Chercher le courant: la réplique des anti-Romaine

081202plan-la-romaine_6-150x150J’ai fait état, récemment, du débat entourant le film « Chercher le courant » qui affirme que la construction de quatre barrages sur La Romaine, sur la côte nord, est une erreur économique en plus d’être un affront à la nature.

Plusieurs internautes informés ont contesté cette thèse, dans des contributions que j’ai regroupées ici. Les défenseurs de « Chercher le courant » n’ont pas dit leur dernier mot, comme vous le verrez dans ces messages reçus sur le blogue.

D’abord Réal Reid, le spécialiste éolien retraité d’Hydro qui présente, dans le film, un projet de parc éolien qui pourrait remplacer La Romaine, a envoyé ceci:

J’aimerais apporter quelques points au débat:

Premièrement, on semble attribuer beaucoup de vertus à l’hydraulique, alors que presque partout ailleurs dans le monde, on considère l’hydraulique comme non fiable, parce qu’on confonds la ressource hydraulique avec le stockage. Pour pouvoir fonctionner à presque 100 % hydraulique au Québec, on a du construire une grande capacité de stockage d’énergie, sous forme de réservoirs couvrant plus de 30 000 km carrés, soit 62 fois la superficie de l’île de Montréal, ou l’équivalent du fleuve de Montréal à Québec débordant de 60 km sur les deux rives.

Presque toutes les sources d’énergie renouvelable ont besoin de stockage, l’hydraulique, l’éolien, le solaire ont tous besoins de stockage. Le nucléaire aussi a besoin de moyens de régulation de puissance, parce qu’il n’est pas assez flexible pour pouvoir suivre les variations de la demande, ce qu’on fournit par du stockage sous forme de réserve pompée (hydraulique).

Alors quelle forme le stockage doit-il prendre? Comme on l’a vu, le Québec s’est doté de 170 TWh de stockage sous forme d’énergie potentielle de l’eau que l’on retient derrière des barrages. Est-ce que ce stockage est de l’énergie hydraulique et ne doit servir qu’à régulariser l’apport hydraulique déphasé de 6 mois par rapport à le demande?

Cette capacité de stockage peut servir à régulariser l’apport éolien qui lui est en phase avec la demande (i.e. la corrélation de l’apport mensuel de l’éolien avec la demande est très élevée). En fait, dans le livre “L’éolien au coeur de l’incontournable révolution énergétique” dont je suis un des auteurs, nous démontrons que le stockage actuel du Québec peut accommoder 5 fois plus d’apport éolien que d’apport hydraulique, sans perdre sa capacité de régulariser l’apport hydraulique.

Le stockage québécois, qui n’est utilisée qu’à 20% de sa capacité, pourrait être mis à profit pour régulariser l’éolien ou le solaire, tant au Québec que chez ses voisins.

Rappelons qu’au Portugal, on construit des réserves pompées pour régulariser l’éolien. Aux États-Unis, dans les annéees 70, on a construit 18 000 MW de réserves pompées pour permettre au nucléaire de suivre la demande.

Donc, l’hydraulique avec stockage peut être fiable, l’éolien avec stockage peut être fiable, le solaire avec stockage peut être fiable,

Deuxièmement, lorsqu’on mentionne les prix, il est très difficile d’avoir des comparaisons valables.

Par exemple, dans un communiqué, Hydro-Québec mentionne que le complexe de “La Romaine” serait rentable à partir de 6,4 ¢/kWh, alors que l’éolien coûte 13 ¢/kWh. Ce genre de comparaison n’est pas valable, puisqu’on compare un financement par un producteur privé avec rendement sur l’avoir propre de l’ordre de 20 % à un financement par Hydro-Québec avec un rendement sur l’avoir propre de 0 %.

Dans le mémoire de Fondation Rivières, nous proposions un projet éolien de 2205 MW,à service équivalent, c’est-à-dire, fournissant la même quantité d’énergie, le même support en puissance, les mêmes infrastructures de transport que la proposition de complexe hydraulique. Nous utilisions le même modèle de financement, i.e. propriété Hydro-Québec, 40 % d’avoir propre avec rendement de 12 %.

Le résultat était qu’un projet éolien coûterait 0,5 ¢/kWh de moins que le projet hydraulique et créerait 65 % plus d’emplois dans la région, dont 5 fois plus d’emplois permanents pour l’opération et l’entretien.

Si nous appliquons les calculs du dernier communiqué d’Hydro-Québec à ce projet, le coût d’un projet éolien devient 5,2 ¢/kWh, à comparer aux 6,4 ¢/kWh du projet hydroélectrique de “La Romaine”. C’est-à-dire que le changement des conditions de financement ne change pas le classement des projets, si on les compare sur la même base.

Il est utile de préciser que selon les calculs du communiqué d’Hydro-Québec, le projet du complexe hydroélectrique de la rivière Romaine n’est pas rentable à 6,4 ¢/kWh, il procure un rendement de 0 % sur la mise d’Hydro-Québec, c’est à dire que le projet couvre ses frais sans engendrer de profits.

Réal Reid

M. Reid répond également à la question soulevée sur la durée de vie des éoliennes (10 à 25 ans), comparativement aux barrages (75 à 100):

– Durée de vie : l’éolien est un produit manufacturé, comme une auto (durée de vie de 8 à 10 ans), lorsqu’elle approche de sa fin de vie, on la remplace. L’important est le coût du kWh, pas si on doit remplacer la turbine éolienne au bout de 20 à 25 ans, il faut aussi se rappeler qu’au bout de 20 à 25 ans, la ressource (le vent) est probablement encore là et que les infrastructures (routes, lignes de transport et poste élévateur de tension) sont encore là, alors remplacer la turbine ne pose pas de problèmes, tout comme pour une auto, la vieille pouvant être envoyée au recyclage.

– Un commentaire soulevait le problème du verglas : la compagnie Bonus (qui a été rachetée par Siemens) a installé une centaine d’éoliennes au nord du cercle polaire en Suède et en Finlande, où elles fonctionnent dans des conditions givrantes jusqu’à 70 jours par année, elles sont équipées de pales à bord d’attaque chauffant,
– Un exemple d’opération hivernale nous provient du Texas où, le 2 février, l’opérateur du réseau a du faire des coupes rotatives parce qu’ils ont perdu 50 usines fossiles (charbon et gaz) totalisant 7000 MW. L’éolien, selon les modèles prévisionnels, devait fournir 3500 MW, il en fournissait entre 3500 et 4000 MW et a aidé ERCOT (l’opérateur du réseau) à minimiser les dommages (voir communiqué du 4 février).

Les usines fossiles fonctionnent à la vapeur et exigent de grandes quantité d’eau, le gel de la tuyauterie d’approvisionnement en eau les en aurait privé.

Le résultat des évènements du Texas est que des correctifs seront probablement apportés aux usines fossiles pour les adapter aux changements climatiques, ce qui illustre que quelque soit l’équipement installé, il doit avoir été conçu pour les conditions d’opération locale. En d’autres mots, si on veut que des éoliennes fonctionnent proprement à un site donné, il faut spécifier, au fabricant, les conditions d’opération à rencontrer, la technologie actuelle permet au fabricant de concevoir la turbine en conséquence.

Comme exemple, un fabricant du Vermont a conçu une éolienne pouvant fonctionner à des températures aussi basses que – 76 °F (- 60 °C), pour opération en Antarctique.

Il aurait aussi rappeler que près de 200 000 MW d’éoliennes ont été installées dans le monde (194 000 MW au 31 décembre 2010) et surtout rappeler que le potentiel québécois est de plus de 4 000 000 MW, de vents de très haute qualité, suffisant pour fournir 3 fois la demande cumulative du Canada, des États-Unis et du Mexique.

En excluant le pétrole mais en incluant les gaz de schistes, de toutes les énergies potentielles non harnachées au Québec, l’éolien en représente 80 %, le solaire 17 % et l’hydraulique 0,4%.

Bernard Saulnier, co-auteur avec Réal Reid du livre L’éolien au coeur de l’incontournable révolution énergétique, traite plus longuement de l’argument de la durée et soulève un point supplémentaire: lorsque les contrats des éoliennes actuelles vont venir à échéance, et alors que La Romaine va offrir un surplus énergétique au Québec, Hydro ne va-t-elle pas laisser tomber la filière éolienne ?

L’argument de la durée? Il s’agit là d’un argument strictement financier. Rien à voir avec la durée de vie physique. Pour faire un parallèle rapide, ça serait quelque chose qui se rapproche de l’analyse de rentabilité d’un char (sous réserve qu’il y a des différences majeures entre la structure de coût d’un projet éolien vs hydro-électrique dans le ratio deleurs portion équipements-usinés vs génie-civil) .

Un exemple pour permettre de cadrer un peu la question de la durée de vie: La centrale de Beauharnois a vu s’ajouter 22 turbines entre 1951 et 1961 pour porter sa capacité totale en service à près de 1600 MW (36 groupes turbine-alternateur au total) . Considérons pour fixer les idées une ‘année moyenne de mise en service’ pour Beauharnois qui se trouverait vers les 1955 plus ou moins pour l’ensemble de la centrale. Or la récente réfection de la centrale au fil du fleuve à Beauharnois, celle qui a commencée en 1994 a représenté un investissement de capital important (estimé par HQ en 2002: 1,5 Milliards, et en réalité certainement plus que cela, HQ pourra le confirmer).

Au demeurant, cet investissement a éte intégré à la base tarifaire puisque la Régie lui a reconnnu une place légitime dans les dépenses admissibles (naturellement) donnant droit aux revenus requis pour garantir un rendement financier à cet investissement. Je ne crois pas cependant que ce montant ait été budgeté dans les années 50 même si l’ingénierie connaissait les spécifications des équipements et savait que des réfections/remplacements majeurs étaient à prévoir à différents horizons de temps.

Mais actuariellement, ces montants étaient inclus dans la marge d’erreur et personne n’a eu à redire sur le fait qu’on les incluerait dans des budgets d’entretien en temps et lieu. Cet investissement de ‘réfection majeure’ portait sur des renforcements de barrage, mais aussi sur une réfection des groupes pour porter la capacité de production totale de 1900 MW aujourd’hui. Les travaux se sont étalés sur 20 ans (1994-2014).

Il ne s’agit pas là d’un budget d’entretien ‘ordinaire’ pourtant . On parle d’investissements qui dépassent 1000$ par MW installé, avec tous les aléas susceptibles de se produire sur une si longue période du point de vue de la logistique de réalisation et de suivi des travaux.  Mais, il est évidemment impensable de faire autrement. Beauharnois est là pour rester. Mais combien la prochaine réfection majeure coûtera-t-elle encore? Il faudra attendre 2050 pour le savoir.

On parle donc plutôt pour l’hydraulique d’un cycle de réfection majeure de 30 à 50 ans: c’est la ‘durée de vie’ physique dont on parle ici. Celle qui exprime la nécessité de remettre l’ensemble du ‘véhicule’ en état  pour reprendredu service pendant un autre 30-50 ans.

Dans le cas de l’éolien, la même chose doit forcément se passer, sauf que dans ce cas, comme la majorité de l’investissement concerne des équipements produits en usine qu’il s’agit de remplacer in situ, les délais de réalisation sont très courts en comparaison de l’hydraulique (réfection de barrage + centrale + poste élévateur de tension) Du coup, la prévision financière est plus précise, les opérations présentent moins de risque financier car nettement mieux circonscrits dans le temps.) On érige une éolienne en quelques jours après tout.

Une hausse de capacité de production peut être associée à une réfection majeure, ce qui correspond à ce qu’on appelle dans le jargon à un ‘repowering’, une remise en puissance (changement/améliorations technologiques sur les turbines) permet une productivité accrue. Ce repowering est très clairement la suite logique pour n’importe quelle centrale, qu’elle soit hydraulique ou éolienne. Dans le cas de la centrale éolienne, le site ayant été fortement documenté pendant 25 ans de production, l’aléa financier pour la ‘deuxième vie du site’ permet de meilleures conditions de financement. Des machines plus performantes pourront être érigées sur le site et la mise en service faite des des délais très courts.

À la limite, la question pourrait prendre la forme de la comparaison suivante: Quel sera le coût de reconstruction du barrage Daniel-Johnson en 2070, 100 ans après sa mise en service vs le coût de remettre en puissance une centrale éolienne 5 fois. Au delà du calcul financier des réfections requises, chacun est à même d’ imaginer que les risques environnementaux et logistiques des deux sont radicalement différents…[…]

La durée de vie à laquelle certains font référence (100 ans vs 25) est très précisément celle associée à la durée ‘financière’ des projets, c’est à dire celle sur laquelle le montage financier des projets est organisé et qui détermine le coût de production de l’ouvrage considéré. Ceci reste vrai pour toutes les filières renouvelables de production, et elle est particulièrement déterminante pour la rentabilité des projets de source renouvelable qui se caractérisent par un fort besoin de capitalisation en amont (en échange de coûts de ‘combustible » nuls durant toute leur durée de vie).

Si Hydro-Québec signait des projets de 50 ans avec les producteurs privés éoliens, les promoteurs inclueraient une réfection majeure aprés 25 ans et pourraient aller trouver leur investisseurs avec la certitude de pouvoir négocier des conditions plus avantageuses bien sûr. Pourquoi donc la prérogative d’une durée de vie de 100 ans serait-elle réservée à l’hydro-électricité? Ça n’a pas de logique particulière sinon que ça améliore formidablement le coût des projets  hydro-électriques.  […]

Une chose demeure, si la période d’actualisation d’un investissement est de 100 ans plutôt que de 25, la vue des bilans financiers à l’années zéro du projet de construction initial est pas mal plus réjouissante. Si HQ développait l’éolien dans une telle perspective financière, il y a de très fortes raisons de croire qu’on mettrait un moratoire sur l’hydraulique au QC. Pour le moment, les promoteurs privés vont voir leurs banquiers qui leur exigent un remboursement du financement en 10-15 ans pour un projet dont le contrat de livraison à HQD ou HQP (gré-à-gré) s’étend sur 25 ans.

Il y a évidemment les opérations de changements majeurs de composants qui doivent être budgetés  dans un projet éolien. C’est le cas des pales après une quinzaine d’années et les promoteurs les incluent dans leur prévidsion budgétaire bien sûr. La même chose existe pour l’Hydraulique également. Mais des refinancements de travaux majeurs à la 30 ème année bénéficient d’une sorte d’évasion actuarielle. Je ne suis pas du tout certain qu’ils sont incorporés dans le budget de réalisation initial ces réfections majeures qui seront nécessairement requises pour l’hydraulique. […]

La question est d’autant plus lourde que comme HQP est à construire le complexe de La Romaine dontla production totale en 2020 ne livrera aucun kWh aux abonnés québécois, on peut imaginer que des arbitrages très faciles seront faits en faveur de l’hydraulique lorsque les contrats éoliens gaspésiens des promoteurs privés seront parvenus à leur ‘durée de vie’… J’extrapole ici sur la force de l’argument culturel de la fierté hydraulique qui malheureusement ne réflète plus, pour les nouveaux approvisionnements énergétiques tout au moins, une vision d’une politique énergétique moderne ou du moins tournée vers une évolution technologique qui pourrait y prétendre.

Il faut bien le dire, à un moment où la demande québécoise stagne, à un moment où les surplus énergétiques du Québec sont récurrents, à un moment où les prix de l’énergie sur les marchés voisins sont à la baisse, à un moment où les juridictions voisines, et en fait partout sur le réseau électrique continental, sont forcés par des politiques réglementaires régionmales à se tourner vers la Production distribuée stimulée par des incitatifs réglementaires favorisant des sources durables dont la mise en service se fait à court terme (ces programmes publics visant à la fois des objectifs de structuration économique et de rentabilité ‘sociale’ autour d’une diversification des options énergétiques du côté de la demande et de la production en Distribution), il est grand temps que le citoyen québécois s’interroge sur les méga-investissements qui sont autorisés en leur nom sans qu’une analyse de risque financier rigoureuse n’ait été présentée à ceux sur qui seront désignés volontaires pour transformer des déficits comptables vraisemblables en bénéfices récurrents.

SI on veut parler de nouveaux approvisionnements énergétiques pour le secteur électricité au QC, un élément important de leur à-propos dans le contexte général décrit plus haut, c’est que dans une période où les aléas structurels sont multiples (commerciaux, stratégiques, culturels, protectionnistes, environnementaux, réglementaires, technologiques) le principe de prudence devrait nous inviter à faire portée nos choix vers des filières  ’sans regret’. En période d’incertitude sur l’évolution des paramètres du marché, je pense ici à privilégier des filières dont la mise en service est facilement modulable dans le temps (petits échelons de nouveaux approvisionnements énergétiques lorsque nécessairte plutôt que méga-blocs, dont la mise en service peut être rapidement mise en oeuvre par des durées de réalisation courte. Ce cadre ne pointe pas précisément dans la direction dela filière hydro-électrique et clairement l’éolien à cet égard serait une bien meilleure monture pour traverser une période de volatilité jamais vue. Dans un article récent de Sophie Méritet, on peut lire ceci : ‘l’industrie mondiale du secteur de l’énergie fait face à une complexité croissante du cadre réglementaire, de l’environnement économique, politique et géopolitique. Les experts s’accordent à dire que les prévisions énergétiques sont presque impossibles, car les incertitudes pesant sur l’avenir énergétique sont si nombreuses qu’elles ne peuvent être prises en compte dans un modèle.’ Voilà qui devrait inviter à la prudence et modérer nos transports sur les projets ‘pharaoniques’ (au sens de grands travaux, longs à réaliser et qui mobilisent toutes les ressources nationales) quand des alternatives existent qui permettent de surcroît de négocier un virage vers une évolution technologique moderne.

Le chef du Parti vert du Québec, Claude Sabourin, apporte l’argument du cocktail de ressources alternatives pour remplacer La Romaine:

D’abord, j’ai eu la chance de voir le film à deux reprises, une fois à Québec et une seconde fois à Laval en début de semaine. À la lecture des différents commentaires publiés, j’ai été étonné de voir que personne n’ait soulevé la vraie possibilité qui est soulevé dans le film, soit le “cocktail” d’énergies, soit que le Québec et Hydro-Québec ne privilégient pas seulement l’hydroélectricité et l’éolien, mais aussi la biomasse, l’efficacité énergétique et le solaire.

Monsieur McCready semble bien avoir raison; ce n’est pas tout le monde qui l’ait vu, ce film! Pour ceux qui sont un peu plus curieux et qui voudraient en savoir plus sur ma position sur l’énergie, je leur propose la lecture de mon pamphlet “Le Parti Vert; Pour une politique du 21 e siècle ” sur ma page Facebook, sous l’onglet Article..

Claude Sabourin, Chef du Parti Vert du Québec