C’est l’histoire d’un garçon choyé, au berceau, par la fée canadienne. Enfant, lorsqu’on lui demandait son adresse, il répondait tout naturellement: le 24 Sussex. Son père ? Le fondateur du Canada moderne. Le nom qui apparaît sur son certificat de baptême, Trudeau, est celui qui épouse le mieux les contours idéologiques du pays. Le rejeton parle d’ailleurs aisément les deux langues devenues, grâce à son père, officielles. Le bilinguisme est à ce point ancré en lui que, au début, le jeune adulte parlait le plus souvent les deux langues dans la même phrase, un exploit. Surtout, celui qui a abordé la vie adulte comme prof de théâtre adepte du blackface ne se serait jamais hissé aux hautes fonctions maintenant les siennes sans l’aura qui entoure son nom de famille.
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Humpty Dumpty à Ottawa
« La question, dit Alice, est de savoir si vous avez le pouvoir de faire que les mots signifient autre chose que ce qu’ils veulent dire. » « La question, riposta Humpty Dumpty, est de savoir qui sera le maître… un point, c’est tout. » Lewis Carroll était un orfèvre des mots. Il avait aussi une fine compréhension des rapports de force. « Lorsque, moi, j’emploie un mot, fait-il encore dire à Humpty Dumpty, il signifie exactement ce qu’il me plaît qu’il signifie… ni plus ni moins. »
Monsieur Trudeau: Faites l’histoire !
Réélu majoritaire en 1980, votre père, Pierre Elliott Trudeau, avait alors annoncé que ce mandat, probablement final, serait « éclatant, pas fade ». (« With a bang, not a whimper », paraphrasant à l’inverse le poète T. S. Eliot.) Entre autres, il avait offert au chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Ed Broadbent, d’entrer au gouvernement. « Je prendrai cinq ou six ministères », avait répondu le chef néodémocrate. « Vous les avez ! » avait rétorqué votre père.
(Ce texte a d’abord été publié dans Le Devoir.)
La fourberie de Justin
Transportons-nous dans le quartier général du Parti libéral du Canada, mercredi le 11 août, à quatre jours du déclenchement de l’élection. Les pancartes sont imprimées, les publicités sont tournées. Justin a rasé sa barbe pandémique pour avoir l’air plus, euh, plus, euh, Justin ? Le slogan, frais sorti de la machine à platitudes, est trouvé : Avancer Ensemble.