Delhi: le sommet des ministres-blogueurs

Avec le ministre blogueur indien

Avec le ministre blogueur indien

C’était pour ainsi dire la rencontre des ministres-blogueurs. Shashi Tharoor est une des étoiles montantes de la vie politique indienne, naguère candidat au poste de Secrétaire Général des Nations-Unies. Aujourd’hui ministre d’État au Développement des Ressources humaines, il est le ministre-blogueur et gazouilleur.

Cela lui a valu quelques tuiles, pour avoir critiqué des politiques de ses collègues en ligne. Il en a vécu une période de purgatoire et est de retour aux affaires, avec ses 1,6 millions d’abonnés en Inde.

Nous discutons donc des joies et périls du blogue ministériel, dans une conversation qui se déroule entièrement en français, Tharoor ayant passé quelques années à Montréal pendant les années 1970, où il a charmé une (première) épouse montréalaise. D’ailleurs, les membres féminins de la délégation québécoise sont sous le charme.

Lui aussi, lorsqu’on lui présente la liste des 30 ententes universitaires conjointes entre les institutions québécoises et indiennes. Il trouve cela considérable, tout comme les 250 000 $ de bourses d’excellences que nous offrons à des étudiants indiens d’études supérieures pour venir étudier au Québec. Il traduit en anglais pour ses conseillers et propose qu’on travaille sur des avenues de co-diplomation pour la suite.

Mais que voilà ? Une grave omission sur la liste ? Aucune université de l’État du Kerala, où se trouve sa circonscription. C’est un État du Sud qui présente de magnifiques plages. Il ne me semble pas impossible d’y attirer quelques étudiants québécois…

C’est peut-être un hasard, mais le nombre de responsables rencontrés qui ont déjà mis le pied au Québec est étonnant. C’est le cas du professeur indien qui chapeaute le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat, de l’ONU, et qui dirige l’université TERI à Delhi et la grande conférence annuelle sur le climat. Rajendra Kumar Pachauri a non seulement séjourné au Québec, mais il m’informe que ce fut son premier déplacement à l’étranger, pendant 4 mois… à l’exp 67 ! « On n’a jamais fait mieux depuis » sourit-il.

Les surprises s’enchaînent. Ma tâche au bureau du ministre des Affaires indiennes d’Outre mer, chargé des accords internationaux, est de le convaincre d’accélérer la cadence pour la signature de l’entente Inde-Québec sur la sécurité sociale, qui permettra aux québécois travaillant temporairement en Inde et aux Indiens travaillant de même au Québec d’avoir accès aux services médicaux et sociaux d’État.

Il aborde lui-même la question, me promet de régler le tout en quelques semaines puis, après quelques minutes, m’annonce que les médias nous attendent et que « c’est normal ».

Je m’attends à quelques reporters égarés. On se retrouve au contraire devant une quinzaine de caméras, autant de micros. Une entente à signer avec le Québec semblait être la grosse nouvelle de sa journée.

En en cherchant la trace dans les journaux du lendemain, nous sommes plutôt tombé, en haut de la page deux du grand quotidien Hindu Times (1,5 millions de lecteurs) leur compte-rendu des présentations de la veille au sommet sur le développement durable. Le journaliste a d’abord retenu les interventions… de deux québécois, Lisée et Charest !

Leaders deliberate on saving the earth
Talk about good governance, ensuring energy, water and food security

Ce contenu a été publié dans Inde, Le Journal du ministre, Québec international par Jean-François Lisée. Mettez-le en favori avec son permalien.

À propos de Jean-François Lisée

Il avait 14 ans, dans sa ville natale de Thetford Mines, quand Jean-François Lisée est devenu membre du Parti québécois, puis qu’il est devenu – écoutez-bien – adjoint à l’attaché de presse de l’exécutif du PQ du comté de Frontenac ! Son père était entrepreneur et il possédait une voiture Buick. Le détail est important car cela lui a valu de conduire les conférenciers fédéralistes à Thetford et dans la région lors du référendum de 1980. S’il mettait la radio locale dans la voiture, ses passagers pouvaient entendre la mère de Jean-François faire des publicités pour « les femmes de Thetford Mines pour le Oui » ! Il y avait une bonne ambiance dans la famille. Thetford mines est aussi un haut lieu du syndicalisme et, à cause de l’amiante, des luttes pour la santé des travailleurs. Ce que Jean-François a pu constater lorsque, un été, sa tâche était de balayer de la poussière d’amiante dans l’usine. La passion de Jean-François pour l’indépendance du Québec et pour la justice sociale ont pris racine là, dans son adolescence thetfordoise. Elle s’est déployée ensuite dans son travail de journalisme, puis de conseiller de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, de ministre de la métropole et dans ses écrits pour une gauche efficace et contre une droite qu’il veut mettre KO. Élu député de Rosemont en 2012, il s'est battu pour les dossiers de l’Est de Montréal en transport, en santé, en habitation. Dans son rôle de critique de l’opposition, il a donné une voix aux Québécois les plus vulnérables, aux handicapés, aux itinérants, il a défendu les fugueuses, les familles d’accueil, tout le réseau communautaire. Il fut chef du Parti Québécois de l'automne 2016 à l'automne 2018. Il est à nouveau citoyen engagé, favorable à l'indépendance, à l'écologie, au français, à l'égalité des chances et à la bonne humeur !

4 avis sur « Delhi: le sommet des ministres-blogueurs »

  1. Hollande en Inde, la suite. Vu à la télé, La France a eu droit à une leçon d’anglais avec un discours du Président. Mon cher Ministre, vous n’avez pas une longueur d’avance sur lui mais des kilomètres. Revenons à nos petites ventes et votre travail de VRP, excusez moi, « Voyageur, Représentant, Placier » pour les français et commis voyageur pour les francophones d’Amérique. Il y a trois « Candu » en construction en Inde et 13 en service. 1 Milliard 300 millions d’indiens à éclairer. Le Canada en a 20 dont celui de Gentilly. Ce n’est pas le moment de les classer « obsolètes » mais plutôt de convaincre les indiens que depuis les années 60, on sait faire et que le premier mis en service il y a plus de 50 ans tourne toujours et les prochains auront suivi une évolution semblable à celle des voitures, sures, économiques, écologiques, payables en plusieurs mensualités… le Québec commence à frétiller à l’international grâce à vos compétences. Un vrai « brise glace » plus qu’un diplomate de cocktail. Bravo et Bonzai ! Si vous allez au Japon vendre les « Candu ». J’image la tête d’Harper dès qu’un de vos « deals » sera conclu. Vous pourrez lui dire « payback » Steven !

  2. Chacun son tour,
    Hollande vous a suivi à la trace pour vendre ses « rafales » et les centrales nucléaires françaises devenues obsolètes et qui seront bientôt fermées. Vous allez faire mieux que lui mais qu’avez-vous à vendre ? Les avions de chez Bombardier, nos centrales nucléaires que les indiens ont déjà acheté, les « candu ». Un petit rappel de nos compétences était nécessaire et vous l’avez fait. Il ne faut pas lâcher !

  3. èBonjour,
    Une belle façon de vivre la politique, en apprenant ce qui se fait lors des Sommets des ministres, dans différents pays.
    Je trouve cela personnellement enrichissant, c’est un peu comme si j’assistais a un cours d’histoire.
    C’est la preuve que les ministres s’investissent pour la population qu’ils représentent, ce n’est pas un cirque la politique, au contraire…
    Bonne journée!

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