Les griffes de PSPP

Pour sa première apparition à une heure de grande écoute, en plein débat des chefs, l’alors nouveau chef du Parti québécois (PQ) s’est tourné vers son rival de Québec solidaire pour lui dire tout le bien qu’il pensait de son programme environnemental. Il le trouvait presque aussi bon que le sien ! Dans beaucoup de chaumières, cette attitude a d’abord étonné, ensuite ravi. Nous sommes un peuple qui raffole des bonnes chicanes, mais davantage encore lorsqu’elles sont ponctuées de trêves.

L’inauguration

C’était une grande occasion. Il y avait du beau monde. Ils s’étaient mis chics. Le premier ministre du Canada, Trudeau, s’était déplacé. Celui du Québec, bien sûr. Des députés, des maires, plein plein de visages émerveillés. Avec des « oh » et des « ah » et des « c’est historique ». C’est vrai que les installations étaient modernes, spacieuses, dernier cri. On sentait qu’on avait pris un peu d’avance sur le temps. On avait vu grand.

À quelle heure l’indépendance?

Daniel Johnson, le père, premier ministre de l’Union nationale, aimait dire que « chaque Québécois est séparatiste au moins une heure par jour ». Lise Bissonnette, du Devoir, demanda 30 ans plus tard à Daniel Johnson, le fils, chef du Parti libéral du Québec, si papa n’avait pas un peu raison. Ultrafédéraliste, l’homme était ainsi projeté loin à l’extérieur de sa zone de confort. Mais un mélange de loyauté filiale et de lucidité politique le contraint à dire qu’en effet, il existait une fibre, peut-être. On pouvait compter sur lui pour ne pas tirer dessus.

Les rondeurs perdues de Denis Coderre (en rappel)

Avez-vous déjà pris un ascenseur avec Denis Coderre ? Moi, oui. C’est une expérience. L’usage veut qu’en présence d’étrangers dans cette cage fermée, on fasse preuve de réserve. Denis n’avait jamais eu vent de cet usage, ou du moins avait décidé de n’en tenir aucun compte. Pénétrant dans l’ascenseur déjà occupé par plusieurs personnes, il commençait par serrer vigoureusement la main de chacun en les saluant bruyamment, comme s’il venait d’entrer dans son local électoral. (C’était évidemment au temps d’avant, quand on avait encore le droit de se toucher les uns les autres.)

Les péquistophobes

Dans son premier roman, Tu aimeras ce que tu as tué, où le talent le dispute à la rage, Kevin Lambert désire ardemment la disparition de quelque chose. « J’ai rêvé ta fin toutes les nuits. Je ferai oeuvre de ta destruction », écrit-il. « Tu te retrouveras enfin dans la poubelle de l’Histoire, ne subsistant qu’au détour d’une phrase trop longue, mal rédigée, dans un paragraphe refoulé, peut-être coupé à l’édition, une bête note de bas de page, un renvoi à un autre ouvrage, épuisé, introuvable. »