Construction: Charest sera-t-il aussi courageux que Thériault?

FTQ450001-640x655-150x150Il existe, au Québec, un organisme extrêmement efficace pour dénigrer le syndicalisme. Le Conseil du patronat ? Vous n’y êtes pas. L’Institut économique de Montréal ? Pantoute. L »organisme dont je vous parle est, historiquement et actuellement, la FTQ-Construction.

Fiers hérauts de cette tradition, la FTQ-Construction s’est fendue ce jeudi d’un communiqué où elle qualifie de « totalement inacceptable » une déclaration de la ministre du travail Lise Thériault — la plus populaire des ministres du gouvernement Charest, et pour cause.

La citation incriminée est la suivante:

« Je veux juste rappeler qu’il y aura une période pour changer d’allégeance syndicale au printemps, au mois de mai et au mois de juin.

Donc les travailleurs qui, à ce moment-là, qui pensent qu’ils peuvent être brimés, bien ils exerceront leur droit de vote, puis s’ils veulent rester avec leur syndicat, ils le feront, et s’ils le veulent pas, ils changeront. »

Bref, la ministre rappelle que la démocratie existe dans le milieu syndical au Québec et que le libre choix s’applique, aussi, dans le domaine de la construction.

La réaction allergique de la FTQ-Construction à la simple évocation du droit de changer de syndicat est symptomatique d’une mentalité de propriétaires du quasi-monopole syndical. Le communiqué assimile la déclaration de Thériault à une tentative de « dicter » aux travailleurs « à quel syndicat ils devraient appartenir ». Elle n’a rien dit de tel.

Le syndicat pousse plus loin: « nous demandons au premier ministre Jean Charest de remettre sa ministre à l’ordre immédiatement« . J’ose  espérer que le premier ministre, dont les accointances avec la FTQ sont bien connues, aura au contraire le courage de répéter publiquement mot pour mot ce qu’a dit sa ministre. Chiche, M. Charest.

Pour leur part, plutôt que de s’offusquer comme une vierge offensée, les dirigeantsde la FTQ-Construction aurait pu relever le gant et affirmer que, justement, le vote du printemps leur permettra de démontrer qu’ils sont les dignes représentants d’une majorité encore plus forte de travailleurs.

Enfin, peut-être pensent-ils au contraire que leur opération gros bras de l’automne a refroidi les ardeurs de certains de leurs adhérents et que, moins on leur rappelle qu’ils ont le choix, moins ils seront nombreux à s’en prévaloir.