isn’t conservatism; it’s a going-out-of-business sale for the baby-boom generation.

Sur l’avenir du conservatisme:

There are good reasons to fear that the ebbing of Republican radicalism remains far off, even if Romney (or Huntsman) does capture the White House next year.

Triste, mais vrai.

Présidentielles USA: La semaine politique

Vous attendiez le début de 2012 pour vous intéresser à la campagne présidentielle américaine ? Je ne vous en blâme pas. Surtout que c’est demain, mardi, que la primaire du New Hamphire va donner une bonne idée du nom du futur candidat républicain à affronter Barack Obama en novembre.

Et pour vous aider à vous y retrouver, je vous offre deux résumés vidéos de la semaine écoulée.

D’abord celle, informative, de  John Berman de l’émission du dimanche This Week.

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Puis celle, moins sérieuse, préparée par Politico et regroupant les meilleures blagues politiques de la semaine écoulée:

Note aux alertinternautes: je suis à la recherche de résumés semblables pour la campagne présidentielle française.