Le millénaire trudeauiste

Un malentendu hante le dictionnaire des citations. Dans la version officielle, le chef de la diplomatie américaine Henry Kissinger a demandé en 1972 au bras droit de Mao, Zhou Enlai, si la Révolution française de 1789 avait influencé la Révolution chinoise de 1949. « C’est trop tôt pour le dire », a répondu ce dernier, ce qui fut toujours interprété comme une réflexion sur le temps long de l’histoire.

Les opinions salées de Poilievre

Devinette. Qui a écrit ce gazouillis : « Le Canada a un psychopathe fasciste comme premier ministre et une nazie comme vice-première ministre. Ils se sont récemment donné des pouvoirs extraordinaires pour écraser des dissidents pacifiques » ? Réponse : il ne s’agit pas de Pierre Poilievre, l’aspirant chef conservateur.

En attendant Charest

« Le commencement est la moitié de l’ouvrage », disait Platon. Jean Charest en connaît un rayon en la matière. Son entrée en politique québécoise, en 1998, était un moment d’anthologie. Son refus de quitter la direction de l’alors Parti progressiste-conservateur, qu’il avait fait passer de 2 à 20 sièges l’année précédente au prix d’un labeur incessant, n’était pas feint. Mais toutes les forces fédéralistes le pressaient de prendre la tête d’un PLQ que l’alors chef Daniel Johnson avait rendu inerte. Une fois convaincu qu’il devait faire le saut, Charest a laissé mijoter la marmite du désir des semaines durant. Tellement qu’avant même qu’il ait prononcé sa première parole, les sondages le donnaient en avance sur Lucien Bouchard. Alors conseiller du premier ministre, j’étais à la fois médusé, atterré et admiratif.

Insurrection non appréhendée

En octobre 1970, pour remédier à une crise réelle, mais circonscrite — la prise de deux otages —, les gouvernements de Pierre Elliott Trudeau et de Robert Bourassa ont dû échafauder une théorie fumeuse. Le Canada faisait face, ont-ils écrit dans des textes officiels, à une « insurrection appréhendée ».

La mission impossible d’Erin O’Toole

Cher Erin,

Je m’empresse de vous écrire en votre qualité de chef du Parti conservateur par le biais du Devoir car je crains que, si je mettais ma missive à la poste, elle ne vous parviendrait qu’après que vous ayez été démis de vos fonctions. Et comme, à tout prendre, je vous préfère à votre prédécesseur Andrew Scheer et à votre aspirant successeur Pierre Polièvre, il n’y a pas une minute à perdre.