(ce texte, publié dans Le Devoir ce jeudi, est est adapté de Le Journal de Lisée, en librairie.)
Le président Hollande est bien embêté de la volonté du gouvernement Couillard de faire bondir les droits de scolarité des quelques 11 000 étudiants français au Québec. En campagne en avril, Philippe Couillard avait parlé de tripler la facture.
Dans notre propre budget, nous avions envisagé de ne réduire que de 20% la générosité québécoise envers les étudiants français. Il semble que Martin Coiteux soit plus gourmand.
Alors ministre des Relations internationales, j’avais conçu une proposition de réinvention de notre offre envers les étudiants étrangers. À l’automne 2012, ils étaient 30 700 et on estime à plus d’un milliard de dollars les revenus que leur présence génère, créant 11 840 emplois et contribuant à 72,5 millions de dollars au Trésor public.
Cependant, alors que le nombre d’étudiants du monde entier s’expatriant augmente rapidement, la part du Québec dans ce lot diminue graduellement. L’organisation du recrutement d’étudiants à l’étranger par le Québec ses universités et Cégeps manque de coordination et ne dispose pas d’une image de marque distinctive.
De plus, notre régime est dysfonctionnel et, pour tout dire, injuste. Pourquoi ? Les droits exigés varient considérablement selon l’origine de l’étudiant. Un francophone de Vancouver paiera davantage qu’un étudiant de Marseilles. Un indien venant d’une famille désargentée paiera davantage qu’un fils de chef d’entreprise du Sénégal. Un étudiant haïtien de milieu modeste, même s’il bénéficie d’une exemption, n’aura pas les moyens d’étudier au Québec, quelle que soit la qualité de son dossier scolaire.
En remettant tout à plat, on pourrait viser à la fois l’attraction d’étudiants et de chercheurs francophones et faire du Québec le pôle d’excellence en enseignement supérieur en Francophonie.
Il faut d’abord compter nos sous: ceux investis dans la formation de nos cousins français, exemptés depuis 1978 de droits supplémentaires. Au début, le nombre d’étudiants québécois en France était à peu près le même que d’étudiants français ici. Mais de 2006 à 2012, les étudiants québécois en France n’ont pas été plus de 350 par an. Les étudiants français au Québec sont passés de 6 420 en 2006 à 11 370 en 2012. L’écart ne serait pas problématique si 100 % des étudiants français choisissaient de s’établir au Québec. Nous serions en présence d’une efficace politique d’immigration francophone.
Mais ce n’est pas le cas : moins du quart d’entre eux s’enracinent chez nous. Nous finançons donc les élites d’un pays du G8. Cela nous coûte, chaque année, près de 100 millions de dollars (30 autres millions servent aux exemptions pour des pays francophones d’Afrique, pour l’Inde, la Chine, etc.).
Il est possible d’utiliser cette somme considérable pour créer un régime plus attrayant et plus équitable. Le Québec devrait lancer un programme destiné à tous ceux qui veulent étudier en français au Québec, de quelque nation qu’ils soient, de France, du Canada hors Québec, d’Afrique ou d’ailleurs.
Dans un modèle simplifié s’inspirant du régime québécois des prêts et bourses (et d’une grande école française, Sciences Po), on pourrait procéder comme suit :
L’étudiant a postulé et est accepté en principe dans une université (ou un cégep) qui a fixé les droits de scolarité internationaux selon les modalités, déréglementées, définies par le gouvernement. Sur dossier, l’étudiant se voit accorder une bourse ou un prêt couvrant tout ou partie des droits de scolarité et des frais de séjour, selon ses revenus et ceux de sa famille.
Ces sommes seraient accordées jusqu’à concurrence du budget total du programme. L’opération ne coûterait donc pas un sou de plus que ce qu’il en coûte actuellement à l’État. Mais en modulant les sommes en fonction des besoins des étudiants, ces derniers seraient plus nombreux à recevoir une aide financière Ainsi:
• L’offre québécoise devient plus sociale-démocrate.
• Chaque étudiant sait le montant de l’investissement consacré par le Québec à sa réussite.
• La diversité de la provenance d’étudiants favorise le mérite plutôt que l’origine nationale.
• L’offre québécoise sera rapidement connue dans toute la francophonie.
• Les étudiants aisés auront toujours le loisir de choisir le Québec pour son coût comparativement plus bas.
Ainsi outillé d’une offre simple, généreuse et universelle pour le monde francophone et d’une situation comparativement très forte pour les établissements anglophones, le gouvernement du Québec pourrait financer et lancer une offensive internationale importante pour l’attraction à l’étranger de l’excellence au Québec, à même une fraction des droits restants versés par les étudiants.
Ce n’est pas tout. Je ferais en sorte d’inciter ces étudiants à rester au Québec une fois diplômés : Tout étudiant étranger qui a payé davantage qu’un étudiant québécois se verrait rembourser graduellement ce supplément, sur une douzaine d’années, par un crédit d’impôt. Raison de plus de rester parmi nous.
Ayant été en charge d’un programme de stagiaires français au Collège Rosemont, en formation technique, j’ai pu constater que la principale motivation de ces étudiant(e)s étaient non pas le bas coût (comme le dit «FlasherDan» plus bas), mais plutôt le possibilité ici de faire des études et d’avoir une vie sociale en français tout en ayant accès au monde anglophone canadien et américain. Plusieurs décident de s’établir ou de revenir au Québec. On en revient donc à cette vieille idée d’un Québec, porte d’entrée de l’Amérique, comme le mentionnait M Hollande récemment.
Si l’on se fie aux propos de M Jacques Landry ( plus bas), il semble que votre proposition, M Lisée, devrait concerner surtout les étudiants au collégial et au premier cycle universitaire. Après, il faudrait encore innover je crois, et être plus attrayant tout en ciblant davantage. Donc faire du sur-mesure. Mais contrairement à M Landry, je ne crois pas que les étudiants de ce niveau soient réticents à apprendre le français, si on leur offre des conditions gagnantes, de part et d’autre.
Ne pas oublier que les étudiants français touchent aussi des bourses très généreuses de leur pays (de plusieurs niveaux de gouvernement) , lorsqu’ils viennent étudier ici …
Pour les stages, c’est un peu différent. Les étudiants québécois n’ont pratiquement pas de bourse dans ce cas. Les étudiants français font des stages partout dans le monde. Et ça commence au lycée. Au Québec, ce n’est pas encore le cas. Le mouvement ne fait que commencer et stagne un peu. Même l’organisation des stages locaux est un plutôt anarchique: c’est du bénévolat … ( et je lève mon chapeau à ces bénévoles! …) . Un programme québécois du type Erasmus ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Erasmus ) serait le bienvenu. Je crois qu’il faut faire la promotion du stage, de court et de longue durée, i.e. y mettre des sous… et une structure qui le favorise. le développe davantage.
NB Il existe une très très forte demande, issue des pays arabes, surtout du Maghreb, pour venir étudier et faire des stages en français au Québec. La réponse québécoise à ce jour est plutôt faible.
Je suis trop paresseux pour aller chercher l’information suivante: le régime actuel s’applique-t-il seulement aux universités francophones? C’est-à-dire, un Français qui irait à une université anglophone du Québec bénéficierait-il du programme? Si oui, ma crainte: que ceux qui vont à une université anglophone à peu de frais visent un tremplin pas cher pour les États-Unis. En cas de modification du régime, peut-être faudrait-il revoir ceci.
Mais bon, si le programme s’applique aussi aux universités anglophones, nous avons quand même un taux de rétention de près de 25% des Français qui restent ici, ce qui est un très bon taux, surtout considérant qu’il s’agit là d’une immigration de qualité: francophone, instruite et formée dans nos propres institutions.
M. Lisée, ignorez FlasherDan, le Français analphabète fonctionnel. Mais assurez-vous d’influencer vite les fonctionnaires qui ont comme mandat de « s’entendre pour rédiger l’entente » Couillard-Hollande.
1/4 des étudiants français s’enracine chez nous……mais c’est beaucoup! L’immigration francophone instruite dans nos propres institutions est l’immigration que l’on devrait rechercher le plus au Québec – même à 25% ça vaut le coup.
Il est aussi question d’honorer notre parole donnée dans le cadre de l’entente de 1978. Renier notre parole envers notre partenaire politique international le plus important et le plus loyal est un geste qui ne nous honore pas. Je m’étonne de voir M. Lisée ignorer cet aspect qualitatif des relations internationales.
M. Lisée fait des comparaisons avec d’autres situations mettant en cause des étudiants d’autres pays, mais nous n’avons pas les liens privilégiés avec ces autres pays que nous avons avec la France. Peut-être que nos politiques de frais de scolarité des étudiants étrangers peuvent être révisées pour diverses raisons – auquel cas nous pouvons le faire sans renier notre parole d’honneur donnée au pays qui est notre soutien international politique le plus important et le plus loyal et qui, lui, tient toujours parole.
Nous avons avec la France un traité de reconnaissance mutuelle des droits de pratique découlant de l’appartenance à des ordres professionnels; il est conséquent avec cette politique que les Français paient les mêmes droits de scolarité que nous ici, et inversement.
M. Charest, qui a participé à l’adoption de ce traité sur la reconnaissance mutuelle des ordres professionnels, a été plus généreux et plus conséquent avec l’amitié France-Québec que ce que l’on voit reflété dans la proposition de M. Lisée : cela étonne d’un aspirant au poste de chef du Parti québécois.
N’oublions pas non plus que les étudiants français qui retournent chez eux après avoir étudié ici deviennent un peu nos ambassadeurs en France et donc, en Europe – cela compte aussi.
Incitons plus d’étudiants québécois à aller étudier en France – une piste à explorer.
M. Lisée,
Avez-vous l’intention de faire du français la langue commune ou simplement la langue dominante?
la langue officielle et commune et, par conséquent, la langue prédominante.
jfl
Une langue qui prédomine sur une autre suppose forcément que l’autre aussi a un statut officiel.
Donc un état « bilingue ».
Approche qui va à l’encontre même de l’esprit de la loi 101.
M. Lisée
J’aime la nuance: le français, langue prédominante. On sait que l’anglais est une langue de dominateurs
Votre idée ne tient pas compte entièrement de la réalité. Il faut la nuancer selon le niveau d’étude de ces étudiants.
Plusieurs de ces étudiants français sont dans des programmes universitaires de troisième cycle (doctorat). Dans certains programmes, la proportion d’étudiants français atteint presque les 50% et l’apport de ces étudiants est important pour la vitalité de ces programmes, mais aussi pour la qualité de nos laboratoires de recherche. Devant la difficulté à recruter des étudiants québécois, la possibilité de recruter des français constitue souvent l’unique possibilité pour nos laboratoires de recherche universitaire d’avoir des étudiants de qualité qui font avancer la recherche et permettent à ces laboratoires d’atteindre une performance à la hauteur de la compétition.
Aux études supérieures, les bourses ne doivent pas être accordées selon les revenus familiaux (qui seront d’ailleurs presque impossible à connaitre avec certitude en évitant les fraudes), mais selon les compétences de la formation de ces étudiants. À l’international, à part les Français, peu d’étudiants ont les compétences pour accomplir au Québec, en langue française, un doctorat de qualité. Votre idée appliquée, nos laboratoires de recherches se priveront de leurs meilleurs éléments.
Les laboratoires de recherche ainsi que les études de deuxième et troisième cycle ne sont pas un milieu propice à l’apprentissage d’une langue seconde. À ce niveau, un étudiant étranger d’une autre langue n’apprend pas le français, mais contribue plutôt à angliciser le milieu de la recherche universitaire.
Il faudrait plutôt étudier la possibilité d’étendre la discrimination positive que nous faisons à l’égard des Français à tous les pays francophones européens qui ont un système universitaire de notre niveau. Que 25% des étudiants français restent ici, ou y reviennent, après la fin de leurs études est une réussite importante d’un programme d’immigration ciblé, même si ce n’était que l’unique but de ce programme.
Malgré mon opposition radicle à une révision de l’entente France-Québec, je m’en veux de ne pas avoir mentionné que les données transmises et organisées par M. Lisée soulèvent des questions qui méritent de l’être, tout en inspirant d’autres commentaires éclairants. Avec du de la bonne discussion et du peaufinage, on pourrait arriver à une bonne politique.
Vœux pieux…mais le retour pour le Quebec …niet..!
Donc :
Établir un % de facturation pour un élève étranger en fonction du revenu des parents (avec) avec preuves …
Notons, étant français et sachant que les français sont très près de leurs sous et ne sont pas très chaud pour venir étudier au Quebec, mais C pas chère et dans bien des cas l’étudiant à été refuse pour un autre pays …
Une autre solution obliger (comme) dans l’arm´e obliger l’étudiant à redonner au québec du temps (sur) place 3 ans.
Mais ns sommes des petits…. Et à la remorque des Englis et de la France ….
Faite donc votre pays … Avec des couilles et non avec un Couillard …
Comme ont dit ´´ shit or get off the bol »
Sans rancune…
Ps. Un amis almand me dit qu’en Almagne il cour le fait qu’ un étudiant qui a étudier au québec ((Canada) ne sera pas retenu pour un job … .,!
Conclusions :
Nous sommes un pays à rabet que le reste du monde utilise ….après plus d’autres solution