Construction: la soif d’ignorance de Jean Charest!

La grande nouvelle est la suivante: le Premier ministre du Québec n’a pas lu le rapport Duchesneau sur l’ampleur de la collusion dans la construction au Québec. Il trouve ça normal. Il nous avise même de bien comprendre « pour la suite » des choses que :   »ces rapports-là ne sont pas écrits pour aller au bureau du Premier ministre ».

24hUn cordon sanitaire est donc installé autour de lui. Il ne faut pas qu’il en sache trop. Certes,on ne veut pas que les résultats des enquêtes policières lui soient transmises. On ne veut surtout pas qu’il parle aux juges.  Mais on sent qu’il nous avise qu’il compte se tenir le plus loin possible du dossier, pour ne pas avoir à répondre des initiatives et des actions du gouvernement.

C’est un peu comme si Barack Obama jurait qu’il ne voulait rien savoir de la chasse à Oussama Ben Laden, qu’il n’était pas dans la pièce de contrôle au moment de l’assaut, qu’il n’en connaissait même pas la date — juste où ça n’aurait pas marché.

C’est un peu, pour revenir chez nous, comme Robert Bourassa, après avoir approuvé un nouvel accord constitutionnel en 1992, jurant qu’il n’avait pas lu les analyses de son équipe constitutionnelle lui expliquant que l’accord était globalement nuisible au Québec.

Mais le rapport Duchesneau, commandé par un membre du conseil des ministres, offre une description générale du contexte de la corruption et de la collusion, le plus grand problème intérieur du Québec aujourd’hui. Qu’il ne soit pas immédiatement remis au Premier ministre pour qu’il en devienne un des premiers lecteurs, que Jean Charest n’en réclame pas une copie dès qu’il soit rédigé pour être, comme il le devrait, le Québécois le mieux informé car le premier responsable, c’est simplement consternant, pour ne pas dire louche.

Car ces informations, cette toile de fond, devraient lui permettre, avec ses collègues ministres, d’ajuster la politique gouvernementale pour affronter un tel défi.

Ce que Charest aurait du faire

S’il avait voulu démontrer son réel intérêt pour cette question cruciale, c’est Jean Charest qui aurait appelé les journalistes pour leur remettre copie du rapport, flanqué de Duchesneau qui aurait répondu à toutes les questions.

C’est lui qui aurait du affirmer que ce travail, qu’il a fait commander, lui permettra de revoir le dispositif gouvernemental de lutte contre la corruption et de juger s’il en fait assez.

Au passage, c’est lui qui aurait du se montrer plus qu’irrité du départ ce printemps de plusieurs des enquêteurs, victimes de tracasseries administratives.

Voilà le comportement attendu d’un Premier ministre qui mène la charge contre ce cancer.

Ce contenu a été publié dans Corruption/Intégrité, Parti libéral du Québec par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !