Je réponds à cette question dans une section de mon discours de campagne, dont la vidéo vient d’être mise en ligne:
Le texte de l’intervention:
Aujourd’hui je vais vous parler d’engagement. Et ça ne peut pas mieux tomber parce que Louise Beaudoin – mon amie Louise – est un modèle d’engagement. Énergique, audacieuse, efficace, elle aurait pu faire de grandes carrières dans nombre de domaines.
Mais elle a choisi de s’engager, au début de sa vie adulte, pour une cause qui est, certes, collective, mais qui ne peut avancer sans l’addition de centaines de milliers d’individus : la cause du Québec.
Pour des générations de Québécois et de militants, à Rosemont comme ailleurs, celle que les médias français aiment appeler la pasionaria du Québec, incarne, par sa personnalité même, par l’intensité de son regard et de son propos, par sa force de caractère, l’image même de l’engagement politique.
A la culture, aux affaires internationales et sur la question centrale de la souveraineté, Louise a été une arme de persuasion massive. Je me souviens d’un dossier délicat où le premier ministre tentait de convaincre le gouvernement français de nous donner gain de cause. Pour y arriver, il a suffi qu’on menace d’envoyer Louise en mission à Paris. Ça, c’est une réputation.
Louise, au nom de tous les Québécois et de tous ceux qui sont ici, merci, merci mille fois.
En invitant aujourd’hui ses électeurs de Rosemont à donner sa chance au jeune journaliste qu’elle a connu il y a 30 ans, Louise nous lance tous un défi. Saurons-nous être à la hauteur de l’exemple qu’elle nous donne? À la hauteur de l’exemple d’engagement, pour le bien commun.
Et c’est, à mon avis, la question centrale de cette élection et une des raisons qui explique ma présence avec vous ce matin.
L’élection du 4 septembre sera un référendum. Un référendum sur le cynisme. Car s’il fallait que Jean Charest soit réélu, le Québec s’enfoncerait davantage dans le cynisme pour quatre longues années.
Le choix même du 4 septembre comme date de l’élection est le comble du cynisme. M. Charest a choisi cette date pour deux raisons.
D’abord parce qu’il espère qu’en pleine rentrée, le moins de gens possible vont aller voter. Moins il y aura de gens qui s’engagent dans le processus démocratique, plus Jean Charest aura de chance de triompher, lui et son cynisme.
En particulier, il espère que le moins de jeunes possibles iront voter, lui qui a même refusé la proposition du
Directeur Général des élections d’installer des bureaux de scrutin dans les maisons d’enseignement.
La deuxième raison du choix du 4 septembre est pire encore. M. Charest veut empêcher à tout prix les Québécois d’entendre des vérités, sur la corruption et sur son parti, qui seront dites à la commission Charbonneau sur la corruption.
Bref, après 9 ans de cynisme et de manipulations, Jean Charest espère réussir son plus grand exploit en carrière, décourager les Québécois d’aller voter et s’assurer qu’ils aient le moins d’information possible sur les scandales à venir.
Alors j’ai eu à me poser, ces dernières semaines, une question difficile. Et je voudrais que tous les électeurs québécois se la posent aussi. S’il fallait qu’on décide de ne pas s’engager dans le combat politique, chacun à son niveau, du candidat, au bénévole, à l’électeur — s’il fallait qu’on passe notre tour et qu’on se désintéresse de cette élection, comment nous sentirons nous, le 4 septembre prochain, si le parti du cynisme est réélu ?
Comment nous sentirions nous, à écouter un autre discours de victoire de jean Charest ? et comment nous sentirions nous, quelques semaines plus tard, lorsque les témoins viendront démonter devant la Commission Charbonneau les dessous du financement libéral et de la distribution de contrats, de places de garderies, de subventions ?
Ça nous ferait trop mal. Ça ferait trop mal au Québec. Je ne veux pas vivre ça. Le Québec ne mérite pas ça, il mérite beaucoup mieux.
Que s’est-il passé, depuis deux ans au Québec ? Quelque chose qu’on croyait assoupi s’est réveillé. Il y a deux ans, on disait : tout est pourri, il n’y a rien à faire.
Cette année on dit, tout est pourri, il faut faire quelque chose.
Il faut s’engager. Et je me suis dit que si je peux contribuer à la première grande tâche collective qui est devant nous – se débarrasser de Jean Charest – je dois répondre présent. Et j’appelle les Québécois à une mobilisation générale, pas, cette fois-ci, dans la rue ou avec des casseroles, mais avec le crayon et le bulletin de vote, dans l’action politique.
Je les appelle à désobéir à Jean Charest en faisant de cette élection celle du réveil du Québec et celle de la fin du cynisme.
Ça signifie prendre sa carte de membre, comme je l’ai fait hier, devenir bénévole, convaincre ses voisins et ses parents, contribuer de mille façon à la défaite du cynisme et à la victoire de l’engagement le quatre septembre.
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Pourquoi le faire avec le Parti québécois plutôt qu’avec la CAQ ou avec Québec Solidaire? D’abord au nom de l’efficacité. Le Parti québécois est la plus grande force politique au Québec et le plus grand véhicule de changement social et national. Il l’a prouvé dans le passé et il démontre, avec Pauline Marois, une remarquable capacité de renouvellement.
Vous le savez peut-être, je suis social-démocrate et je me réclame de la « gauche efficace » — j’y ai consacré un livre. Mais je crois aussi à la nécessité des coalitions.
Et le Parti québécois est, historiquement et aujourd’hui encore malgré tous les remous et rebondissements, le parti qui réussit le mieux à mettre ensemble, autour de la question nationale, des personnalités de gauche, des centristes et des figures plus conservatrices.
Le Parti québécois est celui de l’équité salariale et des garderies à peu de frais et de la protection du consommateur. Et c’est le seul parti qui a, en 50 ans, équilibré les finances publiques, fait faire au Québec un virage majeur dans l’économie du savoir, attiré l’investissement étranger – et l’investissement étranger payant pour le Québec.
Nous avons aussi dans cette salle le seul ministre des Finances à avoir réduit la dette du Québec : Pauline Marois.
Je salue tous ceux qui choisissent de s’engager dans d’autres partis, bien sûr. Québec solidaire reflète une volonté de transformation politique et l’exprime dans une perspective de gauche d’opposition qui ne peut prendre le pouvoir et en certains cas, — pas tous — peut même diviser le vote et favoriser des victoires libérales. La CAQ a une approche de comptables qui semblent penser que « les vraies affaires » se limitent à ce qu’on peut chiffrer ou administrer.
Le Parti québécois, lui, offre cet avantage de refléter en son sein le débat collectif québécois, de pouvoir écouter et entendre les propositions des uns et des autres.
Les électeurs tentés par la CAQ retrouveront dans le programme du PQ la ferme volonté d’alléger les structures de l’État et d’augmenter la qualité des services, mais dans le respect des artisans du secteur public. Des électeurs tentés par Québec solidaire trouveront au PQ une ferme volonté de justice sociale et économique, d’appui au logement et à l’économie sociale.
Et l’abolition immédiate de la taxe santé qui juge que 400$ par famille, c’est la même chose que l’on vive à Sagard ou dans le Vieux Rosemont. Nous on sait que ce n’est pas la même chose. Et on va faire en sorte qu’on paie un peu plus à Sagard pour les frais de santé du vieux Rosemont.
Les grands thèmes de cette campagne : s’enrichir, s’affirmer, s’entraider reflète parfaitement, à mon avis, la capacité de rassemblement du Parti québécois.
Et lorsqu’on parle de redonner au Québec sa colonne vertébrale en matière de langue et d’identité, de laïcité et de citoyenneté, on n’est ni de gauche, ni de droite.
Lorsqu’on veut que le développement des mines et des ressources naturelles enrichissent tous les Québécois, pas seulement les investisseurs et les amis du régime, on n’est ni de droite ni de gauche. Lorsqu’on veut mettre un terme à la collusion, à la corruption et au copinage, on se retrouve tous.
Et on se retrouve plus encore lorsqu’on veut que le Québec se donne, enfin, un pays.
Pour franchir cette étape il faudra, bien sûr, la plus large coalition que le Québec ait connue. Plus vaste encore que celle de 1995. Et cet esprit de rassemblement doit commencer ici, maintenant, dans la campagne de 2012, autour du Parti de René Lévesque, du parti de la souveraineté, du Parti québécois.
J’aurai réussi, je pense, à marcher dans les traces de Louise Beaudoin si j’arrive à convaincre un certain nombre de Québécois de s’engager contre le cynisme, de se rassembler dans ce grand parti, puis de se rassemble plus encore pour faire du Québec un grand pays.
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Un mot, encore, avant de vous présenter quelqu’un que j’admire beaucoup.
Un mot pour dire aux militants de Rosemont et aux membres de l’exécutif du parti québécois en particulier combien je suis conscient de la confiance que vous avez manifesté en sollicitant ma candidature, puis en patientant pendant plusieurs mois avant que ma décision soit prise.
Du fond du cœur, je vous remercie et je tenterai d’être à la hauteur de cette confiance.
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Et maintenant, le moment que vous attendiez tous. L’arrivée de la Dame de Béton.
Je l’ai vue tout à l’heure et laissez-moi vous dire qu’elle est en pleine forme.
Je l’ai connue lorsqu’elle était ministre des gouvernements Parizeau et Bouchard et il ne faisait aucun doute qu’elle allait un jour faire une excellente Première ministre.
Mais il était légitime de se poser une question, quelle se posait sans doute elle-même. Gouverner le Québec, c’est déjà tout un programme. Mais avoir, en plus, la carrure, le cran, la couenne, pour porter le Québec jusqu’à la souveraineté, c’est un programme double.
Comment savoir, à l’avance, si un chef du PQ détient les qualités requises. Le Parti québécois, ce grand innovateur politique, a trouvé la réponse. Faire subir au chef un parcours initiatique qui teste sa solidité mentale et physique.
J’ai eu le privilège de parler avec Pauline à plusieurs moments de cette épreuve, et moi qui ai quand même côtoyé quotidiennement Jacques Parizeau et Lucien Bouchard, bien j’ai été époustouflé par la ténacité et la résilience de Pauline Marois.
On ne reconnaît les véritables leaders que dans l’adversité. Ces derniers mois, on a reconnu en elle le leader qu’il nous faut, le leader dont le Québec a besoin, l’antidote au cynisme, Mme Pauline Marois !