Débat: Harper a-t-il brûlé ses ponts avec le Québec?

pontEst-ce une tradition conservatrice ? Trouver dans l’électorat une ligne de fracture, l’élargir pour en tirer profit puis, en faire trop et perdre son avantage.

On l’avait vu en 2008. Voulant tabler sur l’éternel débat sur la pertinence du Bloc, ils en ont fait trop, affirmant que les Québécois gaspillaient leur vote et leur argent. Les Québécois l’ont mal pris.

Pensant s’appuyer sur un populisme anti-élitiste, ils ont aussi coupé les budgets des artistes, et Harper a raillé « les artistes en smoking » dans les galas, ce qui lui a donné un ton mesquin qui a souverainement déplu.

Cette année, au Québec, les stratèges conservateurs ont voulu profiter de la tension permanente entre Montréal et les régions pour « Diabo-Montréaliser » le Bloc et attirer vers eux le vote anti-Plateau.

Puis, au débat ce mercredi soir, Harper en a trop fait.

Répondant à une question directe sur l’opportunité — qui crève les yeux — de construire un nouveau Pont Champlain, Harper a accusé ceux qui veulent construire un nouveau pont de « prendre l’argent des régions » pour un projet montréalais.

Faire d’une question de sécurité publique un argument politique partisan et vouloir créer une fausse opposition entre Montréal et les régions à ce sujet est simplement en dessous de la fonction de premier ministre du Canada.

Harper pense donc que les 60 millions de véhicules qui ont transité l’an dernier par ce Pont vétuste et dangereux — le plus achalandé au Canada — sont tous conduits par les seuls Montréalais. Ou les seuls habitants de la grande régions montréalaise, qui cumule à elle seule la moitié de la population du Québec ?

Peut-on imaginer un instant une déclaration pareille, concernant un important pont de Toronto, de Vancouver ou au sujet du super-pont de l’Ile-du-Prince-Édouard  ?

Plus qu’une bourde, c’est une faute politique. J’espère qu’elle hantera Stephen Harper, au Québec, jusqu’au jour du vote.

Car contre une déclaration aussi stupide, le mot d’ordre doit être: tout le monde sur le pont.